Nucléaire – “Dénégations et mauvaise foi” de l’Etat dans le dernier livre du CEA selon les auteurs du livre Toxique

"A notre travail, le livre du CEA n’apporte aucune réponse scientifique", explique les auteurs de Toxique. (Photo : DR)
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Il n’aura pas fallu longtemps pour que les auteurs du livre Toxique réagissent à la publication de l’ouvrage du CEA « Les essais nucléaires en Polynésie française : pourquoi, comment et avec quelles conséquences ? », présenté il y a deux semaines au haut-commissariat.

Dans une publication du site d’information Disclose, les auteurs de Toxique, Sébastien Philippe et Tomas Statius, répondent aux deux pages de la publication qui leurs sont dédiées et qui démontent leur enquête.

“Sous la plume des experts officiels, le lecteur découvre une histoire édulcorée, aux antipodes du récit produit par celles et ceux qui ont vécu les essais nucléaires français dans le Pacifique”, commentent-ils. “Le CEA présente ainsi la contamination des populations civiles et des vétérans aux poussières radioactives comme « limitée ». Il n’est fait aucune mention des clusters de cancer ni des graves négligences concernant la protection des habitants qui, à l’époque des premiers tirs, n’avaient pas où s’abriter pour se protéger des retombées. Aucun élément nouveau, non plus, concernant la réalité des chiffres de la contamination, alors même qu’ils étaient au cœur de nos révélations dans l’enquête « Toxique », publiée en mars 2021, en partenariat avec Interprt et le laboratoire Science and Global Security de l’université américaine de Princeton“, constatent-ils.

Revenant sur leur travail d’enquête forte de “l’examen détaillé de données issues de 233 documents militaires déclassifiés”, les auteurs poursuivent : “A notre travail, le livre du CEA n’apporte aucune réponse scientifique. Ses auteurs mélangent dénégations et mauvaise foi, faisant dire à notre enquête ce qu’elle n’a jamais dit, avant, plus grave, de tronquer certains de nos calculs.

Ils concluent : “Le 29 novembre, lors de la présentation de l’ouvrage, le directeur de la direction des applications militaires du CEA, Vincenzo Salvetti, est allé jusqu’à mentir pour tenter de discréditer les conclusions de Toxique. Selon lui, nous n’aurions pas utilisé les « mesures qui ont été réalisées » à l’époque par l’armée et le CEA pour établir nos estimations sur la contamination des populations civiles. Cela serait même « la différence fondamentale » entre l’enquête de Disclose et le livre commandé par l’Etat. Or, ces données sont précisément le cœur de notre enquête.

Les réponses aux réponses des réponses entre l’Etat et les auteurs de l’enquête n’ont pas fini de se poursuivre.