Journée de l’allergie – Sandrine Salmon, maman d’un enfant allergique : “au début, on a peur”

Sandrine Salmon est présidente de l'antenne polynésienne de l'Association française pour la prévention des allergies (Afpral).
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Sandrine Salmon est présidente de l’antenne polynésienne de l’Association française pour la prévention des allergies (Afpral) et met en place ce mardi 21 mars dans la nef du Centre hospitalier de Polynésie française (CHPF), de 8 heures à 15 heures, un dispositif d’information et de sensibilisation dans le cadre de la Journée de l’allergie. Elle-même maman d’un enfant allergique, elle est passée par les différentes étapes, parfois difficiles, pour assurer la sécurité et la qualité de vie de son fils.

Le diagnostic d’une allergie alimentaire bouleverse le quotidien. Surtout lorsqu’il s’agit de son enfant. Dans son malheur, Sandrine Salmon a eu la chance, malgré tout, de comprendre très vite à quoi était allergique son fils. Il a fallu ensuite adapter le mode de vie et acquérir de nouvelles habitudes : 

J’ai découvert l’allergie de mon fils aux produits laitiers très tôt. Les premiers mois de sa vie, après l’allaitement, il ne voulait pas du tout prendre de lait en poudre. Au début, on me disait que c’est parce qu’il voulait encore le lait maternel mais, les très rares fois ou il prenait des gouttes de lait, il vomissait énormément. Le pédiatre a fait un test, il lui a mis un patch dans le dos et il nous a dit d’attendre un ou deux jours pour voir ce qui allait se passer ; l’après-midi même, le bébé avait le dos tout rouge ; le médecin nous a confirmé qu’il s’agissait d’une allergie aux produits laitiers. 

(…) Je ne viens pas d’une famille avec des allergies ni de l’asthme alors, j’étais complètement perdue. A chaque fois que je voyais le pédiatre, j’avais une liste de questions. Au début, on a peur, on ne sait pas quoi faire, toutes les habitudes sont remises en question, on n’ose plus trop sortir, manger à l’extérieur. On se promène avec la trousse d’urgence. 

Il voulait simplement être comme les autres”

Et puis, peu à peu, on se dit qu’on ne peut pas vivre sous cloche alors, on informe son entourage et les amis – merci à eux – s’adaptent, ils préparent des choses sans lait, sans crème, sans beurre. Nous allions dans certaines pizzerias qui nous connaissaient et faisaient le nécessaire… Les choses se mettent en place sinon ce n’est pas vivable. 

On apprend aussi à lire les étiquettes. On apprend à substituer. Je suis allée jusqu’à voir avec des grossistes pour faire venir certaines margarines végétales. Ils l’ont fait volontiers. 

Si de nombreux produits alimentaires lui étaient interdits, mon fils avait aussi un traitement de fond avec des médicaments journaliers. Et, comme tous les enfants allergiques, malgré les contraintes, il voulait simplement être comme les autres. Alors, nous faisions le nécessaire pour lui faciliter la vie. 

(…) Tout au long de sa scolarité, il a été suivi par un PAI (programme d’accueil individualisé) ; c’est un document signé par les parents, le médecin scolaire et l’établissement, qui précise les adaptations à apporter à sa vie en collectivité. 

(…) Aujourd’hui, il a 16 ans et, depuis un an, il va beaucoup mieux. En accord avec le médecin, il a stoppé son traitement de fond et tente des choses à la maison. Il veut s’émanciper de tout cela même s’il gardera des réflexes d’éviction toute sa vie (…) Je me dis que je peux enfin baisser la garde.” 

Pas d’allergologue pour les adultes en Polynésie

Avec sa propre expérience, Sandrine Salmon peut aujourd’hui répondre aux questions des parents et des personnes allergiques en général. Elle a créé l’antenne polynésienne de l’Afpral en 2010 et l’objectif de la journée de l’allergie, organisée tous les ans, est d’informer et d’accompagner. L’association travaille aussi tout au long de l’année avec la pédiatre allergologue, les services de santé et de l’éducation afin notamment d’accompagner la mise en place des PAI (projet d’accueil individualisé) dans les établissements.

Rappelons qu’une allergie a souvent un terrain héréditaire. Elle est une réaction anormale du corps qui n’accepte pas quelque chose, cela se traduit par des tâches, des rougeurs, des vomissements et peut aller jusqu’au choc anaphylactique. 

En Polynésie française, il n’y a plus d’allergologue pour les adultes. Les patients se voient obligés d’enquêter sur leur allergie auprès de différents spécialistes comme le pneumologue et le dermatologue. Une fois, l’allergie identifiée, il existe plusieurs solutions comme l’éviction et les traitements de fond pour aider à la désensibilisation. 

Sandrine Salmon souhaiterait qu’un observatoire soit mis en place en Polynésie afin de cartographier les allergies et mener des actions plus ciblées. Elle estime qu’une personne sur 5 est allergique et un enfant sur 4. 

Journée de l’allergie au CHPF

Journée de l’allergie dans la nef du Centre hospitalier de Polynésie française (CHPF), de 8 heures à 15 heures. 

Le public disposera de livres, de brochures, de dépliants, de tests Anapen (stylos d’injection d’adrénaline).

Seront présents, le service pédiatrie et le service diététique du CHPF. Des conseils pratiques seront délivrés comme la lecture des étiquettes et l’attention à porter sur les durées de validité des doses d’adrénaline.