Enquête sur la médecine traditionnelle pour soigner les enfants

Méthode traditionnelle de préparation des ra'au.
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Quelles sont les plantes médicinales utilisées en Polynésie française, en Nouvelle-Calédonie et au Vanuatu pour soigner les enfants ? Une équipe de chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) mène actuellement une étude pour répondre à cette question. En allant à la rencontre des populations, les scientifiques espèrent en savoir plus sur la médecine traditionnelle infantile dans le Pacifique Sud. François Chassagne, ethnopharmacologue de l’IRD au sein de l’Unité mixte de recherche Pharma-Dev (pharmacochimie et biologie pour le développement) est actuellement en mission au fenua. 

En quoi consiste cette étude et quels sont ses objectifs ? 

Nous réalisons des entretiens sur le terrain, au plus près des populations, dans le but de mieux comprendre la place de la médecine traditionnelle dans le traitement des maladies infantiles, et d’identifier les éventuelles pratiques connues pouvant provoquer des effets indésirables chez les enfants. Notre idée est de savoir un peu ce qui se fait. Quels sont les remèdes utilisés ? Pourquoi on les utilise ? Dans quel cadre ? Cette médecine traditionnelle est très utilisée mais elle reste un peu à la marge du système du santé parce qu’on ne connaît pas bien les bénéfices, ni même les risques. 

Notre objectif est de documenter puis d’évaluer la balance bénéfices risques de ces pratiques. Nous avons déjà des données dans la littérature qui montrent que certaines plantes ont des vertus antibactériennes, anti-inflammatoires mais nous avons aussi des exemples de toxicité. Outre une publication scientifique, un livret devrait être édité suite à cette étude. Le document reprendra les plantes les plus utilisées sur les trois territoires que sont le Vanuatu, la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie avec des indications sur leur utilisation et les éventuelles précautions à prendre.

Sait-on dans quelle proportion est utilisée la médecine traditionnelle en Polynésie française ? 

Pour cela, il faudrait mener une enquête épidémiologique sur toute la Polynésie mais on peut dire que la médecine traditionnelle est fréquemment utilisée pour traiter par exemple des symptômes comme la toux, les maux de dents et un ensemble de troubles comportementaux appelé ira (nervosité, agitation, convulsion, sursaut dans le sommeil apparaissant au cours du développement de l’enfant).”

Quelles types de plantes sont utilisées ? 

Il y a une grande diversité de plantes. Nous en avons identifié et collecté 70 à ce stade de notre étude. Certaines sont très utilisées comme le coco – principalement le lait ou l’eau pour apaiser des fièvres – les feuilles de corossol en bain contre la varicelle ou pour traiter le ira et le tiare Tahiti, très souvent mélangé avec d’autres substances pour traiter différentes maladies. Mais on peut citer aussi le tamanu, la pomme cythère…”

Peut-on citer des plantes toxiques ?

Le ricin par exemple dont les graines sont mortelles. D’une manière générale, le dosage est important pour toutes les plantes. Certaines personnes peuvent aussi faire des allergies. La nature n’est pas inoffensive.” 

Enquête en ligne

Les enquêtes de terrain sont accompagnées d’une enquête en ligne. Le questionnaire en ligne est entièrement anonyme et accessible jusqu’en mars prochain.

L’étude est financée par le Fonds Pacifique et est soutenue par plusieurs partenaires tels que l’Institut de Recherche pour le Développement, l’Université Paul Sabatier à Toulouse, l’Université de Nouvelle-Calédonie, l’Université Nationale du Vanuatu, la Maison des Sciences de l’Homme du Pacifique ainsi que le Jardin Botanique de New-York.