Une traversée “physique, poétique et politique”

“Quand le fils du Fleuve rencontre le fils de l'Océan, Leurs destins s´embrassent invaincus !” (Pierre Carpentier)
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Près de 43 ans après avoir quitté Nuku Hiva aux îles Marquises, Pierre Carpentier revient au fenua pour une expérience spirituelle, sous forme de défi sportif, coaché par son ami Ismaël Patu Huukena. 

Il va en effet réaliser, samedi 18 février, la traversée entre Tahiti et Moorea (de la passe de Taapuna au quai de Vaiare), en paddle puis à la nage ; il va enchaîner avec une dizaine de km à vélo pour rejoindre Haapiti avant de finir par une petite marche jusqu’à l’ancien cimetière de la commune. 

C’est là qu’est enterré son père, décédé en 1996. Les deux hommes s’étaient perdus de vue et c’est seulement l’année dernière que Pierre Carpentier a découvert le lieu de sépulture. 

Ce biathlon aquatique est donc empreint de solennité. “C’est une démarche mémorielle en hommage à la traversée que mon père et moi avons réalisé en 1981, sur son voilier, de Panama city à Nuku Hiva en 29 jours et 21 heures” explique Pierre. “C’est aussi une manière de retrouver Ismael, que j’ai connu au collège. J’ai vu qu’il était devenu un personnage emblématique qui souhaite ramener son peuple aux valeurs pré-coloniales qui existaient entre les îles.”

Car Pierre Carpentier, sportif aguerri, est aussi un militant pacifique pour l’autodétermination des peuples. Métis, d’origine française et guyanaise, il est un fervent admirateur des poètes militants tels que Henri Hiro. Après avoir vécu aux Marquises durant ces jeunes années, il est parti en Guyane ; il a découvert des peuples qui luttent pour leur liberté et en a fait également son combat. Il partage ses idées notamment sur le Club de Mediapart.

Pour cette épopée, il est donc soutenu par Ismaël Patu Huukena, l’homme “qui murmure à l’oreille des poissons”. Avec plus de 1 000 km de nage en océan à son actif, Ismaël prépare désormais régulièrement, mentalement et physiquement les personnes qui souhaitent se jeter à l’eau.

Nous avons beaucoup échangé à distance, j’ai fait de la méditation, j’ai nagé tous les jours en bassin olympique depuis 2 mois” explique Pierre qui redoute toutefois “les embuscades de son imaginaire” en plein océan. Il sera fixé demain samedi 18 février, le départ est prévu vers 7 heures à Punaauia.

Ismaël Patu Huukena, Pierre Carpentier et Hans Hereiti Hunter, solidaires dans l’aventure.
Le paddle est prêt avec le concours de l’équipe de Dive and Sea à Punaauia.