Après déjà six renvois, le procès du docteur Théron s’ouvre ce mardi

Le procès du docteur Jean-Paul Théron s'ouvre ce mardi 21 mars au palais de justice de Papeete.
Le procès du docteur Jean-Paul Théron s'ouvre ce mardi 21 mars au palais de justice de Papeete. (Photo archives La Dépêche)
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Le procès du docteur Jean-Paul Théron s’ouvre ce mardi 21 mars au palais de justice de Papeete. Le médecin est jugé pour violence aggravée et outrages. Tout d’abord pour l’accueil présumé musclé d’un huissier à son domicile le 16 septembre 2021, et pour outrage sur des gendarmes le 18 septembre, toujours chez lui à Arue. Il risque jusqu’à sept ans de prison. Selon la défense, sauf surprise, il ne doit pas y avoir de nouveau renvoi.

À l’heure ou la métropole et ses médias s’écharpent sur le cas du Dr Raoult, peu de temps après le scandale du mariage de Tearii Alpha et à l’apogée de toutes les théories sur le virus, ses traitements, ses “complots”, Tahiti tient son médecin aux cheveux longs prescripteur d’hydroxychloroquine et d’ivermectine. Le ministère public le défend pourtant à l’époque, convoquant même une conférence de presse. Ce procès n’est, en aucun cas, lié  à l’activité de médecin de Jean-Paul Théron ou à des prescriptions de pilules, insiste la justice. Dans cette autre procédure “médicale”, suite à une plainte du Pays, la chambre disciplinaire de première instance de l’Ordre des médecins a prononcé une interdiction d’exercer de 3 ans, dont deux avec sursis contre le Dr Théron en mars 2022.

Une arrestation jugée brutale et humiliante par ses proches

Lors des précédents renvois, ses nombreux avocats se sont toujours déclarés étonnés voire offusqués de la “précipitation”, inexplicable selon eux, avec laquelle la justice a agi dans l’affaire. Un premier fait commis le jeudi, une visite de gendarmes le samedi, une arrestation le lundi. Maître Millet, un des avocats du médecin, s’est toujours dit, pour le moins, surpris de cette curieuse efficacité des forces de l’ordre. Selon lui, dans beaucoup d’affaires de violence, la justice met parfois des mois avant de procéder à une interpellation. Maître Stanley Cross, pour sa part, considérait après le premier renvoi que vouloir juger si vite était presque déjà une atteinte aux droits de la défense.

Une première journée d’audience pour parler de nullité

Avant de juger l’affaire sur le fond, d’aborder la scène durant laquelle le médecin aurait blessé l’huissier ou insulté le gendarme, la défense compte demander l’abandon des poursuites et soulever plusieurs points de nullité, ce qui va prendre la journée. Ils dénoncent des irrégularités dans la procédure, l’aspect disproportionné de l’arrestation et remettent en cause les conditions de la garde à vue. Plus grave, Maître Millet parle de “faux et d’usage de faux”. Cela concerne les “outrages” reprochés au médecin, plus particulièrement les témoignages des gendarmes présents. “L’un est un copier-coller d’un autre” dit Maître Millet, “à la virgule près”. Cela peut laisser à penser, selon l’avocat, que l’un des deux a signé un témoignage qui n’était pas le sien. “C’est un faux”, explique-t-il.

Le procès Théron, une tribune politique ?

Le dernier passage du docteur Théron au tribunal n’était pas pour l’une de ses affaires, mais pour aller afficher son soutien à Oscar Temaru lorsqu’on jugeait le maire de Faa’a et radio Tefana le mois dernier. On retrouve d’ailleurs en partie les mêmes avocats pour la défense dans ces deux procès, et dans les deux cas le public est rassemblé pour soutenir les prévenus face aux magistrats, sous des tonnelles bleues. Simple docteur bougon à l’ancienne, un peu rebelle mais pas méchant, ou militant anti-système proche du mouvement indépendantiste, ses positions contre la gestion de la crise Covid par la France et le Pays, plus précisément Edouard Fritch, lui ont donné une stature d’homme public puis d’homme politique, candidat aux législatives en 2022. Il avait obtenu 2,47 % des voix dans la 1re circonscription. Là encore, deux manières de voir la chose. Un score anecdotique pour ses détracteurs, ou bien un score décisif, 747 voix, alors qu’il n’y avait que 672 voix d’écart entre Tematai Legayic et Nicole Bouteau dans cette circonscription Pour Maitre Millet : “le docteur Théron n’est pas sur une liste je crois. Et puis c’est une affaire qui concerne davantage l’Etat que le Pays, il n’ a donc pas selon moi de raison de donner un aspect politique au procès.”

YP