Hôpital : syndicats et ministres ont signé un protocole d’accord 

Les différents syndicats du personnel soignant du Centre hospitalier de Polynésie française (CHPF) et les ministres de la Santé et des Finances ont signé en début d'après-midi à la Direction de la santé à Papeete un protocole d'accord qui met fin à la grève entamée jeudi à minuit à l'hôpital. (Photo : LDT)
Les différents syndicats du personnel soignant du Centre hospitalier de Polynésie française (CHPF) et les ministres de la Santé et des Finances ont signé en début d'après-midi à la Direction de la santé à Papeete un protocole d'accord qui met fin à la grève entamée jeudi à minuit à l'hôpital. (Photo : LDT)
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Les différents syndicats du personnel soignant du Centre hospitalier de Polynésie française (CHPF) et les ministres de la Santé et des Finances ont signé, ce vendredi 20 janvier en début d’après-midi à la Direction de la santé à Papeete, un protocole d’accord qui met fin à la grève entamée jeudi à minuit à l’hôpital. Le texte prévoit une rallonge de 400 millions de francs pour les différents services en 2023 ainsi qu’une dotation de 237 millions de francs pour le SAUV (Service d’admission des urgences vitales) qui était le point bloquant. 

Bien que le budget de l’hôpital ait été adopté le 12 janvier dernier, suivi d’une dotation pour régler les dettes de l’établissement, le personnel ne décolérait pas puisque cet argent ne prenait pas en compte selon lui les besoins de l’hôpital avec des services saturés et du personnel épuisé, découragé. 

A l’issue de deux jours de grève et de négociations, les syndicats du personnel soignant ont obtenu gain de cause sur leurs principales revendications. 

Une enveloppe de 400 millions de francs sera débloquée dés cette année pour recruter du personnel dans les différents services. Le point d’achoppement qui était la prise en compte du SAUV (Service d’admission des urgences vitales) a pu être négocié grâce à un texte réglementaire qui prévoit la mise aux normes de ce service dans le cadre des Jeux olympiques 2024. 

Les différents syndicats s’estiment satisfaits même s’ils soulignent que l’hôpital aura de nombreux défis à relever dans les années qui viennent avec une population vieillissante et des pathologies graves et chroniques. 

Les acquis financiers de ce protocole d’accord seront donc entièrement consacrés au recrutement de personnel dans les services afin qu’ils puissent accueillir les patients dans de bonnes conditions. 

Jacques Raynal, ministre de la Santé

Un effort considérable” 

Le Pays fait un effort considérable de financement pour l’hôpital. Ce qui est mis en place dans ce protocole est pour assurer un avenir proche dans les deux ans. Si on met en place des activités nouvelles, il faudra ensuite trouver le financement.”

Sandrine Vauthier, présidente du syndicat du personnel d’encadrement paramédical de Polynésie française (SPEPPF)

Du nouveau personnel dans l’année”

Notre demande principale était la mise en place d’un budget pérenne pour permettre une mise aux normes en quelque sorte du CHPF, en tous cas sur les plus grands services qui ont besoin de revoir leur calibration pour fonctionner normalement. 

On a pu obtenir une bonne partie du Dialogue de gestion (NDLR : processus d’échange d’informations entre les responsables budgétaires et les services opérationnels au sein de chaque service) et notamment le point bloquant qui était des moyens pour le SAUV (Service d’admission des urgences vitales – salle particulière au sein des urgences qui permet d’accueillir les grands polytraumatisés). Il sera financé grâce à la mise place d’un cadre réglementaire pour les JO 2024. 

Le reste du Dialogue de gestion a été pris en compte, les autres services devraient voir une remise à niveau de leur personnel dans le courant de l’année. On nous a donné 400 millions au prorata temporis (somme variable selon l’année d’exercice) sans la dotation pour le SAUV.

Le protocole d’accord prend en compte également le déficit à hauteur de 2 milliards qui devraient permettre de payer les fournisseurs et repartir sur de bonnes bases.”

Sandrine Vauthier, présidente du syndicat du personnel d’encadrement paramédical de Polynésie française (SPEPPF)

Dr Marc Lévy, président du syndicat des praticiens hospitaliers de Polynésie française (SPHPF)

Un manque d’anticipation” mais “une démarche de progrès”

Finalement, ce mouvement de l’ensemble des organisations syndicales a permis de faire prendre conscience d’oublis considérables dans la budgétisation de l’hôpital pour 2023. 

Avant le préavis de grève, nous avons alerté sur le déficit budgétaire et le manque gravissime de trésorerie, cela a déclenché une avance de trésorerie exceptionnelle qui n’était pas votée dans le budget présenté en décembre 2022. 

Ensuite, un travail chiffré, appelé Dialogue de gestion, a été mené méthodiquement. Mais l’arbitrage en 2022 a écarté la moitié des demandes, elles sont passées de deux millards de francs à un milliard. Cette somme là n’a pas été retenue pour le budget 2023.

Les répercussions de ce manque de financement ont entraîné des conditions de travail difficiles et ne garantissaient plus la qualité des soins. C’est pour cela que ce mouvement s’est mis en place. 

Aujourd’hui, nous avons obtenu une bonne partie de nos besoins pour les différents services notamment pour le SAUV (Service d’admission des urgences vitales). Jusqu’à hier, on nous disait que ce n’était pas possible de débloquer de l’argent pour ce service et il se trouve que des textes réglementaires imposent de mettre aux normes ce service d’accueil dans le cadre des JO 2024 ! C’est quand même énorme d’apprendre cela après deux jours de grève ! On peut dire qu’il y a eu un manque d’anticipation. 

Toutefois, nous sommedans une démarche de progrès et d’amélioration, ce qui donne de l’espoir au personnel.” 

Dr Marc Lévy, président du syndicat des praticiens hospitaliers de Polynésie française (SPHPF)