Edito – “Eternelle violence…”, par Karim Ahed

(Capture d'écran vidéo FB)
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La violence fait partie de notre quotidien, à l’école, au travail, à l’intérieur des foyers….. Les causes sont multiples, alcool, drogue, chômage, conditions de vie, maladie… Cette brutalité n’est pas une spécificité locale, ce mal ronge toutes les sociétés et le remède tarde à venir, ici comme ailleurs.

La violence commence à l’école et l’échec scolaire en est une conséquence. Cette situation perpétue la légende de Hiro dont la portée symbolique interroge, puisqu’il est à la fois héros et voleur. Nous devons, pourtant, sortir de ce déterminisme social pour que la jeunesse puisse s’échapper de ce creuset sans issue. Comment devenir l’autre Hiro ?

La violence est définie par l’OMC comme “l’utilisation de force ou de pouvoir physique ou psychique pour contraindre, dominer, tuer, détruire, ou endommager. Elle implique des coups, des blessures, ou encore la destruction de biens humains ou d’éléments naturels…”. On peut ajouter que les animaux, victimes de maltraitance ou de cruauté, subissent aussi d’insupportables violences.

Suicide : au cœur du mal-être

Evoquons d’abord la violence envers soi-même, je veux parler du suicide. Un suicide toutes les 40 secondes dans le monde, 32 suicides par an en Polynésie française selon une étude de la direction de la santé datant de 2010.

Les accidents de la route, une autre forme de violence, affichent au fenua une mortalité proche de celle du suicide. Une situation d’autant plus inquiétante qu’elle affecte les plus jeunes d’entre nous. Implacable paradoxe : la Polynésie française, imaginée telle un paradis par les touristes du monde entier, se révèle un enfer pour certains de ses natifs.

Dans sa pièce de théâtre “Le huis clos”, Jean-Paul Sartre décrit ainsi le regard des autres, leurs jugements, le miroir déformant d’autrui … “L’enfer, c’est les autres”

Le cauchemar de certaines vahine

La violence envers les femmes et les enfants submerge le tribunal de Papeete, avec des récits qui témoignent souvent d’une grande cruauté des agresseurs. Les enfants ne sont pas épargnés, le mythe de l’enfant-roi a définitivement vécu tant le sordide se conjugue au quotidien.

Quant à la nature, le constat n’est guère reluisant, en témoignent les tribunes de Simone Grand sur notre site de la Dépêche de Tahiti. Elle décrit les mauvais traitements infligés, de manière consciente ou inconsciente, à la nature. Elle s’indigne de l’état des vallées et des rivières.

Bora-Bora, dérives sur la perle du Pacifique

Les évènements de Bora Bora, d’aujourd’hui mais aussi d’hier, ceux de Moorea et des autres iles soulignent l’urgence de s’attaquer à ce mal qui mine notre jeunesse. L’Etat devrait s’investir davantage face à cette problématique puisque force est de constater que les initiatives Pays/Etat, si elles ont le mérite d’exister, ne parviennent pas à enrayer les violences. Le système répressif, la prison sont une réponse immédiate au drame à court terme, mais aucunement une solution à long terme. “Punir sans surveiller”, le diagnostic comme le remède sont tronqués. Bora- Bora, “la perle du Pacifique”, l’île des grands hôtels, du tourisme….. L’endroit, idyllique, fait rêver les touristes avec ce nom mythique. Mais il ne fait plus rêver une partie de sa population, et notamment les plus jeunes d’entre eux. Manque d’emploi ? D’activités ? Problématique identitaire ? Certains se marginalisent et la violence des agressions provoque un écho qui se répand bien au-delà de l’île.

Les tavana hors-jeu

Les maires de nos communes, candidats sur les listes aux territoriales, brillent par un manque de propositions sur les politiques des transports et des mobilités, de l’habitat, de la jeunesse,… Les tavana devraient être un moteur de proposition. Mais, “A force de se laver les mains, on finit par n’avoir plus de mains” écrivait Charles Péguy. La réalité, c’est surtout que nos politiques ont perdu la main !

Karim Ahed