Les écrans : le fléau des collèges, l’affaire des parents

Quels sont les dangers des écrans ? comment gérer le temps d'écran ? comment repérer l'addiction ? Toutes ces questions, et d'autres, ont été soulevées lors de la réunion exceptionnelle organisée mardi soir par le collège de Arue. Aucune solution miracle n'a été apportée mais le sujet a fortement mobilisé et les différents intervenants ont émis quelques pistes.
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La cantine du collège de Arue était pleine à craquer ce mardi 22 mars en soirée. Les parents et les élèves sont venus très nombreux à une réunion organisée par l’établissement en partenariat avec le Fare Tama Hau et la Maison de confiance et de protection des familles (anciennement brigade de la prévention de la délinquance). Le thème de la rencontre : les écrans, leurs effets néfastes et la difficulté des parents et des responsables pédagogiques à gérer leur utilisation par les jeunes adolescents. 

Quels sont les dangers des écrans ? Comment gérer le temps d’écran ? Comment repérer l’addiction ? Toutes ces questions, et d’autres, ont été soulevées lors de la réunion exceptionnelle organisée mardi soir par le collège de Arue. Aucune solution miracle n’a été apportée mais le sujet a fortement mobilisé et les différents intervenants ont émis quelques pistes. 

En premier lieu, cette rencontre a été mis en place suite à des problèmes que rencontre le collège. Les moqueries et les rumeurs échangées sur les réseaux sociaux entraînent ponctuellement des plaintes des enfants, des parents… “Le collège, les équipes pédagogiques sont obligés de régler des problèmes qui viennent de l’extérieur (…) Dés la rentrée en 6e, on informe les parents de la problématique (…) ce soir, nous voulions un moment de partage d’expériences et que les enfants apprennent à vivre ensemble dans la bienveillance” souligne la principale Wendy Harea. 

Le collège de Arue ne fait pas exception. Récemment, un élève de 3e du collège de Tipaerui a perdu connaissance en voulant relever un défi Tik Tok, des moqueries sur un groupe Facebook a provoqué de grandes tensions au collège de Paea, un professeur a reçu un coup de poing pour un portable confisqué il y a deux ans au collège de Taravao, etc. 

Le thème de la dépendance au portable et aux écrans en général a été largement abordé en préambule. A renfort de chiffres et de vidéos, les intervenants ont démontré que l’écran pouvait devenir une drogue qui affecte le comportement en cas de manque et de citer une addictologue britannique : “lorsque vous donnez une tablette ou un smartphone à votre enfant, c’est comme si vous lui donniez un gramme de cocaïne ou une bouteille de vin.” 

Un jeune en seconde ne voulait plus retourner au lycée après avoir passé les mois de juillet et août à jouer à un jeu vidéo (…) Certains jeunes trépignent pour attraper leur portable au fond du sac” a témoigné la principale. “Un élève de 3e tremblait et menaçait de tout casser chez lui si on lui confisquait son portable pour le week-end” a renchérit le principal adjoint Djambaé Moissi. 

Le pouvoir, c’est vous qui l’avez” ont signifié les gendarmes de la Maison de confiance et de protection des familles en s’adressant aux parents. Les temps d’écran par âge recommandés par les spécialistes ont été rappelés ainsi que la nécessité de s’intéresser à ce que fait son enfant sur les écrans. “Il faut par exemple lire les informations sur chaque jeu vidéo” a expliqué une éducatrice spécialisée du Fare Tama Hau.

Les parents, invités à s’exprimer, ont partagé leur expérience et leurs astuces : sortir en famille sans portable, donner un mandala à colorier plutôt qu’un écran pour occuper son enfant, interdire le téléphone le soir, installer une application de contrôle parental comme Family Link, proposer un téléphone à touches le plus longtemps possible, interdire Tik Tok… 

Il faut aussi éduquer les parents, je trouve aberrant de voir des enfants de 5 ans avec des portables” s’est emporté une maman. 

Bienveillance, patience, créativité, attention , dialogue” sont les clés du succès a conclu le principal adjoint. Il espère que ces rendez-vous thématiques avec les parents pourront se perpétuer une fois par trimestre.

Temps d’écran par âge

  • Avant 3 ans : pas d’écran. L’enfant a besoin de comprendre son environnement
  • 3 à 6 ans : petits temps d’écran. L’enfant est en apprentissage à travers la réalité
  • 6 à 9 ans : 1 heure par jour maximum. Les écrans doivent être utilisés pour des jeux éducatifs ou, par exemple, l’apprentissage du montage vidéo
  • 9 à 11 ans : il faut apprendre à l’enfant à être vigilant. Il ne fait pas toujours la différence entre le bien et le mal, la fiction et la réalité. 
  • A partir de 12 ans : 2 heures par jour maximum. 

Les 4 règles d’or

  • Pas d’écran dans la chambre
  • Pas d’écran durant les repas 
  • Pas d’écran avant de dormir (la lumière bleue stimule l’activité du cerveau et bloque la production de mélatonine pour s’endormir)
  • Pas d’écran avant d’aller à l’école (la multiplicité d’informations sur les écrans empêche ensuite la concentration devant un professeur)

Le Fare Tama Hau et la Maison de confiance et de protection des familles à l’écoute des parents et des enfants

  • Le Fare Tama Hau est un établissement public ouvert aux jeunes jusqu’à 25 ans. Des psychologues, un médecin généraliste, un médecin nutritionniste, un infirmier, des éducateurs spécialisés délivrent des conseils et du soutien. Il est ouvert de 8h à 16h et le mercredi jusqu’à 17h. Il abrite la Maison de l’adolescent, présente dans les établissements lorsque ceux-ci en formulent la demande pour traiter des sujets divers tels que la violence, l’estime de soi, le harcèlement. 
  • Les gendarmes de la Maison de confiance et de protection des familles interviennent pour aider les jeunes du CM1 jusqu’à la 3e, et leur famille, sur les thèmes du tabac, de l’alcool, du paka, de la violence, du cyberharcèlement, des agressions sexuelles intrafamiliales…