L’histoire de Georges “Toti” Durietz, Tamari’i volontaire, à l’honneur

Vāhi Richaud, présidente de la Société des Etudes Océaniennes (3ème en partant de la gauche), présente le nouveau bulletin, entourée du conseil d'administration. (Photo: SB)
Vāhi Richaud, présidente de la Société des Etudes Océaniennes (3ème en partant de la gauche), présente le nouveau bulletin, entourée du conseil d'administration. (Photo: SB)
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Ce mercredi 29 mars, la Société des études océaniennes (SEO), présidée par Vāhi Richaud, présente son 358ème bulletin. Subventionné par le Pays, ce nouveau bulletin, pour la période septembre/décembre 2022, a pour thème “les histoires du passé qui font partie de l’histoire de la Polynésie française” et s’intitule sobrement “Histoire(s) Tahitienne(s)”.

Hommage au Tamari’i volontaire, Georges Durietz dit “Toti”. (Photo DR)

Ce nouveau bulletin propose aux lecteurs cinq articles. On y trouve par exemple l’article de Lorenz Gonschor, intitulé “Le projet d’ordre royal de Pomare V ou la souveraineté en suspens”. Il y est question de la création d’un titre honorifique sur le territoire, à la demande de Pomare V à la France, et cela un siècle avant la création de l’Ordre de Tahiti Nui en 1996. Le nouveau bulletin de la SEO offre aussi la possibilité de découvrir l’article de Bruno Algan, “les ambitions japonaises dans le Pacifique en 1941/1942”, sur les intentions japonaises sur les territoires français en Océanie pendant la seconde guerre mondiale.

Présent encore dans ce bulletin, un émouvant portrait, écrit par Jean-Christophe Teva Shigetomi, celui du Tamari’i volontaire, Georges Durietz dit “Toti”, à travers l’article “Mémoires de guerre de Georges Toti Durietz, Tamari’i volontaire”.

`Il s’agit ici d’un récit incroyable tiré d’enregistrements réalisés par la petite-fille du Tamari’i. Sur les une heure trente de témoignage audio, l’auteur retranscrit ici, la période de guerre vécue par “Toti” Durietz. Un documentaire de TV5, qui s’articule, entre autres, autour de ces mémoires et de ces enregistrement est en cours de finalisation et devrait bientôt être diffusé sur la chaîne. “L’intérêt de ce documentaire est de raconter ce qui n’avait pas été raconté et notamment les témoignages de Toti Durietz” mentionne l’auteur.

“Il parle de la mort, il parle de la peur, il le dit avec ses tripes et il le dit en tahitien

Jean-Christophe Teva Shigetomi, auteur de “Mémoires de guerre de Georges Toti Durietz, Tamari’i Volontaire”. (Photo : SB)

Jean-Christophe Teva Shigetomi précise qu’il s’agit ici du premier témoignage en tahitien d’un Tamari’i “venant du peuple“. Pour l’auteur, le témoignage audio de “Toti” , originaire du district de Ti’arei, permet d’avoir un récit de l’histoire différent de ce qui a pu être raconté dans les autres témoignages du passé et qui viennent régulièrement davantage de notables de la société polynésienne de l’époque. “Il livre son propre sentiment, il décrit de façon assez brutale et violente la bataille de Bir Hakeim à laquelle il participe […] Il parle de la mort, il parle de la peur, il le dit avec ses tripes et il le dit en tahitien.

Un des récits de “Toti” permet de découvrir que le Bataillon du Pacifique communiquait au niveau des radios en langue tahitienne. Le reo tahiti leur a permis d’échapper aux écoutes allemandes et italiennes et aux soldats ennemis qui parlaient souvent parfaitement le français ou l’anglais. Mais malgré cela, les Tamari’i arrivaient parfois à douter d’eux-mêmes. Pour s’assurer que l’interlocuteur au bout du fil était bien un Tamari’i, ce dernier devait alors chanter la version revisitée, par ces mêmes Tamari’i, de “Ua horo te papio”.

On apprend aussi que le tahitien utilisé par “Toti” est très usuel et qu’un travail très important et intéressant de six mois à dû être produit pour la retranscription écrite. Le travail de l’auteur a été possible grâce au soutien de l’Université du Pacifique, à Jacques Vernaudon, Vāhi  Richaud et Mirose Paia. Grâce à ce travail collaboratif, l’auteur a pu retranscrire fidèlement les dires en écrits et expliquer ce que disait “Toti“, ainsi que situer ses dires dans le contexte historique.


La Société des études océaniennes, 105 années d’existence

La Société des études océaniennes (SEO) est la plus ancienne société savante du Pays et a été créée le 1er janvier 1917. Elle regroupe des passionnés d’anthropologie, d’ethnographie, de philosophie, de sciences naturelles, d’archéologie, d’histoire, des institutions, des mœurs, des coutumes et des traditions de la Polynésie. Le bulletin de la Société des études océaniennes existe depuis la création de la SEO et le dernier numéro sorti, celui de septembre/décembre 2022 est le 358ème de sa collection. Le bulletin est diffusé à environ 60 institutions académiques, historiques, scientifiques du monde francophone et du monde anglophone. La SEO a une bibliothèque qui compte aujourd’hui plus de 10 000 ouvrages en comptant journaux et périodiques. La SEO indique que sa bibliothèque est la plus importante de la Polynésie française. Il existe un “catalogue des titres parus dans les Bulletins 1917-1997” et elle a en chantier son actualisation.

En 2022, la SEO a fêté ses 105 années d’existence.