Selon un armateur, la France mal engagée dans l’exploitation des grands fonds

Pour Stéphane Pochic, qui a créé en 2018 sa start-up Loctudy world nodule company, la France ne peut passer à côté des richesses que l’exploitation des grands fonds marins peut apporter.
Pour Stéphane Pochic, qui a créé en 2018 sa start-up Loctudy world nodule company, la France ne peut passer à côté des richesses que l’exploitation des grands fonds marins peut apporter. (Photo : Franck Jourdain)
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Une étude des fonds au large du Japon.

Armateur à la pêche basé à Loctudy, dans le Finistère, Stéphane Pochic est aussi à la tête d’un projet d’exploitation de nodules polymétalliques. Les interrogations actuelles sur l’avenir des grands fonds, la possibilité de moratoires, voire d’une interdiction totale d’exploitation des grands fonds, inquiètent sincèrement l’armateur, dans une interview accordée il y a quelques jours à Anne-Laure Grosmolard, rédactrice en chef du magazine “le marin”. 

Je ne vois pas comment la France, qui possède le deuxième plus grand espace maritime du monde, peut passer à côté en pensant que cela suffira pour que les autres suivent son exemple”, argumente-t-il au marin“Cela ne nous rendra une fois de plus que plus dépendants de certains pays alors que nous prônons partout l’importance de la souveraineté. Vous pensez vraiment que la Chine ou la Russie se priveront d’aller chercher des terres rares dans les grands fonds ?”

Depuis 2018, Stéphane Pochic préside la Loctudy world nodule company, société qu’il a créée avec deux amis. Avec le soutien du pôle mer Bretagne Atlantique et de la technopole de Quimper, la start-up a mis au point une “récolteuse de nodules qui limite au maximum les impacts sur les fonds marins”, assure l’armateur. Et c’est cette machine qu’il aimerait aujourd’hui tester dans la zone de Clarion-Clipperton, dans le Pacifique. A l’image de ce qu’ont pu faire TMC et Allseas en octobre.

“Indispensable code minier

“En parallèle de tout ce qui est mis en place pour l’exploration des fonds marins, il nous faut pouvoir tester nos outils d’exploitation afin de mesurer leur impact et prendre ensuite les décisions en connaissance de cause”, plaide Stéphane Pochic. “Sinon, comment pourrons-nous développer demain la part des énergies renouvelables si l’on se prive des richesses des fonds marins ? En détruisant davantage les espaces terrestres où se trouvent les montagnes de terres rares et autres carrières ?”

Des arguments qu’il a pu développer l’an dernier auprès des sénateurs dans le cadre de la mission d’information sur les grands fonds, explique le marin. Conscient que l’océan est fragile, l’armateur breton invite lui aussi à ne pas toucher aux dorsales océaniques ni aux sulfures hydrothermaux, “trop fragiles et précieux pour la vie sur terre”. En revanche, les nodules polymétalliques sont “si riches et concentrés en métaux” qu’il suffirait selon lui de pouvoir exploiter 10 % des fonds marins concernés pour répondre “à nos futurs besoins”, plaide-t-il. C’est pour cela, conclut-il, que l’adoption rapide du code minier dédié “est indispensable pour encadrer les pratiques au plus vite”.