L’histoire des élections aux assemblées depuis 1945, par JM Regnault

Gaston Flosse et le Tahoera'a Huiraatira ont dominé la politique locale pendant près de 30 ans. (Photo : archives La Dépêche)
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Avec les municipales, les élections territoriales sont le rendez-vous électoral le plus important en Polynésie française. (Arch.LDT)

L’assemblée locale s’appela successivement représentative, puis territoriale en 1953 et enfin assemblée de Polynésie française depuis 1996.

Les promesses de la France libre furent-elles tenues au lendemain de la guerre ?

Celle sur l’instauration du suffrage universel le fut. Les citoyens et citoyennes, quelles que fussent leurs origines ethniques votèrent selon le principe “un homme (ou une femme) = une voix”. Exception cependant pour les Asiatiques qui n’avaient pas obtenu la citoyenneté.

Des registres électoraux existaient pour les élections municipales de Papeete et pour les conseils de districts, mais ces élections étaient déjà anciennes. Il fallut y ajouter les femmes. Un doute subsiste sur la bonne tenue des registres.

Celle sur la « décentralisation » ne le fut pas vraiment.

Le statut des Etablissements français de l’Océanie (ÉFO) bridait le suffrage universel dans la mesure où les pouvoirs du gouverneur restaient ceux du temps de la colonie. Le gouverneur et le conseil privé pouvaient contrecarrer les volontés de l’assemblée pourtant élue au suffrage universel et tout simplement parce que la marge de manœuvre de cette dernière était étroite (compétences limitées et contraintes sur ses compétences budgétaires).

La démocratie en Polynésie

Nous venons de voir que les élus n’avaient qu’un champ limité d’action et que le gouverneur restait l’homme fort du Territoire. De leur côté, les élus ne respectaient pas toujours le vote de leurs électeurs. Dès que les partis furent créés après 1949, les majorités à l’assemblée se faisaient et se défaisaient régulièrement. Les responsables politiques pratiquaient largement le clientélisme et/ou la corruption. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Le combat pour l’autonomie

Une première victoire satisfaisait cette revendication : la loi-cadre de 1957 qui créa une première autonomie. Le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958 y mit fin moins d’un an après : arrestation et condamnation de Pouvana’a et suppression de la loi-cadre.

De 1959 à 1977, le combat ne cessa pas pour obtenir l’autonomie, mais les autorités de l’État considéraient, avec un certain mépris, que la majorité de l’assemblée ne représentait pas la volonté du peuple polynésien, ce qui peut paraître étrange de la part de gaullistes, mais qui s’explique largement par la présence du CEP. En 1977, en 1984, puis régulièrement ensuite, le Gouvernement central accorda davantage de compétences à l’assemblée et au gouvernement qui en découlait.

Approfondir l’autonomie ou revendiquer la souveraineté ?

À partir des années quatre-vingt, une sorte de consensus s’établit dans la vie politique : la Polynésie serait appelée à se gérer elle-même, soit en partenariat avec la France, soit en obtenant la souveraineté quitte à conserver des liens avec elle.

Jean-Marc Regnault, agrégé et docteur en histoire.

Le gouvernement et la majorité Tapura a ont du faire face à un feu nourri de critiques de l'opposition.
Tarahoi, lieu de toutes les ambitions. (Archives LDT)