Cancer du sein : le taux de guérison pourrait être bien meilleur en Polynésie française

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Le taux de guérison à 5 ans du cancer du sein n’est que de 5 à 6 femmes sur 10 alors qu’il est de 9 sur 10 en métropole. Et pourtant, notre accès aux soins est bon au fenua. Alors, quels sont les freins à une meilleure prise en charge des vahine et comment y remédier ? A la demande de la Ligue contre le cancer et de la Maison des sciences de l’Homme du Pacifique (MSH-P), le Dr Lucille Chauveau a mené une étude pour répondre à ces questions. Elle nous donne les grandes lignes des résultats de son enquête. 

Dans les faits, 135 nouveaux cas de cancers du sein sont détectés par an en Polynésie française et pour un trop grand nombre de femmes, l’issue est défavorable. Le Dr Lucille Chauveau, médecin à Tahiti, a effectué pendant un an et demi des enquêtes de terrain allant à la rencontre des femmes et des soignants à travers trois archipels (îles de la Société, Tuamotu, Australes). Son étude portait sur le comportement des femmes polynésiennes par rapport au soin, à la féminité, à la famille, à la maladie etc. qu’elle résume ainsi : “elles consultent trop tard et leur prise en charge se fait trop tardivement pour certaines d’entre elles”.

Pour le Dr Lucille Chauveau, la part d’évitement de la maladie est importante : les femmes consultent trop tard après les premiers symptômes. Certaines essaient d’abord le ra’au Tahiti lorsqu’elles sentent une boule dans le sein. “Une boule au sein n’est pas forcément un cancer, ce peut-être un fibrome, un kyste, une infection, un hématome, un abcès… dans ces cas, les symptômes peuvent disparaître, mais un cancer ne peut être détecté que par un prélèvement et il faut aller vite pour ne pas que la maladie se propage ! Et pour les femmes diagnostiquées, il faut libérer la parole” explique le médecin. En clair, au moindre signe suspect, il faut consulter puis ensuite en parler et suivre les protocoles.

Ce phénomène d’évitement, pour les femmes malades mais aussi pour les autres, indemnes, a été démontré en Europe et il est très fort en Polynésie, l’objectif de l’étude est donc aussi d’adapter les messages de prévention. Selon le Dr Chauveau, les messages de promotion pour la santé, décontextualisés du cancer titi, du type “tu connais ton corps, consultes si tu constates quelque chose de différent” seraient plus porteurs, notamment auprès des plus jeunes. 

En ce qui concerne la mammographie, recommandée tous les deux ans à partir de 50 ans, elle semble plutôt entrée dans les habitudes. 

la Ligue contre le cancer et de la Maison des sciences de l’Homme du Pacifique (MSH-P) souhaitent que cette étude donne des pistes également pour une meilleure communication entre patients et soignants. 

Conférence

La présentation des résultats de l’étude aura lieu ce mercredi 15 février à 17h30 à ‘amphithéâtre du Centre hospitalier de Polynésie française (CHPF) et est ouverte à tous.

Seront présents l’Institut du cancer de Polynésie française (ICPF) ainsi que les associations Amazones, la Ligue contre le cancer et Soroptimist. 

Le Dr Lucille Chauveau tiendra la conférence.