NEW-TECH – Le métavers, un monde virtuel au service de lycéens du fenua

Gil Galasso, référent numérique pour le Lycée hôtelier s’intéresse depuis longtemps aux possibilités éducatives qu’offre le numérique. 
Gil Galasso, référent numérique pour le Lycée hôtelier s’intéresse depuis longtemps aux possibilités éducatives qu’offre le numérique. 
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Alors que s’ouvrait, mardi 14 février à l’Université de la Polynésie française (UPF), la 5ème édition du salon Ludovia, un rendez-vous consacré au numérique éducatif, le public va pouvoir découvrir lors de conférences et de rencontres, de nombreuses innovations pédagogiques. 
Parmi elles, le projet de Gil Galasso. Il a développé pour les élèves du Lycée hôtelier de Tahiti, un métavers, un monde virtuel, dans lequel les étudiants peuvent évoluer et apprendre.

Survoler les bâtiments du Lycée hôtelier de Faa’a et à seulement quelques pas sillonner les vignes de Rangiroa ou même prendre un portail spatio-temporel et se retrouver plongé au XIXème siècle en France, autant de possibles qui s’offrent aux élèves dans le métavers. Ce support pédagogique permet au lycéen de s’immerger dans un lieu, un événement, une époque pour mieux comprendre certains enjeux et améliorer l’apprentissage.

C’est un professeur du lycée qui est à l’origine de cet univers riche et en constante évolution. Gil Galasso est à la fois, Meilleur Ouvrier Maître d’hôtel, titulaire d’un doctorat en histoire contemporaine, membre du CETOP – le Centre d’Études sur le Tourisme en Océanie-Pacifique de l’UPF-, et référent numérique pour le Lycée hôtelier. Cet enseignant au parcours polyvalent s’intéresse depuis longtemps aux possibilités éducatives qu’offre le numérique. 

À son arrivée au Lycée hôtelier de Tahiti, il constitue un groupe de travail avec les autres enseignants de l’établissement. Ensemble, ils listent les sujets parfois difficiles à appréhender pour les élèves. 


“Par exemple, le professeur de sciences m’a demandé de créer une représentation du microcosme-macrocosme pour ses cours, le professeur d’histoire de créer une représentation du passé de Tahiti en rapport avec le fait nucléaire, celui de français de représenter un texte de Zola, celui de tourisme m’a demandé de créer un petit aéroport de type Bora Bora pour apprendre le cheminement des clients depuis l’arrivée jusqu’à l’embarquement dans un avion…” explique Gil Galasso. 

Le Lycée hôtelier de Tahiti propose des formations en cuisine, traiteur, boulangerie, pâtisserie, service en salle, bar, sommellerie, hébergement, et tourisme, du CAP au BTS. Pour le moment, ce métavers s’adresse principalement aux élèves qui préparent le baccalauréat technologique STHR – Sciences et technologies de l’hôtellerie et de la restauration. 

Mais les autres lycéens peuvent aussi utiliser certaines parties du métavers, et des jeux sérieux et pédagogiques développés au sein de l’univers virtuel. C’est par exemple le cas du jeu Ruperhu qui simule un service au restaurant d’application du lycée.

Les élèves utilisent un avatar

Les différents aspects développés au sein du métavers permettent aux étudiants d’appliquer, par l’expérimentation, des éléments au programme de leurs enseignements. Ils peuvent, par exemple, apprendre à réaliser un massage polynésien au sein d’un spa, se familiariser à l’organisation d’un mariage traditionnel polynésien au sein d’un espace dédié ou encore explorer différentes facettes de l’hôtellerie restauration en Polynésie, de la roulotte en passant par la pension de famille jusqu’à l’hôtel 5 étoiles et la villa particulière. 

Gil Galasso a aussi travaillé sur l’accessibilité de ce nouvel outil pédagogique. “J’ai voulu que 100% de mes élèves y aient accès, car tous n’ont pas d’ordinateur ni de connexion WIFI” précise Gil Galasso.

D’un point de vue technique, pour les élèves, il est à la fois possible de se connecter en ligne à partir du Wifi du lycée, mais il est aussi possible pour eux de télécharger les différents univers virtuels sur leur téléphone portable et d’y accéder hors ligne. 
Pour interagir avec les personnages du métavers, les élèves utilisent un avatar. Ils peuvent répondre à des questions et avancer dans les jeux et les formations proposés. L’enseignant reçoit ensuite, en ligne, les résultats. 


Une réflexion sur l’accessibilité qu’il applique également aux particularités du territoire polynésien. “Mon travail me semble être particulièrement adapté à la communauté polynésienne, à cause des distances entre les îles. Par exemple, je peux former un élève qui serait aux Marquises en arrêt-maladie en lui proposant un univers presque comme s’il était sur place, en utilisant le lycée virtuel.” souligne Gil Galasso.

Au-delà des programmes pédagogiques au sein du lycée, l’enseignant, qui développe cet outil numérique sur son temps libre, envisage d’étendre son métavers à des professionnels du secteur de l’hôtellerie-restauration comme les propriétaires de pension. Cela pourrait permettre d’accompagner et de former sur de nouvelles problématiques du secteur telles que le tourisme éco-responsable. 

Par ailleurs, pour Gil Galasso, c’est une chance de développer cet outil sur le territoire polynésien où il trouve une oreille attentive aux possibilités offertes par ces innovations technologiques. 
En métropole, on a du mal à toucher les décideurs. Ici, j’ai déjà eu l’honneur de montrer mon travail à madame la ministre de l’Éducation. Cette proximité, et l’ouverture des dirigeants de la Polynésie font qu’on peut avancer plus vite.

Correspondance Morgane Durrenbach.