Internet aux Australes : le câblier Lodbrog et le haut-débit par fibre arrivent !

Le Lodbrog, à quai à Papeete avant sa mission Natitua Sud; (Photo: SB)
Le Lodbrog. (Photo: SB/LDT)
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Comme indiqué dans notre article du 7 avril, le navire-câblier Lodbrog, battant pavillon malaisien, est à quai à Papeete depuis le 12 avril. Son objectif : la préparation des opérations Natitua Sud avant le début du déploiement des câbles et de la fibre optique la semaine prochaine, à destination de deux îles des Tuhaa pae, Tubuai et Rurutu. Immersion à son bord ce vendredi 14 avril pour La Dépêche.

Dominique Guiraud, second des opérations à bord du navire, nous guide dans la découverte de ce vaisseau pas comme les autres. A son bord, un équipage d’une soixantaine de personnes, essentiellement françaises et philippines. La mission consiste à poser 800 kilomètres de câbles dans nos fonds marins afin de fournir prochainement une connexion internet par fibre aux habitants des Australes.

Début de mission la semaine prochaine depuis Toahotu au sud de Tahiti avant de prendre la direction du sud vers Rurutu et Tubuai. Les câbles seront posés à une profondeur d’environ 5000 mètres. Un travail minutieux attend les équipes. En effet, une vitesse de croisière trop rapide risquerait d’endommager les câbles dans leur descente. La vitesse pour cette mission : 3 nœuds soit une dépose de câble d’1,5 mètre par seconde.

Dominique Guiraud, second des opérations à bord du Lodbrog, ici auprès d’un véhicule sous-marin téléopéré. ( Photo: SB)

Pour cette opération de pose, aucune nécessité de creuser, explique Dominique Guiraud. Les risques sont limités sur l’endommagement des câbles en raison de la profondeur. La situation aurait été très différente si la pose avait du s’effectuer à une profondeur de 1000 mètres. Dans cette configuration, les risques sont alors plus importants en raison par exemple, de la présence des filets des navires de pêche hauturière.

Dans une situation de pose à 1000 mètres, les équipes peuvent utiliser un véhicule sous-marin téléopéré. Cet ppareil sert à déterrer mais surtout à enfouir les câble après des opérations de maintenance et/ou de réparation. Un câble offre généralement une espérance de vie de 25 ans.

Terminaison d’un câble entouré deux 2 couches d’armures de protection. (Photo: SB)

L’opération de pose nécessite un travail minutieux de repérage en amont, comme nous l’explique Stéphane Desbarats, “team leader survey” à bord du Lodbrog. Ce travail permet de réaliser le tracé du câble, de son point de départ à sa destination. Stéphane Desbarats informe qu’il faut faire très attention à la bathymétrie, c’est-à-dire la topographie des fonds marins. Son équipe regarde également les risques liés à la pêche, aux séismes, etc. Tout cela sert ensuite à déterminer la production du câble.

Trois milliards de francs d’investissement

Le projet a débuté depuis 2019, explique Vairani Davio, cheffe de projet des câbles sous-marins pour l’OPT. “Il y a eu énormément d’études au préalable avant de lancer le projet” indique-t-elle. “Et aussi beaucoup d’études pour trouver les financements.”

Elle précise que la crise sanitaire a énormément perturbé le projet et augmenté ses coûts. L’impact de la Covid-19 sur le projet à été important. L’OPT a pu relancer une consultation internationale en 2021. “L’opérateur n’a pas oublié de consulter et d’informer la population des Australes en amont sur le projet” précise Vairani.

Au total, ce sont trois milliards de francs qui sont investis dans le projet. 80% environ sont pris en charge par l’Etat et le Pays et les 20% restants par le groupe OPT.

On apprend que la pose devrait se terminer le 20 mai prochain, avec une possibilité de test le 15 mai. Vairani Davio précise que si tout semble opérationnel, la mise en service pourrait s’effectuer d’ici la mi-juillet.

Que se passera-t-il en cas de pépin technique ? Vairani explique qu’un système de garantie de cinq ans est en place avec les opérateurs. “Après cela, il existe des contrats de maintenance ad hoc avec des câbliers dans la zone Pacifique avec des tarifs préférentiels.”

Une “cuve” à câbles Les câbles sont couchés horizontalement afin de résister aux mouvements du bateau. (Photo: SB) 
Répéteurs de signal pour la fibre. Ces derniers seront positionnés environ tous les 60 kilomètres.
(Photo: SB)