Edito – “Le miracle de Lourdes réalisé à Tahiti” par Karim Ahed

"Le miracle s’est produit ce mercredi, avec une alliance des deux opposés : des amis, devenus ennemis, redeviennent amis. Miracle !" (Photo : office de tourisme de Lourdes)
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Qui l’aurait cru ? La campagne était intense avec son lot d’invectives, de contrevérités, de boules puantes… Comme l’a laissé entendre Moetai Brotherson. Le miracle s’est produit ce mercredi, avec une alliance des deux opposés : des amis, devenus ennemis, redeviennent amis. Miracle !

Cette alliance de circonstance est née de l’échec du Amuitahiraa à accéder au second tour, née aussi de l’échec de Tapura à réaliser le score espéré, malgré la présence des tavana. Le pacte a été sellé en grand secret dans un coin du bureau. Apparemment, seuls quelques initiés ont eu accès aux tractations entre les deux partis, ou les deux leaders. La population, ou “le peuple” comme ils se plaisent tous à le dire, n’a pas été consultée.

C’est comme si nous vivions dans deux mondes parallèles sans aucune connexion au réel. Car au marché, dans la rue, au sein des entreprises, dans les réunions de famille, personne n’est dupe de la manœuvre !

“Une addition alors que c’est une équation…”

C’est à se demander si cette union vise à sauver des personnes ou le pays ! La réponse est dans la question, point besoin de l’expliciter. L’amour soudain des uns pour les autres, non seulement surprend, mais surtout il ne trompe personne. Cet accord, opportunément qualifié de réconciliation “chrétienne”, paraît ubuesque.

A la lecture des noms proposés, l’enjeu peut s’interpréter à souhait…. Les partis rouge et orange font une addition simple des voix du premier tour. Or il ne s’agit pas d’une addition de marchands de tapis, mais d’une équation compliquée, qui prend en compte l’idéologie, l’affectif, l’information, la désinformation, le simple regard au bureau de vote et enfin, l’abstention… Cette dernière donnée est difficile à quantifier.

En 48 heures, prendre une décision de la sorte parait périlleux, mais c’est aussi de la responsabilité des partis de prévoir ce type de scénario. Les bleus regardent ce spectacle dont la théâtralité est dramatique. Quand bien même il a une dimension tragique, il provoque des sourires amusés. Jean-Luc Godard, célèbre cinéaste, proposait ainsi une définition du cinéma et de la télévision : ”le premier, on le regarde la tête haute, et la seconde la tête basse.”

Karim Ahed