Les Aires marines protégées inefficaces sur la protection du thon obèse et des bonites

(Photo : AFP)
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Publié jeudi 12 janvier sur le site de la Communauté du Pacifique, un rapport conduit par plusieurs scientifiques du SPC affirme que la mise en place d’aires marines protégées serait, au mieux, inefficaces pour la préservation de deux espèces que sont la bonite et le thon obèse.

« La justification de la création de grandes AMP océaniques comprend souvent les avantages qu’elles apporteraient à la conservation des stocks de thon, qui font l’objet d’importantes pêcheries commerciales dans le Pacifique », explique le rapport qui cherche à savoir si ces mises en place d’AMP sont réellement efficaces pour la préservation des espèces.

Pour l’étude, ils ont observé l’activité de ces espèces dans la zone protégée des îles Phoenix (archipel des Kiribati) à l’aide d’un cadre de modélisation à haute résolution appelé SEAPODYM (Spatial Ecosystem And Population DYnamics Model).

Leur premier constat est brutal. « Les avantages de la PIPA (Aire protégée des îles Phoenix) pour la conservation à l’échelle du stock pour ces espèces sont faibles à inexistants, et que seules de modestes augmentations de la biomasse reproductrice des deux espèces se produisent à l’intérieur et à proximité de la PIPA lui-même. »

En effet, ces espèces de thonidés ne sont pas sédentaires et parcours les océans en de nombreux sens. « L’efficacité de conservation des AMP pour des espèces telles que les thons tropicaux est limitée par leur large dispersion larvaire et leur forte mobilité des stades de vie ultérieurs, qui dissipent spatialement les effets protecteurs des AMP », conclut le rapport diffusé sur le SPC. « En outre, le déplacement de l’effort de pêche des AMP vers des zones restant ouvertes peut avoir des conséquences négatives sur les stocks et les performances de la pêche dans ces zones. »

Logique. Si les bateaux usines ne peuvent pas pêcher dans l’aire marine protégée, ils se postent tout autour et pêchent à foison en dehors de cette même AMP. Les Marquises connaissent bien le phénomène. « Le corollaire est que les AMP ne peuvent fournir une protection contre la pêche que lorsque les poissons sont présents dans l’AMP, et ces gains de protection sont dissipés lorsque les poissons se déplacent au-delà des limites de l’AMP. De plus, les AMP ne contrôlent pas le niveau d’activité de pêche à l’échelle du stock, mais le déplacent généralement dans la partie de la pêcherie qui reste ouverte », analyse froidement le rapport.

Le collège de scientifiques en concluent que « les grandes AMP océaniques ne sont probablement pas des outils de gestion de première ligne efficaces pour les thons tropicaux et d’autres espèces ayant des caractéristiques de cycle biologique similaires. »

Les aires marines protégées ne seraient donc pas la solution à tous les maux. Même si la protection des écosystèmes des récifs coralliens et de leurs espèces résidentes y est particulièrement efficace, les espèces nomades n’y sont pas à l’abri.