Agression sexuelle sur mineur et exhibitionnisme, un “prédateur” prend cinq ans ferme

La victime a trouvé le courage de parler sept ans après les agressions sexuelles que lui a fait subir son oncle. L'homme a été condamné à dix-huit mois de prison ferme. (Photo : archives LDT)
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Un habitant des Îles-Sous-le-Vent, récidiviste, a été condamné en comparution immédiate le 27 mars pour avoir, fin 2022, pénétré avec ses doigts une fillette de 11 ans. L’enquête a également révélé des menaces de mort sur sa propre mère, et une forte tendance à montrer son sexe aux jeunes mineurs de son île.

L’enquête démarre après les révélations d’une enfant de 11 ans à sa mère adoptive. Elles sont toutes les deux logées chez la mère du prévenu. Lui, habite une cabane à quelques mètres de là. Sans-emploi et en longue maladie, il vit d’une allocation COTOREP et est traité par injection pour soigner des troubles mentaux. Quand le président du tribunal lui demande pourquoi il ne peut pas travailler, il répond “les injections c’est fort”. On veut bien le croire, tant la manière dont il cherche ses mots avec une élocution très lente, tranche avec la description du jeune homme qu’il était, animateur chargé des sports nautiques dans plusieurs clubs de vacances à Tahiti et en Europe il y a une quinzaine d’années. Il a, depuis, fait plusieurs séjours en hôpital psychiatrique.

Il vit désormais dans une oisiveté quasi-totale, dépensant la majeure partie de son allocation COTOREP en paka et en alcool. Il vient aussi régulièrement chez sa mère la nuit pour prendre du tabac ou du café. Ce soir-là, sa mère et la jeune fille dorment dans le salon. C’est là qu’il s’allonge à côté de la fillette et commence à la caresser, puis comme l’annonce le président du tribunal, “pique un doigt” dans le sexe de la jeune fille qui se réveille. Il fuit, alors qu’elle retrouve sa mère fa’a’amu dans la chambre voisine et lui raconte ce qu’elle vient de vivre. Les gendarmes sont prévenus le lendemain. La jeune fille raconte alors que c’est déjà arrivé, elle avait à peine dix ans la première fois. A chaque fois, c’est la nuit, il s’allonge, “pique un doigt dans la poupoune” ou “l’autre trou”, lui fait signe de se taire quand elle se réveille, puis s’en va. La fillette explique qu’elle a longtemps gardé le silence de peur de se faire gronder. Pendant l’enquête, d’autres témoignages de mineurs de sa commune confirment qu’ils ont souvent vu le prévenu “montrer son zizi”. 

“Ils sont jaloux de ma belle vie”

L’homme d’environ 45 ans nie tout en bloc. La seule chose qu’il reconnaît, ce sont des tensions avec certains habitants et membres de sa famille qui vivent mal le fait de le voir profiter d’une allocation de plus de 80 000 F sans rien faire. “Ils sont jaloux de ma belle vie” répète-t-il. Selon lui, tous les témoins mentent, car ils veulent simplement le virer de son île. Pour ce qui est des attouchements, il n’a rien fait, dit il. C’est selon lui la mère adoptive de la victime qui a tout manigancé. Concernant les autres enfants qui ont vu ses attributs, c’est une simple tendance à porter des shorts trop grands, dit-il. Il est, en effet, connu dans le quartier pour avoir souvent le début du pubis visible. Un simple style vestimentaire maladroit pour son avocat.

Le conseil de la victime rappelle que c’est bien d’un viol dont on parle car, que ce soit un sexe ou un doigt, il y a bien eu pénétration. Elle décrit une jeune fille très perturbée qui souffre de stress post-traumatique important. Pour son préjudice moral, elle demande 1,5 million de francs. 50 000 F à verser aux trois autres enfants qui ont assisté au sketch du short qui tombe.

Le procureur rappelle également qu’on aurait pu juger un viol aux assises. “C’est un véritable prédateur” dit-il, rappelant les anciennes condamnations du prévenu et la répétition des faits. Il demande sept ans de prison et une interdiction pour l’homme de retourner pendant cinq ans sur son île à sa sortie. Une interdiction confirmée par le tribunal qui le condamne à cinq ans de prison avec maintien en détention. Il doit aussi verser 1 million de francs à la victime. 

Y.P