Stéphane Bern apporte son soutien pour sauver la Maison de la reine Marau

La bâtisse dite la Maison de la reine Mārau est située en face de la poste à Papeete (Photo : SG/LDT)
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Le sort de la Maison de la reine Marau, face à la poste de Papeete, est désormais entre les mains de l’homme d’affaires Jean-Pierre Fourcade qui a acheté le terrain de 1 500 m2 au mois d’octobre dernier au prix de 400 millions de francs. Une belle somme qui correspond au prix du marché dans cette zone, dite A, de Papeete.

Cela fait maintenant de longues années que cette maison historique n’a pas été entretenue et elle serait aujourd’hui très abîmée et irrécupérable en l’état d’après une étude commandée par le nouveau propriétaire. 

Une des solutions, d’après le ministre de la Culture Heremoana Maamaatuaiahutapu, serait de reconstruire la bâtisse à l’identique sur un nouveau terrain. “On ne pourra pas la déplacer – seuls quelques éléments de décoration sont à récupérer – donc, une des solutions envisagées est de la reconstruire et il faut trouver un terrain pour cela. Ce peut être un terrain près de l’assemblée, ou un autre… L’autre piste serait de ne pas la reconstruire” dit-il. 

Si ce dossier ne semble pas être en haut de la pile, surtout en cette période électorale, le Pays reste ouvert à toute possibilité. Jean-Pierre Fourcade, de son côté, serait prêt à participer financièrement à la renaissance de ce patrimoine laissé à l’abandon par les descendants et les gouvernements successifs. 

Un autre protagoniste est entré récemment dans la partie. Suite à la diffusion du documentaire Tahiti, une reine en héritage (réalisé par Alexia Klingler et Fabrice Gardel), l’animateur Stéphane Bern a pris contact avec l’ancien propriétaire de la maison Raanui Daunassans-Pomare, puis avec le Pays pour proposer son aide. Stéphane Bern n’est pas seulement animateur, il a créé une fondation, abritée à l’Institut de France, qui a pour mission de concourir à la protection du patrimoine en finançant des projets. Dans un courrier, le gouvernement de la Polynésie française lui a répondu “qu’un projet était à l’étude et qu’il reviendrait vers la fondation dés lors que celui-ci aurait été élaboré avec plus de précisions.”

Un trésor sur un plateau d’argent

Alors qu’il a vendu la maison, le descendant Raanui Daunassans-Pomare souhaite aujourd’hui avant tout mettre en valeur et montrer au grand public sa collection d’objets rares et historiques. Il possède en effet du mobilier, de la vaisselle, des tableaux et d’autres trésors qui mériteraient d’être exposés. 

Selon lui, la maison n’est pas totalement abîmée et pourrait être déplacée – de préférence sur le terrain de la reine Pomare IV qui allait du bassin de la reine jusqu’à la poste en passant par le terrain du haut-commissariat – et réaménagée comme au temps de ses ancêtres. “J’ai tout ce qu’il faut pour valoriser la maison” dit-il enthousiaste. 

Il est vrai que son patrimoine est impressionnant : du mobilier, dont un salon, issu du palais de la reine Pomare IV installé ensuite dans la maison de la reine Marau, un casque de la bataille de Fe’i Pi, une table à poipoi, une coupe en nacre et bois taillée en une seule pièce, une console, des pendules, des lances, le lit de la reine, de la vaisselle de Limoges offerte par Napoléon III à la reine Pomare IV etc. “C’est quand même dommage de garder cela dans des placards ou dans des garde-meubles. La maison pourrait être magnifique et d’un grand attrait touristique pour la ville de Papeete. Je crois que les autorités ne réalisent pas” déplore t-il. 

En attendant de connaître le sort de cette maison, Raanui Daunassans annonce la sortie d’un ouvrage l’année prochaine sur la période 1918 à 1935 qui ferait suite aux Mémoires de la reine Marau écrit par la fille de celle-ci, la princesse Ariimanihinihi Takau Pomare. 

Un peu d’histoire

La reine Marau (arrière-grand-mère de l’héritier Raanui Daunassans-Pomare) a fait construire la maison, en 1897, sur l’ancienne maison existante de sa mère Ariitaimai qui, elle-même, avait reçu le terrain en cadeau de mariage par la reine Pomare IV (1813-1877). 

A l’époque, la reine Marau a réalisé elle-même les plans et a fait construire une bâtisse en bois de style victorien. En 1899, elle a acheté le mobilier du palais de la reine Pomare IV qui constitue aujourd’hui un joli patrimoine culturel.

A la mort de la reine Marau, sa fille, la princesse Takau, a hérité de la maison. Souvent absente – elle vivait en France – des petites cousines y ont vécue, la maison est restée dans la famille. “Ma mère y est née en 1914 (…) il y a 22 ans, elle a laissé un héritage conséquent et conflictuel” raconte Raanui. Selon lui, l’édifice, remis à neuf en 1988, avant d’être laissé à l’abandon, possède encore les structures d’origine qui pourraient être déplacées et utilisées. 

Voici une partie du patrimoine des descendants de la reine Marau. Le mobilier et les objets proviennent, pour la plupart du palais de la reine Pomare IV (1813-1877).