Papeete – Parler des violences intrafamiliales autour d’un café

L’un des objectifs est d’informer les familles des risques, mais aussi de les accompagner à savoir quoi faire et à qui s’adresser face à la violence.
L’un des objectifs est d’informer les familles des risques, mais aussi de les accompagner à savoir quoi faire et à qui s’adresser face à la violence. (Photo : Taina Calissi)
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La première édition de Taofe Metua s’est tenue ce mardi 18 avril, une initiative originale de la mairie de Papeete, qui consiste à réunir les parents à la maison de quartier de Titioro, Te utuafare a Rarahu, autour de la question des violences intrafamiliales.

La maison de quartier est un lieu d’information
mais également de rassemblement.
(Photo : T.C)
Brisca Tauru. (Photo T.C)

Brisca Tauru chargée de mission des actions de proximité à la Direction de la jeunesse et des sports et de la cohésion sociale de la mairie de Papeete, explique qu’il s’agit de créer un “espace d’échange régulier que l’on souhaite offrir aux parents des quartiers prioritaires. C’est un format de discussion où ils partagent leur expérience d’une part, mais aussi un espace d’information sur des thématiques que nous aurons définies avec eux. On ne souhaite pas faire du magistral. On offre un café et on discute de manière conviviale.”

L’un des objectifs est d’informer les familles des risques, mais aussi de les accompagner à identifier quoi faire et à qui s’adresser face à la violence, “lorsque l’on est témoin, ou victimes et même auteurs de violence” précise Brisca .

Le choix du thème de cette première édition est né d’un constat rapporté par les équipes de coordination des maisons de quartiers de la capitale, un constat qui rejoint les indicateurs de l’association APAJ, Association polyvalente d’actions judiciaires, spécialiste d’aide aux victimes d’infractions pénales via le pôle Te Rama Ora.

Wendy Otomimi
(Photo : T.C)

Sa directrice adjointe, Wendy Otomimi, était donc invitée à animer la première matinée de sensibilisation auprès d’une quinzaine de femmes du quartier et a particulièrement développé le thème des violences dans le couple : “La mairie nous a sollicités pour une matinée de sensibilisation sur les violences en général et j’ai voulu parler plus précisément des violences intrafamiliales et particulièrement intraconjugales, car cela commence par là”.

Le couple en question

Pour la spécialiste, la sensibilisation consiste d’abord à interroger la notion de couple : “Pourquoi se met-on en couple ? Parfois on oublie pourquoi… Il s’agit d’avoir des clés pour éviter de basculer dans les situations de violence.”


Les violences conjugales entraînent des conséquences sur les enfants qui assistent aux disputes. Depuis quelques années, l’enfant qui est témoin de violences conjugales est considéré comme victime : “j’insisterai sur ce point-là dans l’intervention d’aujourd’hui.”

Wendy est régulièrement saisie dans les quartiers, par les conseils municipaux, le Centre de gestion et de formation, la Police nationale pour améliorer la prise en charge des victimes d’infractions. Trop peu d’hommes se déplacent aux réunions. “On a eu 3 hommes pour 20 femmes sur Punaauia” souligne Wendy Otomimi. “C’est dommage ! Nous aurions des points de vue différents, ce serait enrichissant.” Confiante, elle estime en attendant que les femmes et mamans pourront apporter les éclairages dans leur entourage. “L’accompagnement permet que cela cesse, les chiffres sont parlants.”

La maison de quartier est un lieu d’information mais également de rassemblement. L’objectif premier est la cohésion sociale dans les quartiers. “Les actions ne s’arrêtent pas qu’à l’information ou la prévention. On fera un bilan, une évaluation avec les personnes rencontrées. Nous mettrons en place des actions où on les rendra acteurs avec des sorties, des fêtes, des actions culturelles selon les demandes des habitants” précise Brisca qui planifie déjà mensuellement d’autres Taofe Metua dans 7 maisons de quartiers sur les 9 existantes à Papeete.

Correspondance Taina Calissi

Les groupes de paroles hebdomadaires

Wendy Otomimi rappelle l’existence des groupes de paroles hebdomadaires mis en place par l’APAJ depuis plusieurs années pour les auteurs et victimes de violences. Il s’agit de réunir des personnes qui rencontrent les mêmes problématiques sur des thèmes qu’ils auront librement choisis. “On se rend compte que les couples ne veulent pas se séparer ; ils attendent que l’autre change. Nous, les animateurs, nous mettons en œuvre des techniques de communication pour leur éviter de basculer dans la violence.”

  • À Paea, à la médiathèque le lundi soir de 17h à 19h30
  • A Papeete, au foyer de jeunes filles à Paofai le jeudi soir dès 17h à 19h30 

Agathe Tere : “Les jeunes ne se sentent pas écoutés à la maison”

Agathe Tere, coordinatrice en charge des actions d’accompagnement à la scolarité pour l’association “Agir pour l’insertion” travaille en partenariat avec la commune de Papeete. Elle était présente sur invitation de la coordinatrice des maisons de quartiers de Mama’o. “Notre association est plus tournée vers les enfants… les jeunes ne se sentent pas écoutés dans leur foyer. Alors ils se confient à nous et nous livrent leurs problèmes familiaux” confie-t-elle, “Ils préfèrent rester entre eux, errer dans le quartier, fumer, boire et même se droguer parfois. Nos actions consistent à trouver des lieux pour les rassembler, leur proposer des activités sportives, afin de les intégrer dans un club et de les suivre. On a mis en place des fiches individuelles de suivi par ado pour voir leur évolution. Nous ciblons en priorité les quartiers de Tipaerui , Papareva, à la mission Te Hotu Te aroha , Mama’o, Vaitavatava, blue lagoon …”