"On était tous branchés Petiot ou Barefoot. C’était nos modèles quoi !" raconte Michel Poroi "Jusqu’au jour où je rencontre Daniel Benoit..." (Photo : Janice Chan)Temps de lecture : 4min.
En Polynésie française, comme dans le grand Pacifique, tout le monde le connaît, lui, son bandana et sa dégaine toujours cool… Guitariste de grand talent et compositeur renommé, La Dépêche a voulu rencontrer Michel Poroi pour savoir quelles “cassettes” il écoutait adolescent, les groupes qui l’ont inspiré, les guitaristes qui lui ont donné des démangeaisons dans les rimarima… Il accueille La Dépêche dans son humble demeure située dans une des vallées de Mataiea “Le Fenua de l’eau”, comme il le dit si bien. Un fare à l’architecture locale, construit par les mains de son fils Tokiri Poroi.
(Photo : FB/AMA)
Michel est né le 8 janvier 1956. Il vient d’une famille adventiste, avec une éducation très stricte. “A cette époque, il ne fallait pas jouer le vendredi soir” témoigne-t-il. “Il fallait attendre le coucher de soleil du samedi, pour faire ce que tu voulais ! Mais lorsque j’ai eu 16-17 ans, j’ai décidé autrement.”
Pour jouer aussi bien, est-il tombé dans la marmite tout petit ? “Ça a commencé en 1968, quand j’avais 12 ans, un peu tard hoara heui (rire). J’ai carrément eu le béguin pour cet instrument, la guitare et c’est resté jusqu’à présent.” Il faut savoir que Michel est autodidacte. “Il faut dire qu’à Tahiti, on apprend beaucoup à l’oreille. Au début, tu apprends à jouer avec des copains qui te montrent quelques accords. Et puis,il y a des échanges qui se font, tu vois.”
Ca gratouille à la Presqu’île…
C’est dans les années 1973-74, qu’il monte son premier groupe, avec des copains de Mataiea, nommé Teremo Ura. “On jouait à des mariages entre Mataiea, Papeari et Taravao pour bien se rôder, pour apprendre à jouer avec d’autres musiciens. Par la suite, on animait dans les trois boîtes de nuit de la Presqu’île de l’époque qui étaient Éric et Poulet, Atchoun et le Faratea.”
Et forcément, le musicien en herbe s’imprègne de toutes sortes d’influences, locales ou internationales. “Entre temps, j’ai rencontré des personnes vraiment importantes qui habitaient sur des yachts, des Américains qui m’ont montré un petit peu comment peuvent se jouer des styles comme le blues, le rock, le jazz,… Et c’est là (moment de silence) que j’ai été complètement épris par ce style. (…) Mais avant ça, on était tous branchés Petiot ou Barefoot. C’était nos modèles quoi ! Jusqu’au jour où je rencontre Daniel Benoit, qui n’est plus de ce monde aujourd’hui. Et lui, il m’a montré toute la technicité de la musique “spanish”. Ou encore la dextérité sur le manche quand il faut jouer. (…) Daniel est arrivé avec un autre style de musique sur le Fenua.”
“Premier groupe à jouer pour les détenus à Nuutania”
Michel Poroi explique que le style très local, avec le ta’iri Paumotu/Kaina, demande une grande dextérité. “A Tahiti, avec le style de Petiot, on a une frappe très pe’epe’e aussi. Mais le style de Daniel était tellement complexe à comprendre, qu’il fallait à tout prix que j’apprenne. En plus, il avait une guitare à double manche et 6 cordes. Il était très speed (rapide) sur le manche. C’était la grande découverte pour moi : wah wah (pédale d’effet à la guitare) et disto (distortion). Je voulais tellement comprendre la technicité de ce style, que j’ai bifurqué dans le jazz, rock, blues, etc… Je ne dis pas que je préfère ce style mais ça a tellement piqué ma curiosité que je me suis entièrement donné !”
En 1978, Michel Poroi crée son premier groupe moderne qui s’appelait Tokiri.
“Et c’est en 1979, que l’on a commencé les premiers concerts sur la ville, du côté de la Poste” se souvient le guitariste. “Ensuite, on a joué sur un terrain de football. On a été aussi le premier groupe à jouer pour les détenus à Nuutania. Mais ça devenait un peu compliqué à gérer avec le manager. J’ai rencontré d’autres musiciens et c’est à partir de là que j’ai commencé à sortir des albums.”
“Lorsque ce titre est sorti, personne ne comprenait cette musique !”
Le premier album de Michel Poroi s’appelait “Tahiti Cool”, sorti en 1983, avec l’incontournable Yves Roche.
“On avait enregistré trois albums avec des reprises mais aussi des compositions sur les musiques tahitiennes d’antan dans le studio Manuiti. Il y avait moi, Patrick, Eugène et Guy. Et j’ai joué dessus avec la première guitare nylon de Jean-Marie Chansin” raconte Michel qui se souvient qu’à la même période, il commençait aussi à jouer à l’hôtel InterContinental Tahiti. “J’étais à l’essai pour un mois et il m’ont gardé pendant sept ans !”
Michel a accepté de jouer quelques notes du superbe morceau Tiarama, pour les lecteurs de La Dépêche (voir vidéo). “L’inspiration m’est venue comme ça. En fait, Hotu, ce sont les accords de plusieurs personnes que j’ai rencontré. Et avec tout ça, j’ai essayé de faire du ‘Poe’ (dessert polynésien sucré) d’où Hotu. Lorsque ce titre est sorti, personne ne comprenait cette musique. On me demandait ce que je faisais avec ce genre de mélodie ou même pourquoi j’avais fait ça.” Le morceau Hotu est sorti en 1985. “C’est bien des années après, vers 1988 je crois, que Hotu a eu du succès…”
Interview : Janice Chan
“J’écoute aussi de la musique country”
La Dépêche a “cuisiné” Michel Poroi sur ses goûts musicaux, ses influences, les artistes qui l’ont marqué. Sans surprise le Tahitien aime la chanson locale mais c’est un gourmet qui sait apprécier toute la richesse du champ musical. “J’écoute de tout, du style Jimmy Oedin. C’est un chanteur-guitariste avec qui j’ai pu jouer à Nouméa. J’écoute aussi de la musique country. Et des fois , je trouve l’inspiration, comme pour la composition de Tiarama, dans les morceaux du groupe Genesis, un groupe de rock et de fusion (dont sont issus Peter Gabriel et Phil Collins, Ndlr). Il ont composé une musique de guitare acoustique et c’est comme ça que j’ai imaginé Tiarama.”
Michel Poroi est-il plutôt guitare acoustique ou guitare électrique ? “Guitare acoustique parce que c’est plus facile à transporter. Alors que pour l’électrique, c’est tout un truc ! Et puis, le son est différent. J’ai 7 guitares et j’en ai vendu 2 ou 3. Acoustique, électrique, kamaka et ukulele bien sûr.”
Michel Poroi : depuis 40 ans sur les ondes
1983 Tahiti Cool (22 titres) de Michel Poroi & Patrick Roche Potii Here Ino Mau (11 titres) de Riro Maori , Accompagné par Michel Poroi. 1985 Acoustic Sunrise avec les célèbres morceaux Tiarama Tama et Hotu 1989 Tamarii Te Faaiti. 2009 Hiti Marama de Michel Poroi et Patrick Noble, accompagné d’Angelo Hiti O Te Aa 2010 Manao Fuego, Acoustic Experience (Michel POROI) 2012 Hani Hani de Manahune accompagné de Michel POROI
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