Salon artisanal Te Rara’a : les Tuha’a pae en vogue à l’Assemblée

Maire Pepe vous attend avec le sourire.
Maire Pepe vous attend avec le sourire. (photo : Lana Chaine)
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La 15e édition du Salon artisanal Te Rara’a a été inaugurée aujourd’hui par le ministre de la Culture, en charge de l’artisanat, Heremoana Maamaatuaiahutapu. (photo : La présidence)

La 15e édition du salon artisanal Te Rara’a, organisée par l’association éponyme, a ouvert ses portes, hier lundi 20 février, dans le hall de l’assemblée de la Polynésie française. Il accueillera le public jusqu’au 1er mars, de 8h à 17h. Après deux ans d’accalmie, cette nouvelle édition du salon Te Rara’a (tressage en reo rurutu) a été inaugurée en présence du ministre de la Culture, en charge de l’artisanat, Heremoana Maamaatuaiahutapu. “On a pu revenir cette année, c’est très bien. Je remercie les artisans car nous n’avons pas perdu face au Covid” se réjouit Melia Avae, présidente de l’association organisatrice.“Je suis très fière car on est toujours là, aujourd’hui pour l’exposition.”

Touristes et locaux peuvent découvrir un catalogue vaste de chapeaux en pae’ore. (photo : Lana Chaine)

Cette année, une quarantaine d’exposants ont été conviés pour présenter leurs créations artisanales, mêlant vannerie, bijouterie traditionnelle et couture. À travers cet évènement, l’association Te Rara’a veut célébrer la culture des Tuhaa pae et rendre compte du savoir-faire des artisans polynésiens. Par exemple, nous retrouvons des paniers et des chapeaux en pae’ore (pandanus) qui mettent en relief les techniques de tressage typiques de l’archipel, des créations en nī’au blanc de Rimatara, Tubuai et Rurutu, mais aussi une panoplie de bijoux en nacre. Un catalogue diversifié de confections traditionnelles qui souligne la richesse de l’art manuel polynésien.

Les paniers en pae’ore (pandanus), grandes vedettes de ce salon. (photo : Lana Chaine)
Des bijoux pour tous les goûts. (photo : Lana Chaine)

Le statut de l’artisan toujours questionné

L’an dernier, le statut professionnel de l’artisan a été redéfini par le Pays avec “Rima’î mâ’ohi” (artisan traditionnel de Polynésie française) et “‘Ihi rima’î mâ’ohi” (maître artisan traditionnel de Polynésie française ). De ce fait, en adhérant à ce système, les créateurs peuvent prétendre aux aides proposées par le Pays, en particulier les aides financières. Une initiative qui tend à valoriser l’activité artisanale suite aux répercussions causées par la pandémie du Covid-19.

Pourtant, à ce jour, beaucoup d’artisans continuent de questionner le véritable intérêt de cette décision. En effet, selon Otevai Créations, ce dispositif “a été mis en place pour taxer le petit artisan de Tahiti”, s’indigne la jeune créatrice. “Ils veulent nous aider mais ils veulent surtout que l’on paye les taxes car aujourd’hui, ils veulent savoir exactement combien l’on gagne pour pouvoir taxer nos créations” proteste la micro-entrepreneuse. “Beaucoup ici ne sont pas d’accord avec ce dispositif. Il y a quelque chose derrière ce système, comme toujours. Personnellement, grâce à ma clientèle fidèle, je n’ai pas besoin de bénéficier de ce dispositif.”

En revanche, pour les artisans adhérents, ce nouveau statut représente un coup de pouce considérable qui allège le fardeau pécuniaire de leur activité. C’est le cas de Jeannine, artisane en bijouterie traditionnelle, qui a été épaulée financièrement par la CPS : “J’ai eu deux mois d’aide de la part de la CPS. Comme nous sommes patentés, nous avons reçus une aide de 100 000 F. Ça m’a énormément aidée, déjà financièrement”. Malgré le chapitre obscur de la Covid-19, son activité a également survécu grâce à sa fidèle clientèle : “Depuis la Covid, j’ai aménagé une petite boutique chez moi où mes clients peuvent passer à la maison. Ce qui a permis à mon entreprise de survivre.”

Enfin, certains ont reçu l’information très tardivement. Marie-Christine, couturière à son compte, a seulement été informée le mois dernier : “Non, je n’ai pas bénéficié des aides proposées par le Pays, même après 17 ans. C’est seulement lors du salon de la Saint-Valentin au Hilton, qu’une représente du ministère de l’Artisanat m’a donné le dossier. Selon elle, tout le monde est passé par cette aide, mais je n’étais pas au courant et je n’étais pas non plus sur la liste des artisans qui ont adhéré à ce système. Pour l’instant, ce que je gagne, je l’investis dans mes créations”.

Ainsi, la loi du 4 février 2022 instaurée par le Pays, semble ne pas faire l’unanimité dans le secteur artisanal.

Correspondance : Lana Chaine

Te Rara’a : des concours, des défilés, des ventes…

Le salon est gratuit et ouvert au public du 20 février au 1er mars 2023, tous les jours de 8h à 17h à l’Assemblée de la Polynésie française.
– Concours de confection de chapeau pour homme d’antan (sur trois jours)
– Défilé de mode avec des produits artisanaux
– Vente de spécialités culinaires des îles Australes
– Des ateliers “Petit panier en pandanus” payants (sur deux jours)
– Journée culturelle le 25 février 2023