Justice – “4 grammes d’ice, c’est 200 jeunes à qui on peut proposer une dose”

L’avocat de la défense tient à rappeler le simple rôle de petites mains des prévenus et les très faibles quantités de drogue concernées. Mais madame la procureure estime qu'il n'y a jamais de “petites quantités”.
L’avocat de la défense tient à rappeler le simple rôle de petites mains des prévenus et les très faibles quantités de drogue concernées. Mais madame la procureure considère qu'il n'y a jamais de “petites quantités”. (Photo : YP)
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C’est pendant l’enquête, dans le cadre d’une affaire de séquestration liée à un trafic d’ice en février 2022, que deux amis d’enfance d’une petite trentaine d’années, Tamati B et Vaiariinui T, se retrouvent à la barre du tribunal correctionnel ce mardi 24 janvier.

Le premier, surnommé “blanc”, qui avoue ne jamais avoir travaillé ou presque, arrive à l’audience avec près d’une heure de retard. Il reconnaît avoir servi d’intermédiaire entre des clients et son co-accusé, avec, en guise de commission, de quoi satisfaire sa consommation personnelle.

Il avoue aussi que parfois, il n’hésite pas à arnaquer de potentiels acheteurs en prenant l’argent sans jamais revenir. Mais il s’en dédouane, estimant voler de l’argent sale…

Son compère dit lui aussi n’être qu’un simple intermédiaire. Il assure qu’il ne faisait que récupérer l’argent auprès de “blanc”, puis se rendait chez le grossiste, se décrivant comme “simple coursier”.

Lui aussi prend sa commission, un peu d’ice qu’il échange contre du paka, ou 5 ou 10 000 F pour acheter du poisson pour nourrir sa famille. Entre janvier 2020 et mars 2021, il reconnaît une quarantaine de transactions pour environ 4 grammes d’ice. 

“Où allez- vous chercher l’ice ?” lui demande le président du tribunal.

“A Faa’a, en face de la gendarmerie” répond le prévenu ! Moment de gêne dans la salle…

L’avocat de la défense tient à rappeler le simple rôle de petites mains des deux individus et les très faibles quantités de drogue concernées. Mais, auparavant dans ses réquisitions, la procureure est limpide en rappelant aux prévenus, tous les deux pères de famille, qu’il n’y avait pas de “petites quantités”. Selon elle, “4 grammes, c’est potentiellement une première dose, 0.02 g, offerte à 200 jeunes” .

Tamati B et Vaiariinui T écopent, pour l’un d’une peine de 3 ans dont 2 avec sursis probatoire, et de 2 ans de prison dont un avec sursis pour le second qui aura aussi droit à 117 heures de travaux d’intérêt général (TIG), le tout assorti d’une obligation de soins pour leurs addictions. 

Compte-rendu d’audience : Y.P

Commande d’ice sur le darknet, 18 mois avec sursis

Tarahani B comparait libre en ce jour d’audience du tribunal correctionnel. Il doit répondre d’acquisition et d’importation d’ice, des faits qui se sont produits le 25 novembre, puis le 6 décembre 2021.

Mais ce n’est pas en déjouant la sécurité de l’aéroport par un stratagème de camouflage insolite que cet ice est entré sur le territoire : il est tout simplement arrivé… par la poste.

L’homme d’une trentaine d’année explique que quelques semaines auparavant, il a rencontré un homme qui lui montre à quel point commander de la drogue est simple sur le darknet. Tarahani ne consomme plus depuis plus d’un an dit il, mais en voyant les prix défiant toute concurrence et à l’approche des fêtes, il passe commande : 4 grammes, puis 7 grammes, de la drogue saisie par les douanes avant même qu’elle ne soit réceptionnée.

La première fois, c’est dans une enveloppe à destination de son frère. La seconde fois c’est un jeu pour console contenant la métamphétamine qui est livré, cette fois dans la boite postale de la belle-mère de l’accusé à qui il avait subtilisé les clés.

La responsable des douanes présente souhaite alors faire porter le chapeau au prévenu pour deux autres enveloppes envoyées à des proches pour au total de 21 grammes de drogue. Elle demande une amende douanière de plus de 6 millions de francs, ce qui fait sursauter la compagne du prévenu présente dans la salle. Dans ses réquisitions, madame la procureure demande 18 mois de prison avec sursis et une obligation de travail et de soins. L’avocat de la défense lui rappelle ensuite que si commande de drogue il y a bien eu, jamais Tarahani n’a détenu cette drogue, ce qui devrait alléger sa peine.

Il est finalement condamné à 18 mois de prison avec sursis probatoire, obligation de soins et de travail, et un million de francs d’amende douanière