Justice – Malgré ses larmes, un tane violent condamné à un an de prison ferme

La question de l'irresponsabilité de ce schizophrène a été de tous les instants, particulièrement lors de la deuxième journée de procès durant laquelle les experts psychologues et psychiatres se sont succédé à la barre, pas toujours d'accord. (Photo archives LDT)
(Photo archives LDT)
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Un jeune homme de 24 ans a été condamné en comparution immédiate le 3 avril 2023, pour avoir frappé celle qui partage sa vie. En 2020, il n’avait effectué que quelques mois de détention pour les mêmes raisons. Il est cette fois condamné à 18 mois, dont 6 avec sursis et interdiction de contact avec la victime. En détention provisoire depuis son interpellation, il reste donc à Nuutania pour un an.

Dans la nuit du 1er avril, Tamatoa (prénom d’emprunt) rentre dans la maison familiale quartier Paraita à Papeete après un concert en centre-ville. Il est fortement alcoolisé. Dans la chambre se trouve la mère de sa fille de trois ans qui dort avec l’enfant.

Ils sont ensemble depuis 2019, une relation décrite comme conflictuelle par la présidente du tribunal d’après les auditions de la victime, du prévenu, et de la famille qui vit sur place. Tamatoa semble rassembler une bonne liste de symptômes de ceux que l’on nomme les pervers narcissiques.

T-shirt blanc, short jaune, cheveux courts et petite moustache, il est présenté comme extrêmement jaloux et possessif. Il la surveille ou ne veut pas qu’elle sorte, le tout agrémenté d’insultes dénigrantes et quotidiennes, “idiote” étant son mot préféré.

À son retour ce soir-là, l’effet “peace and love” du concert reggae duquel il revient n’a eu aucun effet. Sans raison, il réveille sa compagne d’une trentaine d’années d’un violent coup de poing. Elle veut s’enfuir, il la rattrape et la frappe de nouveau devant leur petite fille en pleurs. C’est grâce à d’autres membres de la famille que les coups s’arrêtent, puis arrivent les gendarmes.

À la barre, il peine à sécher ses larmes

Interrogé par le président du tribunal à propos de l’ambiance dans son couple, il semble rejeter la faute sur sa partenaire. Plus âgée, elle devrait, selon lui, être responsable et ne pas le provoquer ou faire ce qu’il appelle “des gamineries”.

Arrivé fier à la barre, se disant “prêt à assumer”, l’homme change pourtant de posture et sa voix se fait timide quand on évoque sa petite fille. Trop saoul ce soir-là, il dit ne se rappeler précisément de rien, il explique quand même qu’on l’a agressé sur la route du retour et que c’est pour cela qu’il est rentré énervé.

Sur ce qui s’est passé dans la chambre, il commence par nier, reconnaît ensuite des claques, puis il craque et déclare ” j’ai donné un coup-de-poing sans motif”.

“Que pense votre petite fille ?” demande un magistrat.
“Je ne sais pas si elle se rend compte” répond le prévenu.
“Elle n’est pas aveugle et sourde, elle se rend compte”, répond sèchement la présidente du tribunal.

Sous contrôle judiciaire depuis sa dernière condamnation en 2020, pour les mêmes raisons, l’homme ne remplit pas correctement toutes ses obligations selon le tribunal. Le rapport du SPIP indique qu’il n’est jamais joignable et qu’il rate des rendez-vous.

“Les années de prison, ça ne change pas un homme” lance Tamatoa.

“Oui, mais les soins et les groupes de parole vous n’y allez pas” répond la présidente du tribunal.

Sans aucune compassion, alors qu’il y a encore quatre hommes violents à juger en une après-midi, le procureur requiert “la seule chose qu’il mérite, 15 mois de prison ferme”. La victime demande 100 000F de dommages et intérêts et une interdiction de contact.

L’avocate de Tamatoa a beau mettre en avant un parcours familial compliqué, “il reproduit les actes de son père” dit-elle, cela ne semble pas toucher le tribunal qui le condamne à 18 mois de prison, dont six avec sursis et maintien en détention. Il a l’interdiction d’entrer en contact avec la victime à sa sortie de Nuutania.

Compte-rendu d’audience : YP