Benoît Magimel, césar du meilleur acteur dans Pacifiction

Benoit Magimel et Pahoa Mahagafanau dans Pacifiction.
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Récompensé à 48 ans du César du meilleur acteur pour “Pacifiction – Tourment sur les Îles”, un an après avoir déjà soulevé la statuette pour “De son vivant”, Magimel a gagné l’étoffe d’un grand acteur au prix d’un parcours dense et parfois chaotique.

Après presque 70 films, un César dans un second rôle pour “La tête haute” (2016), un prix d’interprétation masculine à Cannes pour “La pianiste” (2001), le petit “Momo” ébouriffé de “La vie est un long fleuve tranquille” (1988) n’a plus besoin de gonfler le torse comme il pensait devoir le faire alors pour en imposer.

Dans “Pacifiction”, du réalisateur espagnol Albert Serra – et aux côtés de l’actrice transgenre tahitienne Pahoa Mahagafanau – il livre une performance d’acteur en roue libre, incarnant un haut-commissaire de la République à Tahiti, qui navigue avec morgue et élégance de la haute société aux milieux interlopes, des indépendantistes aux militaires.

Un tournage épique: 580 heures de rush et des milliers de pages de dialogue, selon la méthode habituelle du réalisateur, qui laisse une liberté sans pareille aux acteurs.

“Il y a des situations qui évoluent, qui se créent au fur et à mesure (…) de ce qu’on tourne. Donc, il y a une liberté pour un acteur assez exceptionnelle”, avait expliqué Magimel à l’AFP à Cannes, où le film était en compétition.

S’il est récompensé pour ce film, il avait aussi marqué les esprits l’an dernier avec “Revoir Paris”, abordant la question des attentats. Un rôle sur la reconstruction, dans lequel il a pu se reconnaitre: “j’y ai trouvé des choses que je comprenais, comme se réparer à plusieurs, et puis (le personnage) ne se victimise pas”, expliquait celui qui a combattu par le passé des addictions.

– “On perd tout ça” –

Devenu star à 13 ans avec son rôle de “Momo” Groseille-Le Quesnoy, Benoît Magimel a toujours reconnu la difficulté d’avoir démarré si tôt, expliquant que personne ne l’avait “prévenu” qu’un jour on pouvait tout perdre.

Né à Paris le 11 mai 1974, ce fils d’une infirmière et d’un employé de banque tôt divorcés confiait avoir connu “des moments difficiles” dans son enfance.

“A 12 ans, je m’occupais de la maison, je surveillais ma soeur. J’en ai gardé comme une peur de manquer”. Une annonce dans Libération le propulse sur le tournage d’Etienne Chatiliez: c’est “La vie est un long fleuve tranquille”, devenu culte.

A 16 ans, il arrête l’école pour le cinéma. Il met quelques années à émerger: il démarre vraiment en 1995 avec “La Fille Seule” de Benoît Jacquot et “La Haine” de Mathieu Kassovitz. Le jeune homme prête ses traits fins à Alfred de Musset dans “Les enfants du siècle” (1999) avec Juliette Binoche, son premier grand amour et la mère de sa fille Hannah.

Vient ensuite la consécration à Cannes avec “La pianiste” de Michael Haneke où il incarne un séduisant musicien entre les mains perverses d’Isabelle Huppert.

Artisan consciencieux – “J’ai rarement vu quelqu’un approfondir ses rôles à ce point”, disait de lui Claude Chabrol -, l’acteur a tout joué, les rois, les voyous, les séducteurs, au cours d’une filmographie parfois inégale.

En 2017, le comédien aux mèches d’or écopait de trois mois de prison avec sursis pour avoir tenté d’acheter de la cocaïne. Lors d’une autre affaire en 2016, il reconnaissait une toxicomanie “ne datant pas d’hier” et confessait au juge “sa honte”. Au fil du procès, on découvrait un homme perdu bien loin de l’image du mâle au regard bleu de sphinx et au menton fendu.

bur-fbe/may/cbn

© Agence France-Presse

Les principaux prix remis vendredi lors de la 48e cérémonie des César

– Meilleur film: “La Nuit du 12” par Dominik Moll

– Meilleure réalisation: Dominik Moll pour “La Nuit du 12”

– Meilleure actrice: Virginie Efira dans “Revoir Paris”

– Meilleur acteur: Benoît Magimel dans “Pacifiction – Tourment sur les îles”

– Meilleure actrice dans un second Rôle: Noémie Merlant dans “L’Innocent”

– Meilleur acteur dans un second rôle: Bouli Lanners dans “La Nuit du 12”

– Meilleur espoir féminin: Nadia Tereszkiewicz dans “Les Amandiers”

– Meilleur espoir masculin: Bastien Bouillon dans “La Nuit du 12”

– Meilleur premier film: “Saint Omer” d’Alice Diop

– Meilleur scénario original: Louis Garrel, Tanguy Viel, Naïla Guiguet pour “L’Innocent”

– Meilleur film étranger: “As Bestas” de l’Espagnol Rodrigo Sorogoyen

– Meilleure adaptation: Gilles Marchand et Dominik Moll pour “La Nuit du 12”

– Meilleur film d’animation: “Ma famille afghane” de Michaela Pavlatova