Justice – Réquisitions sévères pour huit importateurs d’ice

Pendant plus d'un an d'enquête, de nombreuses écoutes téléphoniques sont réalisées, des surveillances, jusqu'à une intervention musclée des forces de l'ordre.
Pendant plus d'un an d'enquête, de nombreuses écoutes téléphoniques sont réalisées, des surveillances, jusqu'à une intervention musclée des forces de l'ordre. (Photo : YP)
Temps de lecture : 2 min.

Un véritable jeu de piste ce mardi 7 mars dans l’après-midi au tribunal correctionnel, lorsque comparaissent huit prévenus dans deux volets d’une même affaire de trafic de drogue. Quatre femmes que l’on juge pour l’importation concrète de 84,4 grammes d’ice, via une mule arrivée de Hawaii en octobre 2015 avec la drogue insérée dans le vagin. Les autres, quatre hommes, sont impliqués dans la tentative d’importer deux kilos de méthamphétamine cachés dans des pièces automobiles achetées à Los Angeles. 

Très vite, et de l’aveu même d’un des avocats de la défense, il est difficile de comprendre pourquoi ces deux affaires, qui semblent bien distinctes, sont liées par la procédure. Seul argument plausible, le nom d’un homme apparaît des deux côtés, tantôt revendeur, tantôt cerveau.

L’enquête débute après la saisie d’un téléphone portable à la prison de Nuutania. Pendant plus d’un an d’enquête, de nombreuses écoutes téléphoniques sont réalisées, des surveillances, jusqu’à une intervention musclée et la porte d’une chambre de l’hôtel Manava défoncée lors de l’intervention des forces de l’ordre. Des sachets plastiques ainsi que de l’ice sont retrouvés au sol. Plus d’un million de francs en espèces se trouve dans le sac à main de la maman d’une des mules, septuagénaire. “Les bénéfices” de 3 mois d’exploitation d’un snack de Moorea dit la revendeuse pendant sa première audition.

Dans cette affaire, il y a un homme, Mickey (prénom d’emprunt), en contact téléphonique au moment des faits avec les personnes interpellées dans la chambre d’hôtel. L’individu a déjà été condamné pour importation de stupéfiants, 110 grammes d’ice trouvés dans du café en 2014. Il faut admettre que certaines des écoutes téléphoniques, dans lesquelles on l’entend dire qu’il faut “peser sans le plastique” ou encore “mettre des gants”, sont assez originales pour une simple conversation entre des “amis d’enfance” selon la version de Mickey. Dans une autre des conversations, il est question qu’il récupère “50”. “Cinquante quoi ?” demande le président du tribunal. “Je lui avais emprunté 50 000” répond le prévenu.

Deux kilos achetés, jamais livrés

Mickey est donc aussi un des protagonistes du second volet de l’affaire, celui des pièces détachées à Los Angeles. Avec lui, dans la salle d’audience, se trouve un intermédiaire qui est aussi un des financiers de l’opération. Il y a le mécanicien chargé de camoufler la drogue mais aussi un autre prévenu, à l’absence non justifiée. Ce dernier serait l’initiateur du projet d’importation américaine et à l’origine de la mise en relation des auteurs de cette tentative. Tentative, car la drogue achetée à des Mexicains de Los Angeles est ensuite dissimulée dans des pièces automobiles qui ne seront, finalement, jamais expédiées à Tahiti.

Le procureur annonce des réquisitions sévères. Il rappelle que tous ou presque sont en état de récidive légale. Il rappelle aussi que parmi les prévenus, l’un est marié avec une agente de la DSP, une autre partage la vie d’un des responsables de la détention à Nuutania. Il demande deux et trois ans de prison pour les deux mules, la revendeuse et la mamie logeuse. Cinq ans pour les autres.

Plusieurs avocats de la défense rappellent que, pendant l’instruction, le juge a prononcé deux non-lieux, un total et un partiel, pour deux hommes qui sont souvent cités dans la procédure et les écoutes. Ils ne comprennent pas pourquoi leurs clients seraient jugés différemment. Certains demandent la relaxe pure et simple, d’autres des peines aménagées. Délibéré le 21 mars.

Compte-rendu d’audience YP