
L’amphithéâtre Hina-marama (A1) a accueilli ce lundi 27 février le début du colloque international “Henry Adams et les Mémoires de Ariitaimai”, co-organisé par Florent et Carole Atem, à l’Université de la Polynésie française. Inauguré en présence de Édouard Fritch, président de la Polynésie française, le séminaire centré sur l’œuvre Les mémoires de Ariitaimai de Henry Adams, s’étendra jusqu’au 2 mars 2023.

Le colloque international en l’honneur de Ariitaimai a été inauguré ce lundi 27 février à l’Université de la Polynésie française (UPF), dans une ambiance traditionnelle, portée par le hīmene du puissant clan des Teva, “Teva tamaiti mamari e”. L’ouverture de cette conférence s’est déroulée en présence du président de la Polynésie française, Édouard Fritch, et plusieurs de ses ministres. À leurs côtés, les descendants de la lignée familiale de Ariitaimai, ainsi que les intervenants sollicités pour ce forum.
Ouvert au public, le colloque co-organisé par Florent et Carole Atem, respectivement spécialistes de civilisation américaine et de l’écriture des Mémoires et pseudo-Mémoires, a pour objectif de “porter un regard prospectif sur le positionnement de la Polynésie actuelle dans le contexte océanien et mondial de demain”, précise Florent Atem.

Cet évènement s’inscrit notamment dans une démarche scientifique qui ambitionne à “mettre à jour, dans le contexte contemporain de la recherche mondiale, des hypothèses qui ont pu être formulées par le passé sur cette ouvrage”. Pour cela, un comité scientifique composé de chercheurs internationaux, en provenance des États-Unis et de Hawaii, dialogueront chacun à leur tour sur les thématiques de recherche en lien avec cette conférence : civilisation, histoire, littérature et éducation.
Une rencontre décisive
En quête d’aventure, l’historien Henry Adams entreprend en 1890, avec son ami peintre John La Farge, un long périple dans les mers du Sud. Déçu par le mode de vie jugée trop “américanisé” du territoire hawaiien, il accoste aux îles Samoa.
Un séjour durant lequel il se fascine et se découvre anthropologue pour “les mystères de cette culture, des traditions de ce peuple et de cette société matriarcale. C’est le premier contact de Adams avec ces grandes figures féminines de pouvoir, qui sont une caractéristique de notre société”, explique Florent Atem. Puis, lorsqu’il arrive à Tahiti en 1891, “c’est la révélation avec ces entretiens avec Ariitaimai. Il est subjugué, captivé par cette dame charismatique qui lui livre des fragments de chants et de légendes du Tahiti d’autrefois”, précise Florent Atem.
De cette rencontre est né l’ouvrage Les mémoires de Ariitaimai publié en 1893, puis réédité en 1901, qui constitue un témoignage authentique de l’histoire de Tahiti dans un contexte politique instable, à l’époque du Protectorat. C’est un document essentiel qui retranscrit une perspective intimiste des civilisations autochtones et représente un tournant considérable dans le parcours littéraire et personnel de l’écrivain américain. “C’est remarquable de se rendre compte que cet aristocrate de Boston trouve finalement la clé de son succès, s’accomplit en tant qu’écrivain et être-humain au contact de la cheffesse autochtone”, déclare Florent Atem. Ces écrits soulignent également l’influence féminine sur le pouvoir politique d’autrefois et la succession matrilinéaire des territoires indigènes, une antithèse à l’Amérique patriarcale de Benjamin Harrison.
À l’issue de ce forum, une restitution sera proposée en langue tahitienne dans le fief des Teva à Papara. Enfin, Florent Atem souhaite que l’histoire de Ariitaimai soit intégrée dans les manuels scolaires des élèves polynésiens. “L’idée à terme est de travailler à une adaptation possible des manuels scolaires afin que soient introduits des éléments (…) de l’histoire d’Ariitaimai, pour que les petits écoliers et élèves de la Polynésie française puissent finalement se réapproprier leur histoire”, confie-t-il.
Correspondance Lana Chaine