Expédition caritative contre la maladie : les waterwomen livrent un totem à l’hôpital

Vahine Fierro et Vaimiti Teiefitu (au micro) ont chaleureusement félicité les six waterwomen qui ont ramé pour concrétiser ce projet de totem pour le CHPF. (Photo : Jean-Marc Monnier)
Vahine Fierro et Vaimiti Teiefitu (au micro) ont chaleureusement félicité les six waterwomen qui ont ramé pour concrétiser ce projet de totem pour le CHPF. (Photo : Jean-Marc Monnier)
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Parties de Lima au Pérou le mercredi 4 janvier dernier, les six waterwomen qui ont touché terre samedi dernier, le 24 mars, à Moorea, étaient réunies ce mardi 28 mars au Centre hospitalier de la Polynésie française (CHPF) à Pirae. Toutes membres de l’expédition caritative Cap Optimist, elles y ont inauguré le totem Super-optimist, “outil pour les patients en cours de traitement ou en post-traitement d’une maladie, permettant l’exercice d’une activité physique adaptée”. Un équipement fourni par l’association Hope Team East financé conjointement par le ministère de la Santé et l’Institut du cancer de Polynésie française (ICPF).

Ramer de jour comme de nuit

L’occasion de revenir sur ce périple de 90 jours en plein Pacifique où elles ont parcouru “à la main” les quelques 8 000 km d’océan qui séparent le continent sud-américain des îles de la société. Cela allongées sur une planche de prone paddle, de jour comme de nuit, à la force des bras et en se relayant en permanence toutes les heures, avec un bateau accompagnateur pour le repos et le ravitaillement des rameuses.
Récit d’une des six guerrières qui, comme ses cinq autres coéquipières, a voulu démontrer aux personnes et notamment aux enfants, atteintes d’un cancer ou de toutes autres maladies, que quand on veut, on peut !
“Avancer, guérir, se surpasser, c’est possible, même si pour y arriver, il faut parfois ramer longtemps et par tous les temps”, tel est le message de ces six water-wonder-women.

L’inauguration du super totem s’est déroulée dans la nef du CHPF en présence de Dany Panero, la directrice, et Jacques Raynal, ministre de la santé. (Photo : Jean-Marc Monnier)

Marie Goyeneche, 22 ans, waterwomen

“La maladie n’est pas un long fleuve tranquille

Avez-vous rencontré des difficultés dans ce périple de 8 000 km ?

C’est vrai que cela n’a pas été un long fleuve tranquille, mais c’est aussi ce que l’on a voulu montrer, que la maladie n’est pas un long fleuve tranquille et qu’il y a des étapes à franchir. Chaque étape surmontée est un pas de plus vers la réussite, donc il faut arriver à prendre les étapes les unes après les autres. Sur la première partie, ce qui a été difficile, c’est de trouver le rythme. Au départ, c’était plutôt saccadé, il fallait dormir la nuit, ramer quatre heures par jour, entrecoupées de repos. C’était très différent de ce que l’on fait habituellement, avec en plus l’éloignement de la famille, la vie en promiscuité sur un bateau avec onze personnes…

Comment se passaient vos journées entre rame, repos et repas ?

Nous étions une par une sur l’eau, les cinq autres sur le bateau, et toutes les heures on changeait de rameuse. Par chance on n’a pas eu de tempête, mais des grains arrivaient régulièrement, de la pluie assez fréquemment, ce qui nous amenait un peu de vent et par moment plus de houle. Mais rien qui nous ait empêché d’avancer. Ce qui était douloureux, c’était le dos car la position allongée et cambrée n’est pas forcément facile, ça tire aussi sur la nuque car nous ramions allongées sur le ventre ou à genoux, uniquement avec les bras, on n’a pas de pagaie.

Avez-vous rencontré des poissons, des requins ou des dauphins ?

On a eu beaucoup de méduses et de poissons volants. On a vu qu’une seule fois des requins lors de la première semaine après avoir quitté le Pérou, et un seul requin sur la Polynésie. Sinon on a vu des dauphins à notre arrivée, et quelques fois durant la traversée. La nuit, on avait chacune nos petites techniques pour ne pas être angoissées. On a fait chacune notre petite préparation mentale. On respire, et à force, au bout de quelques jours, on finit par s’habituer à l’obscurité. Et on se dit qu’on a choisi de faire ça, et que si on ne rame pas la nuit, on arrive 80 jours plus tard. Alors il faut prendre sur soi et se surpasser.

Comment vous étiez-vous préparées avant d’entamer cette expédition ?

On s’était entraînées à traverser une partie de la Méditerranée en juin 2022, et on avait longé la côte Landaise en partant de Bordeaux jusqu’à Biarritz en octobre 2021. On est toutes issues du sauvetage sportif, donc on connaissait déjà le prone paddle. Maintenant on va se laisser digérer ce défi sportif qui n’était pas des moindres, et on sera prête pour le défi suivant que l’on verra dans quelques temps.