Magazine – En Birmanie, la popularité intacte du Lethwei, un sport de combat ultraviolent

Le Lethwei est considéré comme l'un des sports de combat les plus violents au monde, les boxeurs délaissant leurs gants pour de simples bandelettes. En plus des coups de genoux et de coudes, ils peuvent utiliser la tête.
Le Lethwei est considéré comme l'un des sports de combat les plus violents au monde, les boxeurs délaissant leurs gants pour de simples bandelettes. En plus des coups de genoux et de coudes, ils peuvent utiliser la tête. (Photo AFP)
Temps de lecture : 2 min.

Bandages aux mains, coups de genoux, coups de tête… Tout ou presque est permis dans la boxe birmane, le Lethwei, un sport de combat brutal qui continue de fédérer dans ce pays d’Asie du Sud-Est, déchiré par un conflit civil depuis le coup d’Etat de 2021.

Après un coup de pied vicieux à la poitrine de son adversaire, Hlaing Htet Aung est déclaré vainqueur par l’arbitre, sous les hourras de la foule et le bruit de l’orchestre installé près du ring.

Sa victoire a constitué l’un des temps forts d’un tournoi traditionnel de Lethwei qui, durant cinq jours, a réuni une large public pour la première fois depuis le début de la pandémie de Covid-19.

“Ce n’est rien”, affirme le jeune homme âgé de 22 ans, à propos de son visage gonflé par les bleus et les bosses. “Je suis heureux parce que j’ai gagné” face au champion sortant dans sa catégorie.

Le Lethwei est considéré comme l’un des sports de combat les plus violents au monde, les boxeurs délaissant leurs gants pour de simples bandelettes. En plus des coups de genoux et de coudes, ils peuvent utiliser la tête pour frapper l’adversaire, contrairement à la boxe thaïe à laquelle il ressemble.

“C’est un homme, n’est-ce pas ? Un combattant de Lethwei a l’habitude de rentrer chez lui avec des blessures”, assure Chit Htwe, la mère du boxeur, en lui tendant un glaçon pour refroidir ses ecchymoses.

Le jeune homme a empoché l’équivalent de 430 dollars.

Le Lethwei a une longue histoire. Dans certains temples, des sculptures suggèrent que ce sport remonte à plus de mille ans, du temps des premiers royaumes birmans.

Sa pratique survit aujourd’hui dans l’Est du pays, en particulier les états Karen et Mon, près de la frontière thaïlandaise, où des combats sont organisés aussi bien pour des funérailles que pour le Nouvel An.

Fédérateur

Plus de 1000 personnes sont venues assister à la fin du tournoi dans le canton de Hlaingbwe, dans l’Etat Karen, assises sur des chaises en plastique sous un immense toit en bois.

L’événement est fédérateur, attirant moines, groupes ethniques rivaux et militaires.

L’Etat Karen est déchiré par des conflits depuis son indépendance de la Grande-Bretagne en 1948, les rebelles ethniques se battant entre eux et contre l’armée.

Le plus important des groupes ethniques rebelles, l’Union nationale Karen, a affronté l’armée à plusieurs reprises depuis le coup d’État de la junte il y a deux ans, qui a conduit à une répression sanglante de la dissidence.

Mais dimanche, officiers et hauts responsables de groupes rivaux se sont mêlés dans la même foule pour assister au spectacle.

L’une des rares boxeuses à l’affiche, Dawna Bo Ma, 16 ans, est originaire de Myawady, à la frontière thaïlandaise.

Elle est allée jusqu’au bout des cinq reprises contre son adversaire thaïlandaise, plus grande et plus lourde. Après le combat, son équipe lui a retiré ses bandages des mains et a appliqué de la vaseline sur une coupure au-dessus de son sourcil. Elle a fait match nul, mais a de grandes ambitions.

“Je dois d’abord gagner des combats en Birmanie et s’il n’y a personne pour me défier, j’irai me battre en Thaïlande”, dit-elle à l’AFP. “Je suis une combattante (…) Je n’ai pas peur d’être blessée”.

AFP