A la plage, il se masturbe devant deux jeunes filles  : 15 mois de prison ferme

Quand la Présidente lui demande de donner sa version, l'accusé répète qu'il était "possédé" : "c'est le seigneur qui doit me juger". La Présidente répond : "Le seigneur vous jugera peut-être plus tard, mais aujourd'hui c'est cette cour qui va vous juger". (Photo arch. LDT)
(Photo arch. LDT)
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Un Polynésien de 48 ans aux allures de danseur est face au tribunal en comparution immédiate le 20 mars 2023. T-shirt blanc impeccable, long cheveux ondulés poivre et sel qu’il attache et détache en permanence, il semble souffrir de troubles obsessionnels compulsifs (TOC), en tout cas cligne des yeux plusieurs fois par seconde.

Le prévenu comparaît pour s’être masturbé face à deux jeunes filles de douze et treize ans, le 13 mars 2023, sur une plage publique de la côte ouest. C’est un habitué de la zone. Sans-emploi depuis quatre ans, l’homme passe le plus gros de son temps à errer entre le PK 18 et l’ancien hôtel Tahiti Ora Beach. Pendant sa garde à vue, il précise même qu’il va là-bas “parce qu’il y a des femmes”. Il reconnaît aussi souvent se masturber près de la plage, mais habituellement il se cache, dit-il.

Son attirance pour l’auto tripotage en public lui a déjà valu deux condamnations pour exhibitionnisme en 2004 et en 2018. Le lundi 13 mars peu après 14h, il aperçoit deux collégiennes partir en kayak à hauteur du PK 16, en face de la maison d’une d’entre elles.

À leur retour, elles voient le prévenu en train de se masturber, il s’approche ensuite d’elles, le sexe à la main. À la question, “était-il en érection ?”, l’une d’entre elle répond pendant son audition, lue par le président du tribunal, “je ne sais pas ce que c’est”. Elles sont en revanche certaines de la pratique à laquelle l’homme se livre à ce moment-là.

Prévenus par la grande sœur d’une victime, les gendarmes sillonnent la plage et voient un homme courir en direction des jardins de l’hôtel Tahiti Ora Beach abandonné. Ils n’arrivent pas alors à l’interpeller. Plus tard, une professeure de danse du centre Tamanu alerte les forces de l’ordre, car un homme louche regarde ses élèves par une fenêtre. La description du “serial-mateur” et du pareu qu’il porte correspond à celui qu’ils recherchent.

Là encore, l’homme s’enfuit. Il décide finalement de se rendre à la gendarmerie de Paea deux jours plus tard en disant avoir fait une erreur”. “Ce n’est pas une erreur, c’est un délit” commente le président du tribunal.

Excité par sa psychiatre en pleine expertise

Son rapport d’expertise psychiatrique date de 2018 lors de sa précédente condamnation. Il y avoue avoir des “pulsions” lorsqu’il voit des femmes. Grandes, grosses, vieilles, jeunes, peu importe. 

À l’évocation de ce rapport le prévenu confirme : “J’aime toutes les femmes. Si elles avaient eu 40 ans ça aurait été la même chose”. Il n’a jamais commis d’agressions physiques, mais cela n’empêche pas les jeunes filles d’être toujours profondément choquées de ce qu’elles ont vécu.

L’une d’entre elles a des troubles du sommeil. Elles ne se sentent plus jamais en sécurité et ne veulent plus rester seules, surtout celle qui habite en bord de mer et dont le prévenu connaît donc l’adresse. Selon leurs parents présents dans la salle d’audience, elles iront mieux quand elles le sauront en prison. Leur avocat demande 250 000F de dommages et intérêts pour chacune d’entre elles pour le préjudice moral.

Le procureur insiste sur le fait que, contrairement à ses dires, en étant vu quelques heures plus tard à nouveau devant les élèves d’une école de danse, l’homme semble bien attiré par les très jeunes femmes. “Il est un danger” annonce le procureur, qui demande 18 mois de prison, dont 9 avec sursis et l’interdiction pour le prévenu de se rendre à PK 18.

Le tribunal va au-delà des réquisitions et le condamne à 24 mois de prison, dont 9 avec sursis et 100 000F à verser aux deux victimes. Il est maintenu en détention.

Compte-rendu d’audience : YP