Le Pacifique sud se dépeuple

Aux Samoa Américaines, la population a perdu 6000 personnes en l'espace de 10 ans. (Photo: DR)
Aux Samoa Américaines, la population a perdu 6000 personnes en l'espace de 10 ans. (Photo: DR)
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Dans un article publié début décembre, le journal The Australia Today, s’est arrêté sur la population océanienne. Une population en forte décroissance dans de nombreux territoires du Pacifique sud.

“Au cours des six derniers mois seulement, les populations ont diminué dans deux territoires américains, les Samoa américaines et les Îles Marshall, ainsi que la collectivité française de Nouvelle-Calédonie”, observe ainsi John Connell, professeur de géographie humaine à l’université de Sydney dans cet article.

Ce constat était déjà fait par un autre géographe en 1989, Gerard Ward. Un dépeuplement, surtout pour les îles anglophones, lié à une fuite de la jeunesse des îles vers l’Australie ou la Nouvelle-Zélande. “Dans peut-être 100 ans, presque tous les descendants des insulaires polynésiens ou micronésiens d’aujourd’hui vivront à Auckland, Sydney, San Francisco et Salt Lake City”, écrivait alors Gerard Ward dans une analyse à, l’époque très controversée au sujet d’une population pour qui il est désormais difficile de vivre sur “de minuscules îles du Pacifique… situées dans un océan vide.”

Cette prédiction commence hélas à prendre forme. Les populations diminuent dans bon nombre des plus petits États. Sur la petite île de Pitcairn, avec une population de moins de 50 habitants, cela fait bien plus de dix ans que le dernier enfant est né.

Dans l’analyse éditée par John Connell, le dépeuplement de certains états serait lié pour partie aux effets du réchauffement climatique. La population des Samoa américaines est passée d’environ 56 000 en 2010 à moins de 50 000 en 2020, selon les données du recensement américain. Cela est dû en partie au fait que les jeunes déménagent sur le continent américain et y ont des enfants. “Seulement 6% de la population du territoire est née aux États-Unis, ce qui indique que très peu de personnes reviennent une fois qu’elles ont déménagé”, constate le journal australien.

La population diminue encore plus rapidement dans les îles Marshall au nord, en baisse de 20% entre 2011 et 2021. Ses habitants partent principalement vers les États-Unis, où les habitants des îles Marshall sont dispersés d’Hawaï à l’Arkansas.
“Le recensement de 2021 des Îles Marshall a révélé que près de la moitié de toutes les familles des îles s’inquiétaient de ne pas avoir assez à manger. Les insulaires se déplacent pour échapper à la pauvreté”, poursuit le professeur de géographie.
Le constat est similaire en Nouvelle-Calédonie qui est désormais tombée en dessous de 270 000 habitants où les gens qui migrent ont tendance à s’installer en France.

Une situation globale ?

Selon l’étude de ce professeur de géographie, ces baisses à plus long terme seront visibles dans les États fédérés voisins de Micronésie et aux Palaos. Selon son analyse, la Polynésie française, où la population plafonne, pourrait être à son tour touchée, alors que Wallis et Futuna est déjà en déclin constant.

Plus de 90 % de tous les résidents de Niue vivent désormais en Nouvelle-Zélande, où ils détiennent la citoyenneté, ne laissant qu’environ 1 600 habitants sur les îles en 2017. Idem pour Tokelau où 7 000 habitants sont désormais installés en Nouvelle-Zélande, ne laissant que 1 500 personnes sur l’île. Les îles Cook enregistrent pour leur part 60 000 personnes en Nouvelle-Zélande et moins de 15 000 personnes sur les îles.

Enfin, Fidji, les Tonga et les Samoa ont aussi considérablement ralenti leur croissance démographique.
Trois exceptions cependant à la règle avec le Vanuatu, les Îles Salomon et la Papouasie-Nouvelle-Guinée qui résistent à cette tendance.