De l’ennui au regain d’énergie
Tout a commencé par des mères de famille qui s’ennuyaient un peu pendant les entrainements de taekwondo de leurs enfants. Le coach du club encourage Poenini Aurentz à leur proposer des séances de crossfit pour leur permettre de profiter de cette heure d’attente pour pratiquer une activité sportive dans une salle voisine.
Quelques années plus tard, l’initiative est toujours d’actualité : elles sont entre 20 et 30 à se retrouver trois fois par semaine pour une heure et demie d’entrainement en musique. Toutes les générations se côtoient, principalement des résidentes de Taiarapu-Ouest, mais aussi quelques courageuses issues des communes voisines. Malgré l’effort, entraide, convivialité et bonne humeur sont au rendez-vous.
Une famille de sportifs
Depuis septembre 2022, une association a été créée : Team Crossfiteuses Vairao. “C’était nécessaire pour avancer“, explique Vehia Tautu, présidente de la jeune association et seconde coach. “On organise des ventes de plats, on a fait une demande de subvention et on peut compter sur une quarantaine d’adhérentes. Notre objectif, c’est de financer progressivement du nouveau matériel“. Passionnée d’haltérophilie, la jeune femme de 34 ans est issue d’une famille de sportifs, à commencer par son père, Guy Tauraatua, féru de développé-couché et de va’a. Son frère et le mari de Poenini Aurentz, qui supervisent le club de MMA et muay-thaï local, partagent leur salle d’entrainement avec les crossfiteuses sur les créneaux horaires non-exploités. “Et mes deux filles participent pour se détendre et parce que ça fait toujours du bien de bouger“, ajoute Vehia Tautu, quant à cet état d’esprit sportif familial.
Féminité et proximité
En attendant de se professionnaliser, le binôme s’inspire des stars de la discipline pour proposer des exercices variés. Fidèle à ses origines, le groupe reste réservé aux femmes pour leur permettre de pratiquer sans complexe, un atout selon les sportives interrogées. Il en va de même pour la proximité, peu d’initiatives similaires étant proposées dans les communes aussi éloignées de la zone urbaine. “Ce qui me motive, c’est de voir arriver des femmes de tous les âges et de tous les niveaux qui veulent se remettre en forme, perdre du poids ou tout simplement se défouler et décompresser. Au lieu de pratiquer chacune dans son coin, on se motive ensemble“, souligne Vehia Tautu. Si trois membres de l’association envisagent de se lancer en compétition, pour la majorité d’entre elles, la priorité réside dans les bienfaits pour le corps et l’esprit d’une activité physique régulière.
Bora, 30 ans, et Keala, 10 ans, de Vairao
“On ne se juge pas“
“Ça fait bientôt deux ans que j’ai intégré le groupe. Ma fille m’a rejointe il y a quelques mois, parce qu’elle s’ennuie si elle reste à la maison. Elle fait les mêmes exercices que nous, mais on les adapte à son âge. Je faisais déjà du sport, mais je voulais me rapprocher de chez moi. On n’était pas autant au début, donc ça a bien évolué. Être entre femmes, c’est un plus. On s’amuse beaucoup : on ne se juge pas, au contraire, on est là pour transpirer ensemble, perdre un peu de poids, si possible, et se muscler. L’ambiance est bonne !”.
Poerava, 36 ans, de Teahupo’o
“À quelques kilomètres de chez moi“
“J’entame ma quatrième semaine. Ça faisait un petit moment que je regardais les sports en groupe aux alentours, et quand j’ai appris qu’il y avait la possibilité de faire du crossfit à quelques kilomètres de chez moi, je me suis lancée. On est entre femmes, donc c’est génial ! Le crossfit, c’est nouveau pour moi : avant, je faisais de la danse tahitienne, mais j’avais besoin de reprendre une activité sportive en groupe pour me rappeler cet état d’esprit à plusieurs”.
