Tribune – “Je, me, moi, vau…” par Simone Grand

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Quel fascinant défilé d’egos surdimensionnés que cette campagne électorale télévisuelle 2023 ! D’autant plus fascinant que les candidats à nous gouverner sont dépourvus de la superbe assurance qui animait leurs prédécesseurs de 1984. Certains avaient un style efficace de séduction. Ils sont toujours imités mais restent inégalés… y compris par eux-mêmes quand ils tentent de se ré-aggripper aux commandes qui leur ont échappé des mains. Ils ont beau se plagier, ça ne marche plus. 

Par contre est inchangé l’appétit, l’avidité même, pour les postes sur-rémunérés au regard des compétences détenues. Et là, des femmes n’ont rien à envier aux hommes. Elles s’y révèlent être des mecs de pouvoir comme les autres.

Autre étrangeté: chacun agit, parle, expose, propose et promet pour demain sans faire un quelconque bilan de ces 40 ans d’autonomie d’une souveraineté plutôt large.

Telle une mécanique décérébrée, ça gère rivières et ruisseaux comme des cours d’eau navigables et flottables!!!… dépossédant les riverains des lits de rivières devenus carrières exploitées sans discernement. Ça transforme nos rivières en pierraille aride, égoût à ciel ouvert ou caniveau putride. La Nahoata est cimentée sur son fond et ses rives… Qui en a profité?

Et quelle fertile imagination dans le développement d’arguments foireux pour justifier la vandalisation de l’environnement, si lucrative pour quelques-uns, acculant les habitants à des comportements pathogènes! Et, sans vergogne, sont désignées coupables, les victimes de ces décisions.

Tout aussi décalée est la promesse de sur-subventionner le carburant dont les coûts sont en flambée irréversible! La sagesse serait de promouvoir l’indépendance énergétique de pêcheurs en réintroduisant la navigation à voile en réservant le carburant à la réfrigération du poisson !

Et quelle absence d’imagination dans la recherche de solutions au douloureux problème du foncier ! Nul ne se propose d’inviter l’Etat à adapter les principes de liberté, égalité, fraternité à notre réalité géographique ! Imposer la méthode appliquée à un immense continent, c’est discriminer les insulaires. C’est les acculer à une perte d’égalité, de liberté et de fraternité !

Sapristi ! On n’organise pas la vie à bord d’une pirogue de 30 places de la même manière que celle à bord d’un paquebot de 3000 places ! Pas besoin de sortir de grandes écoles pour en convenir.

Dans ce défilé singulier d’adeptes du “Moi, je, Vau”, ça se présente: soi, son nom, son visage, son physique et une vague biographie comme solution aux problèmes vitaux de plus de 200 000 habitants! Et, au pied levé, ça cherche des co-équipiers pour cette aventure pourtant plus grave que celle de piloter un avion de ligne. Ici, les compétences ne semblent guère exigéees. A un mois de l’échéance, ni le cap à atteindre, ni les escales ni les conditions offertes aux passagers ne sont définis mais ça annonce être prêt à prendre le gouvernail !!!

Questions: A l’heure où la population active s’épuise dans des embouteillages ruineux sans fin, en quoi le projet “Village tahitien” améliorera-t-il la vie de la population de Tahiti? Qui s’engage à réduire l’importation de déchets ? Qui s’engage à sauvegarder les espaces naturels d’épanouissement ?

Notre vie politique avec ses deux discours contradictoires Autonomie/Indépendance me semble en panne de créativité. Il est temps de faire le point et de sortir de l’impasse hypnotique exercée par son pito, son nombril.

‘Ia maita’i

Simone Ta’ema Grand