Tribune – “Mort, Décés, Mate, Pohe…” par Simone Grand

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Chacun son tour ou en même temps, nous vivons régulièrement l’infinie douleur délivrance de la mort d’un être aimé.
Où, même si après avoir creusé un trou, y avoir inhumé un être cher et rebouché ; à l’intérieur de soi, c’est comme si : “au grand jamais / son trou dans l’eau n’se refermait” (Brassens).

Cette année, à quatre fois 20 ans, ça ne fait jamais que deux béances de plus à trimbaler en un soi tout troué mais avançant… telles les bouleversantes sculptures de Bruno Catalano.

Nous avons inhumé notre remuante et si généreuse tête de pioche de cousine, amie, frangine Renée Ariiuaua, maman, nona, nani, tatie qui nous a lâchés sans prévenir,… même si elle disait être fiu.

Le vide laissé par son Gilbert lui devenait d’autant plus invivable qu’elle se pensait moins utile. Pourtant, ne plus l’entendre ni voir tempêter, aimer, secourir, cuisiner et boire un coup avec, bousculer, chérir, taquiner, louanger, engueuler, régaler, y compris les gosses du quartier…, c’est vraiment pas top !

15 jours après, ce fut Coco Tinomana qui n’a cessé de chérir son épouse, travailler, entreprendre, construire : maison, bateau, meubles ; pêcher, éduquer : enfants, petit frère, beau-frère, sœurs, nièces, neveux, petits-enfants, voisins, etc. Une maladresse médicale scella le malheur bien au-delà du patient et de l’acte funeste.

Douze ans de douleurs pour le Chéri de Diane, le papa, papou, tonton, frère, beau-frère, ami. Une tête de pioche aussi pour qui, “si ce n’est pas un ange qui l’a fait, je peux essayer”, mobilisant son cerveau, roro, à qui l’école n’enseigna qu’en tahitien, le minimum du lire, écrire et compter, à Huahine il y a 83 ans. Mac Gyver à côté ? Pff !! Le fichu caractère de l’un et l’autre fait que les inévitables anicroches furent traitées au fur et à mesure. Les connaître fut une vraie chance.

Dans les rituels anciens se pratiquait entre autre, la double inhumation (T. Henry.) Dans le premier trou, s’y jetait : branches, pierres,… représentant les fautes décrites énumérées du défunt de son vivant. Les méchancetés et malentendus enterrés, c’était au tour du corps, entouré de simulacres de ses proches. Puis, apaisés, tous se baignaient à la mer et brûlaient les vêtements et objets de la maladie.

D’autres rites célébraient le défunt et accompagnaient les endeuillés une année durant.
Chacun était accepté dans son humanité défaillante. Appliqué au présent, cela aiderait à mieux vivre le décès de parents et amis avec qui les pe’ape’a ne furent jamais traités.

Et quelle différence avec les actuelles funérailles d’officiels où, de fieffés forbans casseurs de vie, détourneurs de fonds publics et/ou privés, auteurs d’énormités sociales, culturelles et de bévues notoires sont célébrés tels de parfaits saints !

Le culte de la personnalité prôné pour des défunts respectables et imparfaits, a d’ailleurs tendance à s’étendre à des vivants qui se la jouent majestés.

Pourtant les ari’i étaient régulièrement moqués par les ari’oi. Et partout, en Sciences, les travaux des savants morts ou vivants, mondialement reconnus, sont l’objet d’une constante et saine critique.

Seuls les régimes totalitaires, ici missionnaires-Pomare II et CEP-Flosse ont usé de l’intimidation et de la menace pour s’imposer et durer. En subsistent de tristes réflexes.

Exigeons de nos prochains gouvernants la fin de l’insincérité et du toc.
Comme les rivières, la population est malade et se meurt de toute cette fausseté.

Ia maita’i
Simone Grand