Mahina. Recherche de solutions contre l’habitat indigne

Le ministre du Logement, Jean-Christophe Bouissou, s'est rendu ce vendredi matin à Mahina pour y rencontrer des familles qui vivent dans des logements indignes.
Le ministre du Logement, Jean-Christophe Bouissou, s'est rendu ce vendredi matin à Mahina pour y rencontrer des familles qui vivent dans des logements indignes. (Photo : Damien Grivois)
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Son “coup de gueule” n’était pas passé inaperçu. Michel, un habitant de Mahina, vit depuis cinq ans avec plusieurs membres de sa famille sous une simple bâche bleue, à côté de l’ancien logement qu’il occupait, et qu’il a dû quitter suite à des différents familiaux.

Lorsqu’il apprend, voici quelques semaines, qu’il n’est finalement pas bénéficiaire d’un logement social dans le lotissement Amoe, il s’indigne publiquement sur les réseaux sociaux. Comment, lui et ses proches qui vivent dans des conditions indignes, peuvent-ils ainsi ne pas avoir été retenus ?

Quelques mois plus tôt, une autre polémique, toujours sur internet, avait déjà interpellé les pouvoirs publics sur le sort de l’une des familles de la zone Hitimahana.

Afin de montrer que le sort de ces personnes en détresse est une préoccupation pour les autorités, le ministre du Logement, Jean-Christophe Bouissou, les rencontrent ce vendredi 30 décembre au matin.

Il est accompagné du tavana de Mahina, Damas Teuira, de la directrice de l’Agence immobilière sociale de la Polynésie française (AISPF) Vaiatu Frogier, et de nombreux agents de l’Office polynésien de l’habitat (OPH) et des services sociaux.

“Avec les propositions de ce matin, nous ne pouvons être que satisfaits. Car il faut vraiment que l’on parte d’ici…” se félicite Michel après la visite des autorités. “D’abord pour des raisons médicales car ma femme a eu un accident vasculaire cérébral. Jamais je n’avais pensé demander un logement à l’extérieur, mais le maire m’a proposé de constituer un dossier”.

Michel estime que certains, parmi les attributaires des logements sociaux à Amoe, n’auraient simplement pas du être sélectionnés. “Je ne dis pas qu’ils ne méritent pas, mais notre situation est beaucoup plus précaire…”

Vaiatu Frogier, directrice de l’AISPF Rahu Ora, explique que son objectif est de mobiliser dans le parc privé locatif des logements à destination de familles à accompagner pour une durée maximum de deux ans. Elle propose aux habitants de Mahina concernés de monter un dossier auprès de ses services.

“Ce dispositif a vocation à servir de tremplin aux familles. Nous savons qu’il n’est pas aisé d’accéder au parc locatif, ou même de bénéficier d’un logement social” souligne Vaiatu Frogier. “De gros efforts sont réalisés par l’Office polynésien de l’habitat pour fournir des logements, mais cela reste insuffisant. L’AISPF est aussi là pour combler un peu cette période d’attente d’un Fare OPH.”

Le Pays alloue chaque année à cette association une subvention de 300 millions de francs, ce qui lui a permis de mobiliser plus de 300 locations en 2022, dont 250 à destination de familles avec enfants et 75 pour les étudiants.

Vaiatu Frogier, directrice de l’agence immobilière sociale

« Les services sociaux connaissent les situations particulières »

« Le point de départ d’un dossier AISPF, c’est le passage par les services sociaux. Ce sont des acteurs de terrain qui connaissent les situations particulières de chaque famille. Nous vérifions ensuite si tous les critères sont remplis. Puis nous définissons un projet avec la famille, sur lequel nous allons l’accompagner pendant deux ans. (…) Depuis plusieurs années, avec les pouvoirs publics, nous tentons de mettre en place un « parcours du logement ». Souvent nous avons des familles en foyer d’hébergement. Notre but est de faire en sorte que ces familles acquièrent les automatismes d’un locataire, car il y a des obligations. C’est aussi la raison pour laquelle une participation financière de la famille est toujours demandée, afin que se développe la « culture du loyer ». Pour une famille, bénéficier d’un logement social, c’est une super opportunité, certains n’en ont pas pleinement conscience. Il y a 500 fare individuels qui sont livrés par l’OPH chaque année, plus 100 à 200 logements en habitat groupé, alors qu’il y a en permanence entre 3000 et 4000 demandeurs en attente. Nous donnons la priorité aux familles motivées qui montrent qu’elles veulent s’en sortir. »

Propos recueillis par Damien Grivois