Jacques Gaillot, l’évêque venu contester les essais nucléaires, est décédé

Monseigneur Gaillot était venu s'opposer à la reprise des tirs atomiques, en 1995 à Papeete.
Monseigneur Gaillot était venu s'opposer à la reprise des tirs atomiques, en 1995 à Papeete. (Photo : archives APF)
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L’évêque contestataire français Jacques Gaillot, qui a défendu au sein de l’Eglise la cause des divorcés, des homosexuels et des immigrés, est mort ce mercredi 12 avril à l’âge de 87 ans, a-t-on appris auprès de la Conférence des évêques de France. Le religieux s’était également opposé à la reprise des tirs atomiques à Moruroa en 1995.

Jacques Gaillot est décédé à Paris mercredi après-midi, à la suite d’une maladie fulgurante, a précisé à l’AFP un proche de l’évêque. “Il est mort apaisé, serein, entouré de ses proches”, a ajouté la même source.

Le diocèse d’Evreux (ouest), dont il avait été évêque pendant 13 ans, avait indiqué récemment que Mgr Gaillot souffrait d’un cancer du pancréas.

Le Vatican lui avait retiré sa charge en janvier 1995, en raison de ses positions non orthodoxes au sein de l’Eglise et très médiatiques, sur la place des homosexuels ou l’ordination d’hommes mariés.

Cette même année, Jacques Gaillot rejoint l’île de Tahiti où il vient s’opposer à la reprise des essais nucléaires du Centre d’experimentation du Pacifique(CEP) décidée par le président de la République, Jacques Chirac. Il manifeste dans les rues de Papeete au côté d’Oscar Temaru et des anti-nucéaires, et rejoint ensuite les Tuamotu où il sera arrêté par les forces militaires françaises.

Après son éviction du diocèse d’Evreux, il est nommé à titre honorifique évêque “in partibus” de Partenia, un diocèse de Mauritanie disparu au Ve siècle. Mgr Gaillot fait alors de ce diocèse “virtuel” un instrument de défense des exclus (sans-papiers, sans-abri, etc).

En septembre 2015, il avait été reçu par le pape François, devant lequel il avait défendu la cause des divorcés, des homosexuels et des immigrés.

“Au-delà de certaines prises de position qui ont pu diviser, nous nous rappelons qu’il a surtout gardé le souci des plus pauvres et des périphéries”, a déclaré mercredi soir à l’AFP la Conférence des évêques de France.

Né le 11 septembre 1935 à Saint-Dizier (est), fils de négociants en vins, Jacques Gaillot était licencié en théologie et diplômé de l’Institut de liturgie. Il avait été ordonné prêtre en mars 1961, après avoir été mobilisé 28 mois en Algérie.

“Jusqu’à encore récemment, il continuait à aller voir des prisonniers en prison, et était toujours président honoraire de Droits devant!”, association de défense des exclus et des sans-abri, dont il était un des fondateurs, a indiqué à l’AFP un proche de l’évêque défunt.

AFP/LDT