Gaston Flosse empêché par une peine d’inéligibilité, c’est Bruno Sandras qui conduira la liste du Amuitahiraa o te nunaa maohi aux prochaines territoriales. Première tête de liste à évoquer pour La Dépêche son programme pour l’élection, il promet 10 mesures fortes parmi lesquelles la suppression de la TVA sociale.
• Vous allez conduire la liste du Amuitahiraa o te nuna’a maohi aux territoriales, vous êtes donc devenu pleinement “orange” ?
“En 2018, j’ai signé un contrat d’association de ma formation, le Ia Hau Noa, avec le Tahoera’a Huiraatira et le Here Ai’a. Les trois partis étaient représentés sur le bulletin de vote aux dernières territoriales. Mais j’ai dissous mon parti politique et je suis devenu 100% Tahoera’a, puis Amuitahira’a. Le parti a évolué dans sa ligne politique et a renouvelé ses organes décisionnels.
De l’autonomie, qui était l’ADN originel du Tahoera’a, nous sommes passés à une volonté d’avancer vers un statut d’Etat souverain associé à la France. Mais ça n’est pas le sujet des territoriales.
Il s’agit surtout d’élire 57 représentants et une majorité dont se dégagera un gouvernement qui va diriger notre vie quotidienne pendant 5 ans. C’est l’une des élections les plus importantes.”
• Ce changement d’appellation du Tahoera’a est-il lié à la rupture progressive entre Gaston Flosse et la présidente du groupe orange à l’assemblée, Teura Iriti, qui a depuis rejoint le Tapura ?
“Non, tout est venu des municipales en juin 2020. Beaucoup de leaders qui s’étaient présentés dans certaines communes se sont rapprochés du Tahoera’a. Notamment à Papeete où Gaston Flosse avait présenté sa liste. Mais il n’a pas réussi à se faire inscrire, puis toute la liste a été invalidée.
C’est ainsi qu’à commencé à naître une espèce d’union, au-delà des municipales. Mais beaucoup disaient : c’est le parti que l’on a combattu pendant des années… Gaston Flosse a accepté, en interne, de changer le nom, après de très nombreuses discussions. Mais il a tenu à garder la couleur !
Il y avait encore Teura Iriti et elle était d’accord lors des réunions des conseils politiques. C’est après les municipales que la situation a évolué, et que certains élus à l’assemblée ont prétexté ce changement de ligne politique pour partir.”
• La disparition du groupe Tahoera’a à Tarahoi reste un fait politique majeur…
“C’est du jamais vu. C’est de la faute non du Tahoera’a, mais de personnes élues grâce au Tahoera’a. En 2018, pas moins de 38 000 électeurs ont voté pour cette liste, ce qui lui a procuré 11 élus à l’assemblée. Et ces voix ne sont plus représentées aujourd’hui par qui que ce soit à Tarahoi… Nous en avons tiré beaucoup de leçons.
Sur notre liste, il y aura beaucoup de nouveaux en politique. Pas forcément des jeunes, mais des gens engagés dans la société civile qui voient dans le Amuitahira’a une famille dans laquelle s’investir. Nombre d’ex-élus Tahoeraa sont actuellement dans des calculs arithmétiques compliqués alors que s’ils étaient restés, ils auraient eu la garantie d’être tête de liste dans leurs sections respectives. Pour moi ça reste assez incompréhensible, mais cette page est tournée.”
• Comment la campagne a-t-elle commencé pour le Amuitahira’a ? Quelle est votre marge de manœuvre personnelle vis-à-vis du Vieux Lion ?
“Avec Gaston Flosse, nous allons tous les soirs rencontrer la population dans les quartiers, sans faire beaucoup de publicité. Notre liste est presque bouclée, nous n’aurons pas besoin de faire un appel sur internet…
J’ai aussi été leader d’un parti politique et maire d’une commune pendant 14 ans. C’est normal, pour un leader, de vouloir contrôler. Par exemple, Oscar Temaru n’est plus à l’assemblée mais il dirige le Tavini. A titre personnel, cela ne me pose aucun problème.
Je n’ai pas d’états d’âme vis-vis de Gaston Flosse qui est un homme politique hors du commun. Je le vois tous les soirs, il a toujours une énergie incroyable. Il dégage une aura et il ne faut pas se tromper : les voix du Amuitahira’a seront en grande partie des voix pour Gaston Flosse. Je suis heureux de la relation de confiance que j’ai noué avec lui depuis les territoriales. Nous avons un joueur qui n’est pas sur la feuille de match mais qui va être le douzième homme !”
• En cas de victoire aux élections, auriez-vous toute votre liberté d’action ?
“D’abord, quand on se présente à des élections, c’est pour gagner. Si le Amuitahira’a remporte les élections, Gaston Flosse sera à mes côtés pour diriger le Pays. Nous savons même déjà quelles décisions nous prendrons lors du premier conseil des ministres. Parmi elles : la suppression immédiate de la TVA sociale.
Je suis reconnaissant à Gaston Flosse pour beaucoup de choses, notamment ce qu’il a fait pour ce pays. Que l’on apprécie le personnage ou pas, chacun peut constater ses réalisations : Air Tahiti Nui, l’hôpital de Taaone, les logements sociaux, etc.”
• Lors des élections législatives, les électeurs ont donné la victoire aux trois candidats du Tavini. Estimez-vous que cet échec du Tapura est de bon augure pour le Amuitahira’a aux territoriales ?
“Il y a du flottement au Tapura, mais le parti rouge compte de nombreux maires dans ses rangs, et surtout il est au pouvoir. Ceci dit, être au pouvoir et perdre les trois députés, c’est du jamais vu ! Les législatives ont clairement été un vote-sanction. Le Tapura a-t-il entendu le message ? A priori non, puisqu’il n’a rien changé.
De notre côté, notre programme est terminé. Gaston Flosse m’a demandé d’animer une mission de réflexion en interne, à laquelle il n’a pas participé une seule fois. Je lui ai expliqué que sa présence intimide parfois certains participants. Pendant dix semaines, nous avons choisi dix thématiques : éducation, santé, économie, environnement, pouvoir d’achat, etc. Il y aura dix propositions fortes et originales du Amuitahira’a. Nous sommes prêts.”
• Le Amuitahira’a est-il prêt à s’allier avec une autre formation ?
“Nous avons décidé de ne pas nouer d’alliance. Il n’y a eu aucun contact, aucune rencontre avec qui que ce soit. Je pense que chacun va vouloir partir seul au premier tour pour compter ses voix. Ensuite, en fonction des résultats, il y aura probablement des négociations. Je garantis que le Amuitahira’a sera au second tour, car nous ferons au moins 12,5 % des inscrits.”
Propos recueillis par Damien Grivois