JUSTICE – Deux ans après une rupture, il se croit toujours en couple

Voilà deux ans maintenant qu'elle a mis fin à leur relation, mais Teiho ne comprend pas, ou ne veut pas comprendre.
Voilà deux ans maintenant qu'elle a mis fin à leur relation, mais Teiho ne comprend pas, ou ne veut pas comprendre. (Photo : archives LDT)
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Le 11 février 2023, Teiho (prénom d’emprunt) s’introduit chez la victime en passant par une fenêtre. Quelques minutes auparavant, la victime avait refusé de lui ouvrir la porte. Il faut dire que le jeune homme a déjà été condamné pour harcèlement à son encontre et a interdiction de contact avec celle qui confirme être son ex-petite amie.

Voilà deux ans maintenant qu’elle a mis fin à leur relation, mais Teiho ne comprend pas, ou ne veut pas comprendre. Régulièrement, il retourne chez elle. Elle a pourtant déjà déménagé trois fois pour le fuir, mais ça ne suffit pas. Il la retrouve et revient à ses côtés.

Il débarque parfois en pleine nuit, squatte sa maison, lui demande de l’argent ou la menace “au moins une fois par semaine” selon l’instruction. La veille de l’incident, déjà, elle fuit son domicile lorsqu’il arrive à trois heures du matin. Elle se cache dans un buisson en attendant son départ quelques heures plus tard.

Le 11 février, elle ne peut se cacher ou s’enfuir. Lorsqu’elle essaye de partir ce soir-là, il la retient puis la traîne brutalement à l’intérieur de la maison. Elle crie à plusieurs reprises, mais ça ne calme pas Teiho qui la menace même de mort. Après avoir noué un pareu autour du cou de la victime puis du sien, il lui dit : “voilà comment je peux te tuer !”, simulant une strangulation. Elle termine la soirée touchée aux vertèbres et avec une entorse du coude. “Elle s’est laissé tomber” dit le prévenu.

“Vous ne décrivez pas du tout la même scène !”

Une phrase du président du tribunal qui pointe du doigt la manière dont prévenu et victime décrivent ce dernier épisode de violence. Mais cette différence de version n’est que la partie visible d’un iceberg géant d’incompréhension. Si, pour la victime, leur rupture est actée depuis deux ans, pour Teiho, ils sont restés deux ans ensemble et ne sont séparés que depuis deux mois. L’avocat de la victime décrit une personne fragile d’à peine 45 kilos, traumatisée et qui a peur d’agir. Elle rappelle que d’autres faits de violence ont eu lieu, que le prévenu a déjà été condamné pour harcèlement seulement quelques mois auparavant. Il a notamment tué le lapin de la victime devant ses yeux.

Pour le procureur, le jeune homme est fragile, impulsif, mais surtout dangereux. Il rappelle le simulacre d’étranglement et demande 18 mois de prison dont 6 avec sursis, maintien en détention et surtout interdiction de se rendre à Moorea où réside la victime.

Pour son avocat, son client SDF dort sur une plage à Moorea. Lui interdire l’île, c’est le condamner à dormir autour de la cathédrale de Papeete ou à Fare Ute. Il demande du sursis probatoire qui tiendrait compte des “difficultés psychologiques de son client”.

Le tribunal règle son problème de domicile, au moins pour quelques mois et le condamne à un an ferme plus un an avec sursis et maintien en détention. Il a, de nouveau, interdiction de rentrer en contact avec la victime et interdiction de se présenter à Moorea. Il devra aussi verser 250 000 F de dommages et intérêts.

Compte-rendu d’audience : Y.P