Conséquences du fait nucléaire : 193 interpelle les candidats aux territoriales

Uebe Carlson, le président de 193 appelle les futurs dirigeants politiques du Pays "à mener les actions idoines pour le retrait total du 1 mSv."
Uebe Carlson, le président de 193 appelle les futurs dirigeants politiques du Pays "à mener les actions idoines pour le retrait total du 1 mSv." (Photo archives La Dépêche)
Temps de lecture : 2 min.


“À la veille des élections territoriales et lors desquelles le Peuple maohi élira ses représentants,
l’Association 193 fait le constat que le sujet du nucléaire et ses conséquences est quasi inexistant lors des débats, des programmes et ce, de presque tous les partis politiques !”
regrette l’association 193 dans une lettre ouverte adressée ce lundi 3 avril aux candidats aux élections territoriales.

“Pourtant, la gravité de la situation et notamment l’impact sur la santé des populations, des
nouveaux nés aux matahiapo, est avérée et n’est plus à prouver”
explique le président de l’association, le Père Auguste Uebe-Carlson qui assure qu’en l’espace de 10 ans, “le taux d’incidence
des nouveaux cancers frôle quasiment le millier par année.”
Pour 193, ce “drame sanitaire s’ajoute à tous les milliers d’oubliés défunts du nucléaire”. L’Association entend ainsi mettre en garde contre le risque d’assimilation à “un sujet soldé”, ce qui est selon elle très loin d’être le cas.

“Pour n’aborder ici que la difficulté des dossiers de demande d’indemnisation, l’Association 193 attire l’attention des futurs élus sur le fonctionnement colonial du CIVEN, qui, au nom d’un seuil dosimétrique d’1 millisievert (1 mSv), se permet de rejeter un grand nombre de dossiers, privant
ainsi plusieurs familles de la reconnaissance de la qualité de victime des essais nucléaires, et d’une
réparation des préjudices au moyen d’une indemnisation”
dénonce le Père Auguste.

193 demande la restitution des registres des cancers

L’Association 193 “appelle ainsi les futurs dirigeants politiques du Pays à se saisir de ce dossier, et à mener les actions idoines pour le retrait total du 1 mSv.” L’association entend également rappeler aux candidats que “plus de 55000 pétitionnaires demandent, depuis 2016, l’organisation d’un Référendum local sur le sujet du nucléaire” et qu’elle réclame toujours la conduite d’études sur les maladies dites transgénérationnelles sous l’égide de la communauté internationale (ONU).

193 rappelle “la dette colossale de l’Etat” envers la Caisse de prévoyance sociale estimée à plusieurs dizaines de milliards “qui pourrait enclencher le retrait de la taxe dite sociale” et demande que d’autres chercheurs puissent avoir accès aux aux archives déclassifiées.

L’association souhaite aussi obtenir “l’accès voire la restitution des registres des cancers détenus par les chefs médecins militaires”, qualifiés “d’archives sensibles et indispensables pour la connaissance véritable des conséquences des essais nucléaires”.

En conclusion,193 “trouve scandaleux que l’Etat ne participe pas au financement de l’Institut du cancer, estimant que c’est à l’Etat d’assumer toutes les conséquences liées aux cancers du Pays, du moins ceux prévus par le décret de la loi d’indemnisation”. Elle demande à ce que “tous les Polynésiens qui répondent aux trois critères légaux prévus par la loi d’indemnisation, dits de temps, de lieu et de pathologie, soient indemnisés par l’Etat, sans que le seuil dosimétrique d’1 mSv ne leur soit opposé.”