Le collège Maco Tevane au rythme du Heiva Taure’a 

Les répétitions vont bon train au collège Maco Tevane. (Photo : SG/LDT)
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J moins 5 pour les 10 collèges qui participent cette année au Heiva Taure’a. Des centaines de jeunes danseurs, chanteurs, orateurs et musiciens vont présenter, sur la scène de To’ata du 9 au 11 mars, le résultat du travail de toute une année scolaire. Au collège Maco Tevane, un des piliers du concours depuis son origine il y a 6 ans, le projet est totalement intégré aux apprentissages et se transmet par les élèves d’une année à l’autre. 

Mercredi, 11h30 au collège Maco Tevane. Un groupe d’élèves danse sous un préau, un autre joue des percussions dans la cour et un autre encore s’active dans une salle de classe pour coller, coudre et couper. Nous sommes à la costumerie. Raihau, élève de 3e est à la manœuvre, il est le référent d’une petite équipe de 4 personnes chargées de réaliser les costumes des 56 danseurs qui iront sur la place To’ata. La tâche n’est pas facile mais “tout sera prêt” assure t-il d’une petite voix. 

Tissus, purau, coquillages, végétaux… le matériel qui s’étale sur les tables est soigneusement utilisé sous l’oeil vigilant de la professeure Francesca Bryant : “Tout est recyclé, réutilisé, on ne jette rien ! Les robes de l’année passée sont transformées en sacs à more, les bases de nos chapeaux sont des carrés de pandanus tressés de l’année dernière, le kere a été utilisé il y a 4 ans, les graines ont été retirées d’anciens colliers… ”. Outre l’aspect écologique, il s’agit de ne pas faire de dépenses inutiles. “Nous avons ramassé tout ce qu’il nous faut dans la nature comme ces ti’a’iri (fruit du bancoulier) que l’on trouve dans la vallée” poursuit Francesca. Son enthousiasme est sans limites : “Avec les fleurs de tiare de l’année dernière, les élèves ont fabriqué du monoi… Le Heiva Taure’a, c’est aussi ça, un projet qui en entraîne d’autres. C’est sans fin !” 

Car pour elle, comme pour tous les autres protagonistes au sein du collège, le Heiva Taure’a est bien plus que la préparation d’un spectacle.

La volonté de départ était de monter un projet pédagogique en interdisciplinarité autour de la culture” raconte Vaihere Tunutu. Professeure de tahitien et français au collège Maco Tevane, elle est l’une des fondatrices du Heiva Taure’a il y a 6 ans. “La problématique était de savoir si la culture pouvait entrer dans nos pratiques. On s’est vite rendu compte que c’était une très bonne idée (…) Si le règlement du Heiva ne permet pas plus de 56 personnes sur scène, tous les élèves participent tout au long de l’année à travers les cours délivrés en classes qui traitent de la thématique choisie pour le spectacle.” 

Ainsi, autour du thème de l’eau, I vaivai a’a, ua vai na : te vai, choisi cette année par le collège, les élèves ont transformé leur robot du cours de techno en puhi (anguille), réalisé un logo et une vidéo de présentation en arts plastiques, retranscrit les différents bruits de l’eau en musique, rédigé les séquences du thème en français et en tahitien etc. Les apprentissages prennent sens et décuplent la motivation des élèves.

On aimerait que les membres du jury se déplacent dans les établissements, comme pour le Heiva I Tahiti, pour voir le travail que les élèves fournissent” souligne Vaihere. Elle reconnaît toutefois que c’est bien le travail pédagogique qui est mis en valeur par le jury. En amont du spectacle, chaque collège doit en effet rendre un dossier pédagogique puis trois élèves par établissement passent une audition pour présenter le projet. Cette note pédagogique est évaluée sur 700 points contre 540 pour le spectacle. 

Le collège Maco Tevane peut s’enorgueillir d’avoir déjà obtenu plusieurs fois le meilleur dossier pédagogique et a remporté le grand prix du Heiva Taure’a l’année dernière. L’aboutissement d’années d’efforts et de transmission par les élèves eux-mêmes. 

Dés le mois de mars, après le Heiva, le nouveau thème est lancé. Le travail d’écriture commence, le récit est fini en juin et une nouvelle équipe organisatrice composée d’élèves prend les choses en main dés la rentrée, les ateliers du mercredi sont mis en place et pendant les vacances de février, ils répètent 4 heures par jour. La machine est bien rôdée.

“Les élèves développent leur autonomie (…) nous adultes, nous avons appris à leur faire confiance…” conclut Vaihere avec un grand sourire.

Huiarii, élève de 3e, participe pour la 3e fois au Heiva Taure’a avec le collège. Elu meilleur danseur l’année dernière, il a le privilège d’encadrer les autres cette année. “C’est pas toujours facile à gérer, ils ne sont pas toujours à l’écoute mais ça va” dit-il. Responsabilisé et motivé, il espère encore gagner cette année et apprécie tout de ce projet pédagogique :“la danse, la culture, l’ambiance…”
Samael (en noir) est un élève de 3e très impliqué sur cette préparation du Heiva Taure’a. Percussionniste en 2022, il sera chanteur, danseur et orateur cette année. Il a écrit ses orero et présentera certains tableaux du spectacle.

Raihau (assis) est le référent à la costumerie.
Dans tous les ateliers, les garçons sont en force cette année.

Une partie de l’équipe pédagogique : Pita Rataro, Alexandre Chungues, Vaihere Tunutu et Francesca Bryant.

10 collèges pour l’édition 2023

Cette 6e édition accueille dix collèges, dont quatre des îles.

  • Afareaitu
  • Anne-Marie Javouhey
  • Bora Bora
  • CJA
  • Maco Tevane
  • Makemo
  • Paea
  • Pomare IV
  • Tahaa (participe uniquement dans la catégorie “meilleur orchestre”)
  • Taravao

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