
Le personnel de l’hôpital du Taaone s’est mis en marche ce jeudi matin du CHPF jusqu’à la présidence pour “obtenir un budget pérenne adapté à la réalité des activités et des besoins”.
Il est en grève depuis minuit après des négociations qui n’ont pas abouties mercredi avec les ministres de la Santé et des Finances.
De son côté, le gouvernement indiquait mercredi soir que des “avancées et un projet de protocole était prêt à être signé. Les trois principaux points figurant dans le préavis ont été examinés de manière approfondie. Ils concernent d’une part, la cohérence du budget avec la réalité des activités et des besoins du CHPF ; d’autre part, la qualité et la sécurité des soins ; et enfin, les réflexions sur l’évolution des conditions d’exercices des personnels pour améliorer l’attractivité des métiers de l’hôpital. Un accord semble possible sur ces trois points du préavis. Cependant, les organisations syndicales ont souhaité revenir vers leur base avant se s’engager. De fait le projet de protocole n’a pas pu être finalisé, ni signé ce mercredi soir. Des discussions seront engagées pour étudier les propositions du protocole d’accord qui seront formulées par les organisations syndicales, en comparaison de ce que le gouvernement a élaboré au cours de cette journée de négociation.”
Mireille Duval de l’intersyndicale
“Mercredi soir, on bloquait encore sur certains points lors des négociations, le personnel a donc choisi la grève lors d’un vote ce jeudi à 7h30. Le principal point d’achoppement, c’est le besoin en ressources humaines. Un seul exemple : le service d’admission urgence vitale, cela fait 12 ans que l’on en parle sans que les choses évoluent. Notre inquiétude est de savoir si nous donnons les bons soins.
Nous entendons les contraintes budgétaires mais ce qu’ils nous proposent n’est pas suffisant pour assurer la sécurité des patients sur le long terme.”
Sandrine, infirmière
“Cela fait 7 ans que je travaille à l’hôpital, nous avons vu la situation se dégrader surtout depuis le Covid. Le personnel manquant n’est pas forcément remplacé, nous sommes obligés d’aller chercher du personnel dans les autres services pour combler. Et lorsqu’il manque des aides-soignantes, nous assurons le travail à la fois d’infirmière et d’aide-soignante.
Nous faisons tout pour que le patient soit correctement pris en charge mais le personnel a moins de temps à lui consacrer.”
Pierre, médecin
“Le recrutement est le plus gros problème. Un exemple : un IBODE (infirmier du bloc opératoire) s’est présenté récemment, sa candidature n’a pas été retenu, il a été à la clinique Cardella, il a été pris dans la journée. Et ce n’est pas un cas isolé. Donc, on se demande quels sont leurs critères de recrutement ! Au bloc, seulement, la moitié tourne car nous n’avons pas le personnel. En gynécologie, certaines patientes ne peuvent pas être opérées avant un mois car il n’y a pas de bloc disponible. Par ailleurs, le statut n’est pas avantageux en Polynésie pour les praticiens hospitaliers, donc le personnel ne reste pas.”
Karim, médecin au service de réanimation
“Dans mon service, il y a plusieurs problèmes : le défaut de personnel, de formation du personnel, de saturation des lits de réanimation. Il y a un épuisement du personnel qui revient en astreinte régulièrement. Certains sont en arrêt maladie et ne reviennent pas. Actuellement, nous fermons trois lits à nouveau par manque de personnel.
Mais tous les services sont concernés, les urgences, l’oncologie, la chirurgie viscérale, le cancer… cela entraîne des retards dans la prise en charge des patients.”
Flavio, brancardier
“Nous les brancardiers, nous faisons partie de la chaîne de santé, nous sommes le maillon entre tous les services et nous sommes aussi les témoins de la détresse des patients. Avec 5 brancardiers de jours et 2 de nuit, nous faisons 59 heures par semaine, traitons quelques 250 patients et effectuons environ 30 km dans une garde de 12 heures. Il faut beaucoup d’empathie et de compassion pour travailler dans la santé et lorsque nous-mêmes, nous sommes fatigués et tendus, cela affecte notre travail.”
Poerani, aide-soignante au service gynécologie
“Nous avons un manque de personnel. On nous dit qu’on ne peut pas remplacer le personnel manquant. Il faut même un mois pour remplacer un arrêt maladie. Nous avons une surcharge de travail et cela diminue le temps passé auprès du patient, c’est surtout cela ! Cela fait 16 ans que je travaille à l’hôpital et je vois une nette dégradation de la qualité du travail.”




