Avec les enfants, l’écran est à utiliser “comme récompense”

Le temps d’écran a un impact sur une partie du corps humain essentielle : le cerveau.
Le temps d’écran a un impact sur une partie du corps humain essentielle : le cerveau. (Photo : Shutterstock)
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Avant d’avoir un enfant, en voyant ceux des autres scotchés à des écrans de téléphones ou de tablettes, on s’est tous dit “moi je ne ferai pas ça, ça sera très très raisonnable“… Et puis on a eu des enfants, et puis on s’est rendu compte à quel point les écrans sont magiques pour tenir nos charmants bambins occupés le temps de préparer le repas ou, soyons honnête, pour avoir quelques minutes de répit.

Cela étant, on culpabilise quand même, en se demandant s’il n’y a pas de réels impacts sur leur développement. Les études se suivent et ne se ressemblent pas forcément, alors comme s’y retrouver dans les recommandations des experts ?

Une des études les plus récentes [1], effectuée sur 437 enfants, montre que des enfants exposés à 2h ou plus d’écran par jour à partir d’un an ont davantage de difficultés à se concentrer à l’âge de 9 ans … soit 8 ans plus tard !

Et c’est là que le bât blesse. Contrairement à la malbouffe où l’on peut voir notre enfant grossir, le temps d’écran a un impact sur une partie du corps humain qui nous est inaccessible mais pourtant essentielle : le cerveau.

“Nous ne sommes pas différents de nos enfants…”

Le plus agaçant avec ce genre d’études, c’est qu’on nous explique les méfaits sans forcément nous donner de règles à suivre. Alors on peut se tourner vers l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui recommande [2] de ne pas exposer aux écrans un enfant avant ses 3 ans, puis 1h maximum par jour de 3 à 4 ans. Au-delà, rien de concluant n’a été établi.

Comme le disait Paracelse : “Toutes les choses sont poison, et rien n’est sans poison ; seule la dose fait qu’une chose n’est pas poison”. On pourrait rajouter également : “et la manière dont on s’en sert”. Plus l’écran sera utilisé comme une nounou pour occuper l’enfant, plus ce dernier sera “addict”. Plus l’écran sera utilisé comme une récompense, plus l’enfant acceptera que l’écran lui soit accordé puis repris, en fonction de son comportement.

Et là où ça ne va pas une deuxième fois, c’est qu’en réalité, nous ne sommes pas différents de nos enfants ! Les sites et applications que nous utilisons quotidiennement, Youtube, Facebook et Instagram pour citer les plus populaires en Polynésie française, savent très bien comment nous “occuper”. Tiktok fera l’objet d’un article à lui tout seul, tellement il est digne d’un roman d’espionnage.

Un excellent reportage à ce sujet est le documentaire “Derrière nos écrans de fumée” [3] (“the social dilemma” en anglais) disponible sur Netflix (ironique, n’est-ce pas ?) et qui interviewe des femmes et des hommes ayant contribué à nous rendre “addict” à ces sites web. Cerise sur le gâteau, vous y verrez une des représentations les plus réalistes d’un algorithme.

Alors oui, modérons le temps d’écran de nos enfants mais également le nôtre. Mais surtout, utilisons-les en tant que récompenses, comme la malbouffe, et non plus comme notre pain quotidien.

Pita.

[1] : https://jamanetwork.com/journals/jamapediatrics/fullarticle/2800776?guestAccessKey=54cd7688-b1f5-45f9-9c18-fb18a253b2dd
[2] : https://www.who.int/fr/news-room/detail/24-04-2019-to-grow-up-healthy-children-need-to-sit-less-and-play-more
[3] : https://www.netflix.com/fr/title/81254224