70 % des adultes en surpoids : urgence pour le Plan de transition alimentaire

En 2023, c’est "70% de la population adulte" qui est en surpoids en Polynésie française, "dont 40% au stade d’obésité".
En 2023, près de 70% de la population adulte était considéré en surpoids en Polynésie française, dont 40% au stade d’obésité. (Photo d'archives LDT)
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Les années passent et les politiques de lutte contre l’obésité trépassent ! En 2023, c’est “70% de la population adulte” qui est en surpoids en Polynésie française, “dont 40% au stade d’obésité”. Et cela sans qu’aucune des actions entreprises ces dernières décennies n’ait été en mesure de stopper le phénomène, ou plutôt l’épidémie.

Le prochain Plan de transition alimentaire pour la décennie 2024-2034 a été présenté ce lundi 3 avril à la présidence de la Polynésie française. (Photo : Jean-Marc Monnier)
Le prochain Plan de transition alimentaire pour la décennie 2024-2034 a été présenté ce lundi 3 avril à la présidence de la Polynésie française. (Photo : Jean-Marc Monnier)

Car l’obésité est bel et bien une maladie, une pandémie même, comportementale celle-ci. Donc bien plus difficile à combattre que celle de la Covid-19 qui nous a fortement impactée depuis 2020. A tel point d’ailleurs que les autorités de santé, de l’agriculture ou encore de l’éducation ont (enfin) compris quelque chose de très important. Elles doivent travailler ensemble, main dans la main, en parfaite synergie, pour que les actions entreprises par les uns et les autres soient efficaces et portent leurs fruits.

“On croit beaucoup en ces projets”

Tel sera donc l’un des principaux challenge du prochain Plan de transition alimentaire que le gouvernement compte mettre en place sur la décennie 2024-2034. Avec hélas deux années de retard puisque ce Plan devait démarrer en 2022.

L’avant projet a été présenté ce lundi 3 avril à la présidence en présence du directeur de cabinet du ministre de l’Agriculture, Tearii Alpha. “On croit beaucoup en ces projets pilotes” explique Steeve Lefoc. Pourtant, un nombre important de points, d’objectifs et autres résolutions figurant dans ce projet de Plan ont déjà été mis en place ces deux dernières décennies. Testés, éprouvés et approuvés pour beaucoup, avec plus ou moins de réussite, certains ayant pêché par leur manque d’efficacité. Résultat : 70% d’obésité !

Structures de stockage sur le port

Mais la nouveauté n’est pas véritablement dans la présentation de ces soit-disant projets nouveaux ou remis au goût du jour. Elle réside dans le fait que l’on sait dorénavant que les actions, qu’elles soient individuelles, de petite taille ou de plus grande envergure, doivent entrer dans un schéma commun pour réussir.

Inutile par exemple d’inscrire des fruits et légumes locaux au menu des cantines scolaires, si l’approvisionnement en provenance des îles ou des districts fait défaut ! Le Pays a donc investi 20 milliards de francs ces cinq dernières années pour coordonner les diverses actions. Et elles commencent doucement à montrer leur efficacité en terme de changement des comportements. Par exemple, la construction de structures de stockage sur le port devrait permettre d’assurer plus de régularité dans les approvisionnements.

Spécificité des Tuamotu

Du côté des Tuamotu, un plan spécial d’actions sera également mené pour tenir compte des spécificités de l’archipel. Une banque alimentaire est également en projet pour aider les plus démunis à mieux se nourrir (voir détails ci-dessous).

Dans un contexte de hausse des prix généralisée, ce projet de Plan de transition alimentaire qui devrait être adopté en ce milieu d’année apparait donc comme une étape indispensable pour avancer dans la bonne direction. C’est-à-dire celle de la coordination des actions. “Cela fait longtemps que l’on a des projets épisodiques, on est conscient des difficultés, on sait qu’il y a un système à améliorer, mais on ne peut pas brutalement tout arrêter, il faut persévérer” commente Philippe Couraud, directeur de l’agriculture.
Du temps, des efforts et de l’opiniâtreté, il en faudra encore et pendant longtemps pour inverser la tendance. Avec bien sûr de l’argent pour que les politiques de lutte contre le surpoids et l’obésité portent enfin leurs fruits.

Non seulement ici en Polynésie française, mais sur l’ensemble de la planète qui est confrontée à cette même problématique : la pandémie de l’obésité.

La construction de structures de stockage sur le port devrait permettre d’assurer plus de régularité dans les approvisionnements. (Photo : Jean-Marc Monnier)

Philippe Couraud, directeur de l’agriculture

Projet de banque alimentaire locale

“Les banques alimentaires sont pratiquées dans beaucoup de pays dans le monde et il y a un projet qui existe en Polynésie. Il y a déjà un ensemble d’actions à caractère caritatif qui sont menées par La Croix Rouge et un certain nombre d’associations et confréries religieuses, et les épiceries solidaires. Le premier projet de banque alimentaire n’avait pas pu voir le jour par manque de financement. Maintenant, l’idée est d’avoir un dispositif avec de l’argent public, car il est clair que cela ne peut pas fonctionner qu’avec du caritatif. Il ne suffit pas, même s’il peut venir compléter. Il faut mettre un budget pour acheter des aliments de qualité, des fruits, des légumes, des produits variés, et les mettre à la disposition des populations qui en ont besoin. Cela se traduit par un dispositif logistique avec des entrepôts, des frigos, des budgets pour acheter et redistribuer, et des véhicules de livraisons.”

Les 6 objectifs stratégiques

1 – Modifier le comportement alimentaire des populations en faveur d’une alimentation saine et durable, culturellement acceptable
2 – Augmenter la production alimentaire des archipels
3 – Améliorer l’accès économique des produits sains et durables
4 – Accompagner les habitant dans l’autoconsommation
5 – Rendre les produits sains et durables disponibles et à proximité pour toute la population
6 – Accélérer les pratiques durables (environnementales et sociales) des acteurs du système alimentaire

Steeve Lefoc, directeur cabinet de Tearii Alpha, “croit beaucoup en ces projets pilotes”. (Photo : Jean-Marc Monnier)