Administration du Pays : un jour férié offert, ça n’est pas gratuit…

Le coût quotidien de la machine administrative polynésienne avoisine 200 millions de francs.
Le coût quotidien de la machine administrative polynésienne avoisine 200 millions de francs. (Photo : Damien Grivois)
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En sa qualité de chef de l’administration du Pays, le président Edouard Fritch s’est toujours montré, depuis le début de son premier mandat, plutôt généreux envers les quelque 5500 fonctionnaires travaillant directement pour la collectivité, ainsi que les 2600 agents des établissements publics administratifs (EPA).

Dernier “cadeau” en date : la journée de ce lundi 2 janvier 2023, en principe travaillée puisque seul le jour de l’an est férié. La Dépêche de Tahiti s’est livrée à un petit calcul afin d’estimer le coût minimal, pour la collectivité et ceux qui la financent, de ces journées de repos régulièrement offertes, notamment à l’occasion des “ponts”.

Si l’on divise la masse salariale de la fonction publique territoriale (environ 50 milliards de francs par an) par les 248 jours officiellement ouvrés, on apprend que l’administration du Pays coûte aux alentours de 190 millions de francs par jour. A chaque fois que le chef de l’exécutif accorde un férié à l’administration,consentirait-il ainsi un cadeau de presque 200 millions de francs ?

“Ce n’est pas si simple. D’abord, ça n’est pas une perte financière sèche puisque ces agents auraient de toute façon été payés d’une manière ou d’une autre” tempère Vincent Dropsy, professeur en Sciences économiques à l’Université de la Polynésie française (UPF), tout en validant le calcul par une autre méthode. Selon lui, le salaire moyen dans le public, plus élevé que dans le privé, s’établit autour de 340 000 F/mois, ce qui représente en effet près de 200 millions de francs/jour ouvré.

Cinq fériés offerts coûtent un milliard !

“Et puis en économie, on s’intéresse à la productivité” poursuit Vincent Dropsy qui se refuse à toute analyse politique de ces choix du chef de la majorité. “Si les agents viennent mais qu’en réalité ils n’ont pas les moyens de travailler normalement, où est l’intérêt ?” Un type d’argument qui passe assez difficilement auprès de certains administrés qui attendent, certains depuis longtemps, un permis de construire, une carte grise, un document administratif au motif que… “le service est surchargé”.

Donner sa journée à l’administration du Pays reste donc l’une des prérogatives du président du Pays. “Pourquoi pas ? Mais ça devient gênant dès lors que c’est systématique”  considère le patron d’une petite société de Papeete qui travaille en ce lundi 2 janvier. “Surtout, il est embêtant que ce soit à la discrétion du président du Pays. Autant décréter officiellement le 2 janvier férié pour l’administration…”

L’opposition, pourtant prompte souvent à dénoncer le coût de la machine administrative polynésienne, ne s’est pas émue, à notre connaissance, de ce principe d’un “cadeau” à l’administration à quatre mois des élections territoriales. C’est tout bénéfice pour le parti au pouvoir qui caresse les fonctionnaires dans le sens du poil, sans que cela ne lui coûte l’ombre d’un tota…