Tribune – “Tauturu, Tāparu, secourir, mendier…” par Simone Grand

(Photo archives DG)
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À entendre certains de nos politiciens chevronnés ou pas, leur rôle serait de nous secourir. Serions-nous mendiants, infirmes, inaptes ? Feraient-ils partie de ceux qui “aiment tellement les pauvres, qu’ils les fabriquent” (…?) Pour mieux  jouer à papa Noël avec nos richesses?

Une interview :

  • Pensez-vous que les groupes de danses méritent d’être aidés davantage?
  • Pourquoi “aider”? Ce ne sont pas des mendiants mais des artistes à rémunérer au juste prix. Sans eux, des tas de postes de l’administration n’existeraient pas. S’ils faisaient grève durant deux Heiva, nous verrions vite qui sont les mendiants et qui sont les dispensateurs de bienfaits à rémunérer correctement. Écœurant !

Notre administration doit être au service du public auquel elle doit s’adapter et non l’inverse. Or, ministères, directions et cadres excellent à multiplier les obstacles pour neutraliser la créativité et les efforts de la population indigène. À certains postes, des hommes et femmes ma’ohi, demis, popa’a ou chinois, plastronnent devant ces “Polynésiens Pff!” qui ne comprennent rien à leur jargon d’experts autoproclamés !

Après s’être paré de ma’ohitude pour obtenir les postes jackpot, ça piétine les maladresses locales et favorise les gens d’ailleurs dont ils partagent la novlangue. Les agences immobilières s’en froissent les billets de banque. Grâce à nos cadres et politiciens, le  Fenua ma’ohi évolue inexorablement en Popa’a land.

Ce 3 avril 2023, aux infos, j’ai eu l’impression d’avoir été roulée dans une farine charançonnée avant friture dans de l’huile de vidange. Des entrepreneurs en bâtiment popa’a disaient la nécessité d’importer de métropole: plombiers, électriciens,..! Or, tout récemment, l’Armée a recruté près d’un millier de nos jeunes. Aumône leur a été faite d’être soldats pour la France et de mourir pour elle !  Car pas d’avenir dans nos îles !!!  Etait-ce pour mieux les remplacer?

Nos coûteux président, ministres… de l’emploi, formation professionnelle, “dircabs” à 3 millions mensuels, élus à l’Assemblée locale et nationale, sénateurs, conseillers, directeurs, cadres à salaires exorbitants… n’ont rien vu venir! Ils n’ont même pas cherché à savoir.

Le monstre froid “Etat” finira par dévoiler ses intentions. Mais quid de nos dirigeants locaux ?

Toujours personne pour recenser nos ressources naturelles en matériaux, eau et espaces à vivre seul, en commun à l’occasion ou tout le temps et à préserver. Indispensables sont les espaces de respiration dans nos îles de plus en plus compartimentées à la continentale. La sensation d’étouffement, d’enfermement liée à l’exiguité insulaire mal gérée intervient aussi dans les explosions de violence.

Partout en Europe et ailleurs, les cités dortoirs sont des nids de criminalité et des zones de non-droit. Refusons-les. Le slogan “Quand le bâtiment va tout va” n’est pas transposable là où jamais l’ouvrier n’accède aux logements corrects qu’il construit.

Les monstrueux embouteillages quotidiens alertent sur l’atteinte à un seuil limite démographique.

Réglons nos problèmes fonciers avant d’inviter autrui à partager notre espace limité.

Une certaine “Economie” a fabriqué des hyper-riches et des ultra-pauvres là où les disparités étaient faibles. Cette Economie-là a détérioré la qualité des aliments et des relations, érigé des barrières entre tous et généré des montagnes de déchets. Est-ce un “Progrès”?

‘Ia maita’i

Simone Ta’ema Grand