
Il y a cinquante ans, le gouverneur Pierre Angeli eut l’idée de fonder l’Association des amis de la Polynésie française avec l’intention de réunir tous les amoureux inconditionnels du fenua et principalement ceux de métropole qui y avaient vécu, ou bien ceux qui en eurent la passion après un voyage touristique. Cet amour de 50 ans pour notre pays a été fêté jeudi 26 janvier en soirée, lors d’un cocktail donné dans les locaux de la Délégation de la Polynésie française à Paris.
C’est en 1972 que Pierre Angeli et Jean-Marie Hurel (CEA/CEP) ont déposé les statuts d’une association dont le but était “de regrouper et d’organiser sur tout le territoire français et plus particulièrement en métropole toutes les personnes s’intéressant à la Polynésie française en vue, notamment, de promouvoir une action d’entraide vis-à-vis des Français de Polynésie séjournant hors de leur territoire d’origine ; de développer les liens d’amitié entre les habitants de la Polynésie et ceux des autres régions françaises et de favoriser une meilleure connaissance culturelle et les échanges touristiques réciproques”.
Dès le début, l’association fut un succès : en 1978 elle comptait plus de 1 700 adhérents. Anciens du CEP, de l’administration, de la compagnie UTA, du Club Méditerranée ou encore des personnalités comme Eric Tabarly ont adhéré.
Des sections régionales furent créées, notamment à Bordeaux ou encore à Marseille. En 1975, fut lancé l’Echo du lagon, bulletin d’informations auquel participaient la correspondante de La Dépêche de Tahiti, Annie Barrier-Vitrac et plus tard les correspondants des deux autres quotidiens.
Une logique d’entraide
L’AAPF, c’étaient aussi les soirées parisiennes qui rassemblaient plusieurs centaines de nostalgiques en robes ou chemises à fleurs et que faisaient danser les vahine établies à Paris. On y recevait également étudiants et militaires. Sans compter les apparitions annuelles des Miss Tahiti. On a même vu un stand de l’association à la Foire de Paris avec Gabilou en invité !
Certes, l’entraide existait à l’égard des Polynésiens en métropole, mais il fallait la développer. Dès la mi-80, le président Paul Cousseran, ancien haut commissaire, a alors veillé à ce que l’association soit nettement plus orientée vers les Polynésiens qui ont besoin de soutien comme les malades évasanés.
Plusieurs adhérents ont alors organisé des visites de malades ou des actions spécifiques dans les hôpitaux, peu de temps avant que s’ajoutent les interventions officielles des personnels parisiens de la CPS et d’associations comme A tauturu ia na. A ce jour, des partenariats existent entre la CPS, l’AAPF et la Délégation de la Polynésie française.
Conserver la dynamique d’une association n’est pas chose facile et tous les présidents qui se sont succédé (Yves La Prairie, Thierry Cathala, Louis Galtier, Jacques Gondran de Robert ou encore Jean-Gabriel Nancey et aujourd’hui René Desbiolles) doivent faire face à l’érosion du nombre d’adhérents et surtout à la passion polynésienne qui s’émousse.
Paradoxe d’autant plus étonnant que le nombre de visiteurs du fenua a beaucoup augmenté et que d’innombrables écoles de danse polynésienne ou des salons de tatouages se sont créés dans tout l’hexagone ! La nostalgie n’est donc plus ce qu’elle était ?
L’AAPF veut survivre et son président actuel a à cœur de maintenir et renforcer ce lien affectif qui, par delà les océans, a toujours existé entre le fenua et ses amoureux que l’on souhaite plus que jamais inconditionnels.
Accueilli par Caroline Tang, responsable de la Délégation de la Polynésie française à Paris, le président René Desbiolles a fait le point sur l’action de l’AAPF et détaillé un ambitieux programme d’actions à l’égard des malades polynésiens.
Outre la convention de partenariat avec la CPS, l’AAPF agit également, sur demande de la Délégation, pour apporter son aide et son soutien en mobilisant des bénévoles ou des fonds pour des situations d’urgence (prise en charge du loyer pour des personnes bloquées en l’absence d’avion pendant le confinement, aide au paiement d’avion pour une mère de famille victime de violences conjugales, aide aux sinistrés d’inondations lors d’une tempête sur les archipels, accompagnement d’étudiants pour trouver des stages ou de l’alternance..).
De même, un site Internet site internet devrait bientôt favoriser l’interactivité par la liaison et les échanges d’information avec les malades hospitalisés et faciliter ainsi les visites et les activités. Enfin, le président Desbiolles a annoncé que la Fondation Crédit Coopératif avait attribué un prix de 5 000 euros (600 000 F) à l’AAPF pour son action.
Un anniversaire, cela se célèbre et c’est dans une ambiance musicale assurée par Terii Taputu et ses musiciens et une gastronomie tahitienne concoctée par Nini Topata et ses amies dévouées, que le cocktail a marqué les cinquante ans d’une AAPF toujours debout et prête à aider les Polynésiens.
De notre correspondant à Paris, Ph. Binet.

