Ligne aérienne entre Tahiti et Rapa Nui : “aucune perspective” de reprise

Appareil de la compagnie Latam à Rapa Nui. (Photo: Shutterstock)
Appareil de la compagnie Latam à Rapa Nui. (Photo: DR)
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Latam, ex-Lan Chile, est une compagnie historique en Polynésie française. Depuis la fin des années 60, 1967 précisément, la compagnie assurait régulièrement la liaison entre la Polynésie française, Rapa Nui (l’île de Pâques) et Santiago du Chili. Une véritable porte d’entrée sur l’Amérique du sud.

Malheureusement, depuis 2020 et la crise sanitaire, toute activité de la compagnie a cessé, au départ et à l’arrivée de Tahiti.

L’histoire récente de la compagnie n’incitait déjà pas forcément à l’optimisme, cela bien avant la crise sanitaire. En janvier 2011, elle réduit la fréquence de ses vols de deux à un par semaine alors qu’à une époque, jusqu’à 4 rotations par semaine pouvaient être programmées. En 2016, on assiste à la fermeture des bureaux Latam à Tahiti et à la fin de toute représentation commerciale sur le territoire. Mission qui est alors confiée à Air Tahiti Nui. Des motifs économiques à cette sous-traitance sont annoncés.

La compagnie, via  Alfonso Luna, directeur régional de Latam Airlines Group à Tahiti à l’époque, annonçait alors : “nous continuerons à offrir la connectivité et les plus hauts niveaux de service à la clientèle en provenance et à destination de ce lieu vraiment unique.”

Mais, comme le révélait l’agence Reuters dans une publication d’août 2016 : “cette liaison hebdomadaire, de l’avis de tous les acteurs du tourisme, en Polynésie comme à l’île de Pâques, est très mal positionnée puisqu’elle impose aux Polynésiens un départ à 2h55 du matin le mardi pour un retour vers 1h du matin le mardi suivant. Or, les périodes de vacances scolaires à Tahiti sont souvent des semaines entières. Les familles voyageant à destination de l’île de Pâques ou de Santiago ne peuvent donc partir qu’en imposant à leurs enfants de manquer des jours de classe, ce qu’elles sont peu nombreuses à accepter de faire (et ce qui, de fait, met à mal la rentabilité de cette desserte).

“Aucune perspective de retour” de Latam sur Tahiti

L’agence relevait aussi, dans cette même publication, qu’un cadre d’Air Tahiti Nui, “en aparté”, mentionnait une possible fin des dessertes de Latam à Tahiti, sans pour autant cesser ses rotations entre Rapa Nui et Santiago du Chili.

La Dépêche de Tahiti a contacté Latam  : “Latam évalue en permanence son réseau de destinations, mais n’envisage pas actuellement de reprendre la route Santiago-Île de Pâques-Papeete, qui reste suspendue indéfiniment.”(“Latam evalúa su red de destinos de forma continua, pero no tiene planes actuales de retomar la ruta Santiago-Isla de Pascua-Papeete, que se mantiene suspendida de forma indefinida.” )

Contacté à ce sujet, le consulat honoraire du Chili en Polynésie française confirme aussi qu’il n’y a, pour le moment, aucune perspective de retour de Latam sur Tahiti. 

La compagnie Air Tahiti Nui, contactée par La Dépêche, précise qu’elle n’a aucun projet en cours de son côté pour l’Amérique du Sud. Elle informe qu’il s’agit d’un “marché complexe” mais qu’elle travaille sur le marché sud Américain “via ses codeshare avec American Airlines”.

Vai Moana

“Je suis à 5h de chez moi et aujourd’hui, il faut presque faire un tour du monde pour y aller”

Vai Moana, accompagnée de sa fille Fetia, aimerait revoir que Latam rétablisse la ligne entre Tahiti et Rapa Nui. (Photo: SB)

Pour les personnes de Rapa Nui, comme Vai Moana qui vit à Tahiti depuis 7 ans, c’est un réel déchirement de voir disparaître cette ligne. “On attend des réponses. Je pense que Latam s’est rendue compte que ce n’était pas rentable. En plus de la Covid, il y a aussi eu un problème de foncier avec la piste. Celle-ci se situe sur un terrain privé et la famille propriétaire voulait récupérer ses terres. Quoi qu’il en soit, depuis que Rapa Nui a rouvert ses portes, on espère juste qu’une ligne depuis Tahiti reviendra. Je suis à 5h de chez moi et aujourd’hui, il faut presque faire un tour du monde pour y aller. Les coûts sont désormais beaucoup trop élevés. Il faut aller aux USA, ensuite Chili et enfin Rapa Nui. La dernière fois que je suis rentrée à Rapa Nui, c’était il y a trois ans. L’attente pour pouvoir y retourner est dure. Mes parents aimeraient voir leur petite fille mais pour l’instant, on nous a dit de devoir attendre encore jusqu’à l’année prochaine… 

Les préoccupations sont bien évidemment les mêmes du côté des Tahitiens vivant à Rapa Nui, comme nous raconte Veronik: “Pour nous, la petite communauté de Tahitiens ici, il n’y a pas d’autre solution que celle d’attendre.” Elle informe également que les Tahitiens de Rapa Nui envisageraient de lancer une pétition à destination de l’ambassade de France au Chili afin de demander de l’aide pour pouvoir rentrer.