JUSTICE – Des œufs bio au pakalolo…

La victime a trouvé le courage de parler sept ans après les agressions sexuelles que lui a fait subir son oncle. L'homme a été condamné à dix-huit mois de prison ferme. (Photo : archives LDT)
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Raitini (prénom d’emprunt) doit répondre de plusieurs chefs d’inculpation, notamment un “record de réitération” selon la présidente du tribunal, deux conduites  sans permis en moins de 24h. On y ajoute un délit de fuite, plus précisément : refus par le conducteur d’un véhicule d’obtempérer à une sommation de s’arrêter dans des circonstances exposant directement autrui à un risque de mort ou d’infirmité. Le prévenu reconnaîtra aussi avoir jeté une boite par la fenêtre du véhicule contenant 10 sticks de paka achetés pour la revente.

Ca n’est pas sa première affaire, que ce soit pour absence de permis ou possession de drogue. Mais, le 25 janvier dernier, cela va plus loin car Raitini refuse de se ranger sur le côté à un contrôle de gendarmerie. S’engage alors une course poursuite qui, en passant par la RDO, se termine sur les hauteurs de Faa’a, où le prévenu tente alors de continuer sa cavale à pied avant d’être rattrapé par les gendarmes. 

Raitini a déjà fait les gros titres, mais son avenir paraissait alors prometteur. En 2018, ce jeune de 24 ans qui fait près de 100km par jour en scooter pour livrer ses œufs bio, de la presqu’île à Papeete, fait le buzz sur les réseaux sociaux grâce à un article de presse. 

Son courage et son envie d’entreprendre pour s’en sortir émeuvent les lecteurs et génèrent un élan de solidarité tel que certains proposent même de lui offrir une voiture. Problème, il n’a pas le permis. La vie ensuite ne lui fait pas de cadeaux. Sa compagne de l’époque, celle avec qui il a lancé son activité d’élevage, meurt sous ses yeux d’un accident de la route. Il doit s’occuper de sa maman handicapée. C’est pour cette maman, dit-il, qu’il prend le volant sans permis ce jour-là. Puis c’est, selon lui, la panique due à la présence de sa mère dans la voiture qui engendre le délit de fuite. 

“Un record de réitération” 

Après sa garde à vue, Raitini est remis en liberté. Selon son avocat, il aurait pu alors s’en sortir avec une simple Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) qui lui aurait évité le procès et sans doute amoindri sa peine. Seulement voilà, pas plus d’un heure après sa sortie de sa garde à vue le 26 janvier, Raitini reprend le volant du véhicule familial. C’est alors sur le boulevard Pomare qu’il croise à nouveau les forces de l’ordre, précisément la même patrouille qui l’avait interpellé la veille… 

Raitini et son avocat mettent en avant son envie de s’en sortir, ses projets professionnels en cours et son souhait de relancer sa production d’œufs bio. Le tribunal  suit en partie les réquisitions de madame la procureure et le condamne à 1 an de prison dont 4 mois de sursis probatoire, obligation de formation et obligation de passer le permis de conduire.

Compte-rendu d’audience : Y.P