
L’affaire fait grand bruit en septembre dernier. Alors qu’il se trouve au rayon électroménager d’un magasin de la place, un homme se filme puis publie sur Facebook la vidéo dans laquelle, face au fumoir d’un barbecue, il fait référence à la manière dont on a exterminé les Juifs pendant la deuxième guerre mondiale. Non-content de cette immonde comparaison à l’humour d’un autre âge, il fait aussi référence à l’Hôtel du Parc, le lieu où s’était installé le gouvernement du régime collaborationniste de Vichy pendant l’occupation.
Toujours avocat, Maître Outin assure lui-même sa défense. Dispensé de porter la robe, il a opté pour un vieux jean remonté presque à mi-mollet, une manière discutable de mettre en valeur de superbes savates blanche et rose. Sa chemise, elle, force à penser qu’il aurait pu, le jour du tournage, oublier le rayon grillade et foncer dans l’allée des fers à repasser.
Il tente de remettre son œuvre audiovisuelle dans le contexte. Il se dit en fort conflit avec un de ses fils. Cette vidéo, et la référence à la souffrance des Juifs, c’était, explique-t-il, pour lui faire comprendre ce qu’était la sienne, de souffrance.
La publication de cette “allégorie” en mode public ? L’erreur d’un piètre facebookeur, il voulait uniquement la destiner au fils maudit, mais pas la publier selon lui. S’en suivent alors des arguments aussi étranges qu’incompréhensibles. Il s’auto-proclame “lanceur d’alerte”. Évoque un conflit avec la caisse des avocats qui aurait effectué un virement louche de 160 000 euros sur un compte au Japon, ou encore exige qu’on lui explique “minute par minute” comment la vidéo s’est propagée.
Une journaliste menacée
Il est ensuite question de la manière dont il s’en prend à la première journaliste qui met la vidéo en avant. L’employée de TNTV est présente. Appels et sms de menace à l’appui dans le dossier, le président du tribunal demande à maitre Outin pourquoi il a publié à plusieurs reprises la capture d’écran du numéro de la journaliste sur le même réseau social. Le tout agrémenté de commentaires nauséabonds comme “Les camions de Tsahal vont se tourner vers madame X”, identifiant notre confrère publiquement, avec cette fois une référence au conflit israélo-palestinien.
Le président du tribunal indique que l’homme a refusé l’examen psychiatrique, mais que le court temps passé avec l’individu avant ce refus a suffit à l’expert pour décrire un homme “fragile”. Le psychiatre évoque une éventuelle possibilité de maladie neurodégénérative.
L’avocat de la journaliste rappelle le devoir de dignité à laquelle s’engagent les avocats. “Il n’en a pas fait preuve” lance-t-il, avant d’indiquer que sa cliente, considérant qu’elle n’avait fait que son travail, souhaite une condamnation et le remboursement de ses frais de justice oui, mais pas de dommages et intérêts.
Le procureur insiste sur le fait que le prévenu connaît forcément la loi.
Il parle d’un “terreau de fragilité psychologique” chez notre Dieudonné bon marché, mais “ça n’est pas une maladresse, c’est de l’injure publique.”
Il requiert une peine de 2 mois de prison avec sursis et 2 millions de francs d’amende. Délibéré le 7 mars.
Compte-rendu d’audience : YP