Premier salon du tatouage marquisien : une belle vitrine de l’archipel à Paris

Maikiu Sulpice a lancé, vendredi 10 février à Paris, le premier salon du tatouage marquisien traditionnel, "Patutiki kakiu" qui a rassemblé durant trois jours une vingtaine de tatoueurs du enua enana et de France, ainsi que plusieurs exposants, artistes et groupes de danse.
Maikiu Sulpice a lancé, vendredi 10 février à Paris, le premier salon du tatouage marquisien traditionnel, "Patutiki kakiu" qui a rassemblé durant trois jours une vingtaine de tatoueurs du enua enana et de France, ainsi que plusieurs exposants, artistes et groupes de danse. (Photo : Philippe Binet)
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Il en avait fait le vœu l’an passé, Maikiu Sulpice a lancé vendredi à Paris le premier salon du tatouage marquisien traditionnel, “Patutiki kakiu” qui a rassemblé durant trois jours une vingtaine de tatoueurs du enua enana et de France, ainsi que plusieurs exposants, artistes et groupes de danse.

Maikiu Sulpice avec l’un de ses parrains : Teni Vaiauri. (Photo : Philippe Binet)

Maikiu, le fils de Théo Sulpice, a toujours voulu mieux connaître ses frères marquisiens autrement que par le truchement des artistes de la troupe paternelle. Devenu tatoueur traditionnel, il a eu envie, dès janvier 2022, de créer un salon spécialement dédié à cet art marquisien du patutiki kakiu – plutôt absent des conventions comme celle de Tin-Tin, le pape de la convention internationale annuelle de Paris, à la Grande Halle de la Villette.

Tatoueurs, artisans et spectacles : tout un programme durant trois jours. (Photo : Philippe Binet)

Aidé par son père, il a pu créer la manifestation au terme d’un vrai parcours du combattant, surtout en si peu de temps. Fort des relations d’entrepreneur de spectacle, Théo a frappé à toutes les portes : “Cela a été très compliqué dans cette période de difficultés économiques. Avec la mairie de Paris et le soutien indéfectible de Caroline Tang de la Délégation de la Polynésie française, nous avons pu réussir. De son côté, Pierre Thomas, délégué à l’Outre-mer de la mairie de Paris, a apporté de nombreux supports de communication, ce qui m’a permis de réduire les frais. Et puis Patrick Karam, vice-président du Conseil régional d’Ile-de-France, nous a fourni le logement au centre de loisirs de Cergy-Pontoise pour les cinquante-six personnes venant de Polynésie. Ce fut très difficile, du fait du contexte actuel, mais aujourd’hui, on a réussi et je suis soulagé et heureux pour Maikiu.

“Il a fallu soulever des montagnes

Ce festival a non seulement accueilli des tatoueurs, mais également des exposants d’artisanat local. Il a surtout offert au public un large programme de divertissements et d’informations sur les Marquises : conférences d’Alexandre Juster, de Teiki Huukena, documentaire Motu Haka, spectacles des groupes “Manahaka” (venu de Nuku Hiva), “Hiitoakakiu” (formé en métropole), et du groupe de Théo, “Tahiti aux Marquises”. Et encore, chansons avec Vaheana Fernandez, concours du plus beau tatouage, dégustation de popoi et bien d’autres démonstrations au son des pahu. Une exceptionnelle vitrine marquisienne qui a véritablement mobilisé la communauté hexagonale a ainsi été offerte au public parisien.

Stand de Carine Tevenino-Teatu, de Fatu-Hiva : un umuhei pour madame la maire. (Photo : Philippe Binet)

A la cérémonie d’inauguration, c’est la maire du douzième arrondissement, Emmanuelle Pierre-Marie, qui a coupé le cordon en compagnie de l’adjoint outre-mer d’Anne Hidalgo, Jacques Martial, du délégué à l’Outre-mer de la mairie de Paris, Jacques Thomas, ainsi que Caroline Tang, Moetai Brotherson et la sénatrice de Saint-Barthélemy, Micheline Jacques. Un petit programme leur avait été réservé avec la tournée des exposants et tatoueurs, mais aussi une impressionnante démonstration des danseurs et danseuses, suivie d’une conférence d’Alexandre Juster.

Le maître et un fidèle client pour une longue séance. (Photo : Philippe Binet)

Très sollicité, et pour cause, le président de ce festival, Maikiu Sulpice, a pu cependant commenter l’événement ! “Je voulais vraiment mettre en avant un festival basé sur ma terre natale. Je me suis inspiré de nos interventions lorsque nous sommes invités d’honneur dans les foires et salons où, avec nous, il y a divers exposants et leurs créations. Alors, oui, il a fallu soulever des montagnes et même plus ! Nous avons la chance d’avoir deux groupes dont l’un de Nuku Hiva qui a financé son voyage grâce à des ventes ou des spectacles, et l’autre, formé de tatoueurs et artistes marquisiens de toute la France et qui se réunissent de temps en temps”. Mais vite, Maikiu, va rejoindre les deux tatoueurs parrains de son festival, Teni Vaiauri et Efraima Huuti, qui lui font signe de mettre en place le jury du concours du plus beau tatouage.

Maire et sénatrice ont l’embarras du choix chez Firmin Timau. (Photo : Philippe Binet)

C’est sûr, ce festival marquisien a le mérite d’apporter un souffle nouveau et surtout culturel en cette période post-Covid qui peine à effacer la mise en sommeil de tous les événements polynésiens dans la capitale et, dans une moindre mesure en province. On rêverait d’une deuxième édition l’an prochain, dès fois que l’UNESCO se manifeste elle aussi !

De notre correspondant à Paris, Ph. Binet

Ils ont dit…

Emmanuelle Pierre-Marie (Maire du 12ème arrondissement) : “J’ai passé quelques instants incroyables et que la Polynésie vienne en métropole, dans le douzième arrondissement, c’est avoir une chance et un honneur. Je pense que ça en fera voyager plus d’un ce week-end ! J’ai appris beaucoup de choses sur l’histoire et les liens ancestraux et je repars avec un joli cadeau [un umuhei offert par une exposante de Fatu Hiva – NDLR]”.

Teni Vaiaori (L’un des parrains de la manifestation) : “J’habite à Tarbes, mais je suis originaire de la petite vallée de Hakamaii à Ua Pou. Cela fait vingt-deux ans que je tatoue. Avec différents styles de tatouage polynésien mais je suis également polyvalent”.

Moetai Brotherson (Député) : “Beaucoup d’émotion de voir ces tatoueurs, ces artisans marquisiens qui sont réunis ici et dans la joie de célébrer leur culture et de la partager avec les Parisiens et même des personnes venues de très loin pour assister à ce festival. Un grand merci à la mairie de Paris qui a fourni une assistance certaine pour l’organisation et aussi à la Délégation de la Polynésie qui est partenaire de cet événement. Un grand merci, bien sûr, à Maikiu Sulpice et à son père que l’on connaît tous. […] Les Marquisiens, sont un peuple qui est fier de ce qu’il est et ce festival est la manifestation de cette fierté”.

Les officiels prêts pour couper le cordon au son des pahu. (Photo : Philippe Binet)