JUSTICE – Le tribunal se montre clément envers deux jeunes pêcheurs

S'ils avaient vraiment pêché dans une zone protégée riche en poissons, ils en auraient eu plein à la ceinture, expliquent les prévenus.
S'ils avaient vraiment pêché dans une zone protégée riche en poissons, ils en auraient eu plein à la ceinture, expliquent les prévenus. (Photo d'illustration)
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Ils sont deux jeunes hommes d’une vingtaine d’années appelés à la barre. Deux grands gaillards à l’allure sportive qui se font contrôler par la brigade nautique le 11 septembre 2022 alors qu’ils nagent, armés d’un fusil harpon, dans la zone dite de l’aquarium à Faa’a. Un espace maritime protégé où la pêche est interdite. De son côté, la brigade nautique confirme, dans son rapport, avoir contrôlé les deux hommes après avoir repéré leur bouée de signalisation et les avoir vu nager avec leur matériel de pêche dans la zone protégée par le Plan de gestion de l’espace maritime (PGEM) de la commune.

Ils s’expliquent. Leur bouée était bien dans la zone interdite, mais elle avait dérivée. C’est d’ailleurs pour aller la récupérer et éviter un courant contraire qu’ils traversent cet espace. Mais leur zone de pêche est plus loin, ils l’assurent ! “C’est notre spot, on pêche tous les jours”.

Leur argument principal est d’ailleurs parlant pour tous ceux qui connaissent pèche sous-marine. S’ils avaient vraiment pêché dans une zone protégée riche en poissons, ils en auraient eu plein à la ceinture. Ça n’était pas le cas. Honnêtes, ils disent aussi partir du bord pour rejoindre le chenal, et donc selon le courant, il traversent parfois la zone avec leur fusil alors que c’est interdit c’est vrai, mais ils n’y pêchent “jamais”.

Le procureur demande un à deux mois avec sursis, 50 000 F d’amende avec sursis et saisie du matériel. Une demande que dénonce l’avocat de la défense. Ce matériel professionnel, les prévenus en ont besoin pour vivre. C’est la seule source de revenus de l’un d’entre eux qui gagne environ 15 000 F par semaine du fruit de sa pêche, l’autre gagne seulement 38 000 F par mois au Régiment du service militaire adapté (RSMA) qu’il vient d’intégrer.

Le tribunal entend leurs arguments et les relaxe du délit de pêche interdite. En revanche, il les condamne pour détention de matériel de pêche dans une zone protégée à 10 000 F d’amende avec sursis. À leur grande joie, le matériel est restitué.

Compte-rendu d’audience Y.P